Baldé sur Benno et l’opposition: « c’est comme si on avait l’ancienne équipe du Sénégal et la nouvelle »

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Le président de l’Union centriste du Sénégal (UCS) M. Abdoulaye Baldé, est l’invité du Lundi de la Rédaction de IGFM. Il revient dans cet entretien sur l’adhésion de son parti à l’Internationale démocratique centriste (IDC), la réduction du mandat du président de la république, la présidentielle de 2017, le Programme d’urgence de développement communautaire (PUDC) et la crise Casamançaise.

« Il est évident que nous ne serons pas en spectateur en 2017 »

Votre parti politique vient d’intégrer l’Internationale démocratique centriste (IDC), est-ce que vous pouvez revenir sur le processus qui a conduit à son adhésion dans l’IDC ?

C’est un long processus qui a débuté il y a deux ans de cela. Nous avons d’abord frappé à la porte de la section africaine de l’Internationale démocratique et centriste, dirigée par le Cap-Vert. Malheureusement, les choses ont tardé à se concrétiser à ce niveau.

Plus tard, quand j’ai eu l’autorisation de sortir du territoire dans le cadre de mes soins, j’ai été reçu par le parti populaire Européen, qui gère actuellement l’Union Européenne. Car le président de la commission de l’Ue et la président du Parlement sont tous issus de cette organisation politique. Par conséquent, ils m’ont mis en rapport avec le coordonnateur de l’Internationale démocratique et centriste, qui est un espagnol du Parti populaire espagnol, qui s’appelle Alberto Yusteli.

La demande de l’Ucs a été introduite à ce niveau, il y a de cela un an. Et puis, le processus a suivi. Le 1er mars 2015, le Comité exécutif de l’IDC s’est réuni à Bruxelles et a entériné la demande. Il reste juste l’approbation de la Conférence des leaders, qui a été faite à l’occasion de cette grande rencontre des leaders, qui a eu lieu les 9 et 10 Juillet 2015 à Mexico. C’est à cette occasion que notre parti a intégré l’IDC comme de plein droit.

Quel est l’impact que cette adhésion pourrait avoir dans la vie de votre parti ?

Un grand impact. Cela nous permet d’être dans un grand réseau international de partis politiques. Qu’ils soient de l’Europe, de l’Asie, de l’Amérique latine, mais aussi de l’Afrique, vous savez, les grands partis européens, comme le parti de Angela Merkel, la chancelière de l’Allemagne est membre de l’IDC, l’Ump de Sarkozy est aussi membre et le Parti populaire espagnol, de M. Rajoy, qui était un des vice-présidents de l’IDC et puis beaucoup d’autres partis, le RDR de Alassane Ouattara, un parti du Maroc, proche du roi Mohamed VI est aussi membre de l’IDC et beaucoup d’autres partis politiques, qui sont en train de frapper à la porte de cette internationale, qui a été créée en 1961 et rassemble aujourd’hui à peu près une centaine de partis politiques, disséminés partout à travers le monde.

Faire partie de ce réseau est important, en termes d’influence mondiale et en termes de lobbying. Car, nous permet aussi d’avoir notre front jeune, parce qu’il y a une internationale qui va rassembler les jeunes, mais aussi les femmes de ces différents partis politiques. Je pense que se retrouver dans une organisation politique comme celle-là, c’est également un honneur pour notre pays.

Maintenant le prochain combat, c’est d’intégrer le comité exécutif de l’IDC, même si nous venons d’arriver.

Il est important qu’au niveau de l’Afrique de l’Ouest, qu’on puisse faire rayonner les idéaux de cette internationale avec le RDR de Alassane Ouattara, avec nos amis du Cap-Vert. Mais il y a aussi les Mauritaniens (2 partis mauritaniens), qui sont membres de l’IDC. Nous allons redynamiser l’organisation régionale. Le pendant régional de l’IDC. Peut-être dans les années à venir, nous allons organiser une réunion de ce genre ici au Sénégal.

Nous avions eu l’honneur de recevoir le coordonnateur de l’IDC, qui était venu ici, il y a de cela quatre mois, pour nous rendre visite, alors que nous n’étions pas encore membre. Cela veut dire qu’on accorde une importance capitale à notre adhésion à cette organisation.

Vous étiez l’invité spécial de cette rencontre, mais vous n’avez pas pu faire le déplacement, parce que vous êtes frappé d’une interdiction de sortie du territoire par la Crei ?

Tout à fait, depuis 2012, nous sommes frappés par une interdiction de sortie du territoire par la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI). Même si on m’interdit d’en parler officiellement, parce que mon dossier est pendant devant la justice. J’ai été autorisé deux fois à me rendre en Europe pour des raisons médicales. Cette fois-ci, j’ai introduit une demande auprès de la commission d’instruction de la Crei. Elle n’a pas jugé nécessaire de donner suite à ma requête. Je pense que c’est déplorable. Mais je suis un philosophe. Je fais confiance à la justice de mon pays. Je fais confiance aux avocats, qui se chargent de mon dossier. Nous nous battrons pour que ce dossier, comme tous les dossiers d’ailleurs, d’interdiction de sortie du territoire, qui ont été décriés par les organisations internationales de droit de l’Homme, puissent être levés.

Vous aviez annoncé votre candidature à l’élection présidentielle de 2017, est-ce que vous la confirmez aujourd’hui ?

Après, j’ai rectifié un peu, en disant que 2017 appartient à Dieu. De toute façon, nous nous évertuons à élargir les bases de notre parti au Sénégal, mais aussi dans la Diaspora.

D’ailleurs, je voulais saluer le dynamisme de notre parti en Europe. Que ce soit en Espagne ou en France où séjourne actuellement la Directrice des structures du parti, qui a été accueillie partout chaleureusement et avec beaucoup d’enthousiasme.

Le parti est en train de se bâtir, je suis sûr que si cette dynamique se poursuit jusqu’en 2016, nous allons évaluer. Il est évident que nous ne serons pas en spectateur en 2017.

En tout cas, nous allons y aller. Ce ne sera pas sous la bannière de notre parti. Ce sera en coalition.

Nous sommes en train de discuter avec des partis politiques pour voir la meilleure formule possible pour que nous puissions aller à ces élections et que la victoire revienne à l’opposition actuelle. Nous ferons tout pour que le candidat de notre parti puisse triompher à l’occasion de ces élections.

Vous êtes en train de discuter, mais aujourd’hui la scène politique sénégalaise se bipolarise avec l’arrivée d’une nouvelle génération de jeunes leaders politiques, (vous Abdoulaye Baldé, le maire socialiste de Dakar, Khalifa Sall, le président du Conseil départemental de Thiès, Idrissa Seck, l’ancien maire de Saint Louis, Cheikha Bamba Dièye, le président du Grand parti, Malick Gackou, Mamadou Diop Decroix dans une moindre mesure) est-ce qu’on peut s’attendre à une grande alliance entre vos formations politiques respectives, pour faire face au camp d’en face, « Benno Bokk Yakkaar », avec à sa tête le Président, Macky Sall ?

Nous sommes tous pour les grandes alliances. Je racontais une anecdote à un ami, parce que le cercle est en train de s’agrandir. Je disais que Macky Sall a eu la prouesse d’avoir autour de lui, tous les vétérans, si on parle en langage sportif.

Tous ceux qui sont autour de lui, c’est l’ancienne génération d’hommes politiques. Et en face, il y a la nouvelle génération (Khalifa Sall, Malick Gackou, Cheikh Bamba Dièye, moi-même, Idrissa Seck et tous les autres) ce sont des gens de sa génération.

D’un côté, c’est comme si on avait l’ancienne équipe du Sénégal et de l’autre, la nouvelle. (Rires…). Je considère que ce qui est en train de se passer est très intéressant.

Au plan politique, il y aura une recomposition. Nous sommes tous de la même génération. Il est évident que nous discutions, que nous nous parlions et nous verrons la meilleure formule possible. Cela peut être l’élection présidentielle de 2017, auquel cas, nous verrons la meilleure formule et éviter une floraison de candidatures, qui serait préjudiciable à nous tous.

Les regroupements vont certainement se faire. Il y aura les élections législatives où c’est beaucoup plus libre. Nous pouvons avoir une grosse coalition en face de Benno Bokk Yakkar.

Le Conseil constitutionnel sera saisi au mois de janvier 2016 par le président Macky Sall, pour qu’il dise quelle est la voie à suivre pour la réduction du mandat présidentiel de 7 à 5 ans, qu’est-ce que ce débat vous inspire ?

C’est un faux débat. Les dispositions de la Constitution disent que la réduction du mandat, c’est par la voie référendaire que cela doit se faire. Je ne pense que ça soit maintenant un débat juridique. C’est le respect de la parole donnée. C’est une question de morale et d’honneur. Le Président Sall avait promis de le faire, il ne doit pas se réfugier derrière des situations juridiques, je pense qu’il faut respecter sa parole. La Constitution dit clairement que c’est par voie référendaire, je pense qu’il faut aller vers le référendum.

« Il ne faut pas se réfugier derrière le Conseil constitutionnel qui va peut-être se dire que c’est anti-constitutionnel de réduire le mandat du président. Ce n’est pas un débat juridique. C’est un débat politique, un débat moral. Et puis le respect de la parole donnée ».

Certains pensent que le référendum coûterait très cher aux contribuables sénégalais. Est-ce que vous partagez cet avis ?

Le respect de la parole donné n’a pas de prix. Je pense que si on veut aller dans le sens de la démocratie, il faut y mettre le prix. Je pense que l’argent qui servira à cela est déjà disponible. De toutes les façons, le Sénégal a toujours financé ses élections. Je ne crois pas que le référendum soit quelque chose de très lourd. Parce qu’il y aura l’impression de beaucoup de bulletins, c’est juste un Oui ou un Non. Après, chaque parti fera sa campagne. Je ne vois pas la charge importante qui va peser sur les Finances publiques. C’est un faux débat. Ce qu’il y a, c’est qu’on a promis quelque chose, il faut la respecter. Cela va de l’honorabilité des gens.

Vous aviez déclaré à la veille de l’Assemblée générale de l’Association des maires du Sénégal, que si rien n’est fait, on assistera à une cessation de paiement dans la plupart des communes. Et aujourd’hui, l’avenir semble vous donner raison. Car, partout, les maires éprouvent des difficultés pour faire face à leurs dépenses ?

J’avais tiré la sonnette d’alarme depuis très longtemps. Mais, on ne m’a pas écouté. Je constate que ce que j’avais prophétisé est en train de se réaliser. On a transférer des charges supplémentaires aux collectivités locales, sans leur donner des ressources. Pour faire face à des charges. Que ce soient des charges salariales ou de prise en charge de structures, qui étaient jusque-là dévolues aux villes. Ce phénomène se constate surtout au niveau de la région de Dakar.

Au niveau de la ville de Dakar, et toutes les communes qui polarisent la ville de Dakar, des villes comme Guédiéwaye, Rufisque et un peu à Thiès et puis toutes les communes, qui sont des communes nouvelles, à qui on a transféré de nouvelles fonctions d’état civil et qui n’ont pas le personnel et les ressources nécessaires. Je pense que ce sont ces types de collectivités locales qui sont concernées. Parce que cet Acte III de la décentralisation devait se faire sur trois phases. La première phase, c’est celle de la communalisation intégrale, après il y a la départementalisation (le fait de faire de toutes les collectivités locales des départements du Sénégal) et la deuxième phase, celle qui concerne les transferts financiers. C’est cette phase qui était la plus importante. C’est à dire les transferts financiers de l’Etat vers les collectivités locales. Pour cette phase, on traine les pieds, personne n’en parle plus. Et la troisième phase, la cohérence territoriale, car il fallait corriger les imperfections. Tout cela, n’a pas été fait.

Le Président de l’AMS, Aliou Sall plaide pour que les maires aient des passeports diplomatiques comme les députés. Pensez-vous que cela est utile ?

Je pense que cela est très utile. Je suis à la fois député et maire. Je peux bien parler de cette question.

« Certains maires sont mieux élus que les députés »

Ah oui ? Pourquoi ?

Vous prenez par exemple la ville de Dakar, il y a le maire de Dakar, il y a combien de députés là-dans ? En général, les maires sont beaucoup plus proches des populations. Ce sont eux que les populations connaissent, ce sont eux qui partent chercher des ressources pour leurs collectivités locales. Ce n’est pas le cas pour les députés. Qui sont des députés nationaux, qui ne sont pas connus des fois dans leur patelin. Je pense que les maires sont importants, autant les députés doivent un passeport diplomatique, autant les maires doivent en avoir aussi.

C’est une requête que j’avais déjà introduite auprès de l’ancien régime de Me Abdoulaye Wade, qui avait de façon officieuse offert des passeports diplomatiques aux maires. Je pense que ce n’est pas gênant, parce qu’on les donne à des gens qui sont moins méritants que les maires. On en donne à des amis, on en donne à toute sorte de personnes. Si c’est encadré par les textes, je pense que ce n’est pas gênant de donner des passeports diplomatiques aux maires.

La crise casamançaise a refait surface cette semaine avec la prise d’otage de forestiers par des rebelles du Mfdc ( Ndlr : ils ont été libérés hier, dimanche), pensez-vous que la façon de gérer cette crise par le Président Macky Sall a fini par étouffer les rebelles, qui sont obligés de prendre des otages pour survivre ?

Pour la crise casamançaise, on ne fait rien. On est dans l’inertie. On laisse la situation pourrir. Les gens sont en brousse. Quelques fois, ils ont des problèmes de subsistance aussi. Nous allons vers la saison des pluies. Je pense qu’il faut que des mesures soient prises pour qu’un dialogue inclusif puisse se faire avec le Mfdc, sinon nous jouerons toujours au pourrissement.

La situation qui vient aussi de se passer, c’est qu’il y a le fait que le MFDC a souvent défendu dans la zone, qui a été citée (Ndlr : forêt de Sansamba), la coupe du bois. Ils pensent qu’il y a beaucoup de personnes qui viennent pour faire de la déforestation. Ce qui est préjudiciable à l’environnement dans lequel ils vivent.

Il y a aussi la saison de la noix de cajou. Cela aussi est une chasse gardée des uns et des autres. Tout cela fait que les périodes pré-hivernales sont des périodes assez confuses dans ce dossier. Ce n’est pas étonnant que des actions de ce genre puissent se produire à cette période là.

Le Programme d’urgence de développement communautaire (PUDC) a été confié au PNUD par le chef de l’Etat la semaine dernière. Qu’est ce que vous pensez de cette décision ?

Le fait de sauter l’administration, je pense que moi je suis un produit de l’administration, à chaque fois qu’on n’a pas associé les fonctionnes à la gestion des affaires de l’Etat, j’ai un peu mal au cœur. Nous avons une bonne administration, maintenant il faut mettre les gens dans de bonnes conditions de travail.

Je pense que le fait que le président en tant chef de l’administration vienne à la télé dire que pour des raisons de célérité, je dessaisis l’administration…

Ca dépend de l’accord cadre signé entre l’Etat du Sénégal et le PNUD. Je pense que l’accord cadre remonte en 1987 qui définit les conditions dans lesquelles le gouvernement et le PNUD coopèrent dans certains programmes. Ce n’est pas la première fois, qu’un programme de l’Etat est confié au PNUD. J’ai parlé tantôt des plateformes multi-fonctionnelles qui ont été confiées et externalisées au niveau du PNUD.

Mais un programme aussi important, je pense que c’est la première fois, et surtout qu’on l’annonce avec autant de fracas par la plus haute autorité, je pense que c’est la première fois. Le procédé peut-être suspect aux yeux de l’opposition et des populations qu’un organisme étranger vient dérouler un programme aussi important de plus de 400 milliards, qui va être rémunérés alors que si c’était l’administration qui avait ce travail, cela allait être tout à fait gratuit. Parce qu’exécutés par des organes qui sont payés par le gouvernement du Sénégal.

Avec le PNUD, c’est évident que ça ne va pas être un service gratuit. On veut contourner les règles, mais la décence aurait voulu qu’on ne parle pas de contournement des règles.

Quand on est le premier dirigeant du Sénégal, on doit tout faire que les règles de transparence soient respectées. Sinon pourquoi créer l’Ofnac, pourquoi on fatigue les gens dans la traque des biens mal acquis qu’on considère comme la reddition des comptes. Alors que tel n’est pas le cas. Parce que la reddition de compte c’est sur la base de rapports d’audit. Ici, sur la base de soupçons qu’on jette les citoyens en pâture.

Ce n’est pas valorisant pour l’administration, qui est une administration professionnelle, qui est une administration qui a donné toutes les satisfactions au peuple sénégalais.

Harouna FALL
GFM

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