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Dr Ibra Ndoye: «Il faut au minimum 7 à 8 milliards de FCfa par an pour mettre fin au sida, au Sénégal, d’ici à 2030»

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Dr Ibra Ndoye quitte la tête du Secrétariat exécutif du Comité national de lutte contre le Sida (Cnls) avec un sentiment d’un devoir accompli. Le prédécesseur de Safiètou Thiam (actuelle patronne du Cnls) signale, dans cet entretien, qu’il a été «proactif et visionnaire dans le combat contre le Sida». Convaincu d’une fin probable de la pandémie, Dr Ndoye estime qu’il faut au minimum 7 à 8 milliards de FCfa par an pour arriver à neutraliser le Sida au Sénégal à l’horizon 2030.

 

Vous venez de quitter le Secrétariat exécutif du Comité national de lutte contre le Sida (Cnls) que vous avez dirigé pendant plus de 28 ans. Votre bilan ?

D’abord, je pense que, les trente ans durant lesquels j’ai été à la tête du programme de lutte contre le Sida, on peut presque dire que les 80% des financements ont été donnés au Sénégal sous forme de subvention. A part un seul programme de la Banque mondiale qui a été un prêt sans intérêt. Je pense qu’il faut se féliciter de cet accompagnement. Ensuite, sur le terrain, nous avons eu des résultats qui ont fait que, après les dix premières années de lutte contre le Sida, nous avons pu bénéficier du Premier prix d’excellence de la lutte contre le Sida en Afrique. C’était le Sénégal et l’Ouganda en 1997. Ce prix décerné au Sénégal a été remis au Président Abdou Diouf. Autre élément important, nous avons aussi fait beaucoup de recherches. Avec le collègue, professeur Souleymane Mboup, le Sénégal a beaucoup contribué à la découverte du virus du Sida. Et avec l’actuel ministre de la Santé, professeur Eva Marie Coll Seck, nous avons beaucoup travaillé sur l’histoire naturelle du virus du Sida lorsqu’elle était aux Maladies infectieuses avec le professeur Salif Sow. Moi-même, je me suis occupé de la co-infection, des maladies sexuelles et du Vih. Nous nous sommes occupés de la première étude en Afrique sur la faisabilité et l’efficacité des traitements anti-rétroviraux. C’est au Sénégal qu’on a prouvé, en 1998, l’efficacité des traitements anti-rétroviraux en Afrique. On a lancé le premier programme gouvernemental de traitement anti-rétroviral en Afrique ainsi que sa gratuité. Tout ça, ce sont des acquis et les personnes vivant avec le Vih en ont témoigné. Trente ans après le début de la lutte contre le Vih-Sida, on se rend compte aujourd’hui que le meilleur outil que nous avons pour aller vers la fin de l’épidémie, c’est le traitement anti-rétroviral. Ce traitement permet d’éliminer les 96% de la transmission dans les couples hétérosexuels. Le Sénégal, avec sa prévalence basse, si on donne à ceux qui lutte contre le Sida les moyens, le Sénégal peut faire partie des premiers pays qui relèveront le défi d’élimination du Vih en Afrique. C’est ça mon rêve.

Vous semblez tirer un bilan positif sans aucun manquement ?

Nous avons fait un bilan très positif. Et, ce n’est pas moi qui ai tiré le bilan. Ce sont les acteurs et l’international.

Aviez-vous pensé que votre relève à la tête du Cnls par les nouvelles autorités a été une surprise pour vous ?

Oui, j’ai pensé à la relève. Trente ans après, ça a été un combat dur. Maintenant, il faut donner la relève à des plus jeunes. Ce qui a été fait.  Safiètou Thiam (ancien ministre de la Santé qui lui succède,Ndlr) était mon élève. Elle a fait douze (12) ans avec moi. Du côté de l’actuel ministère de la Santé, il y a le Docteur Salif Wade qui a été mon élève et qui gère un programme important, notamment le programme de la santé qui est un programme moteur. Si ces deux-là (Safiètou Thiam et Dr Wade) travaillent ensemble et que nous les accompagnons, Ewa Marie Coll Seck, professeur Souleymane Mboup, moi et tant d’autres, par des conseils, là on peut arriver à des résultats plus satisfaisants. Nous avons déjà commencé ces conseils.

 

Donc, vous continuez à cheminer toujours avec le Cnls ?

Ils m’ont demandé d’être une personne-ressource pour les appuyer dans les stratégies. Et le gouvernement également me l’avait demandé. J’ai dit au Premier ministre et au président de la République que je suis un républicain qui reste à la disposition de mon pays. Cela, pour continuer à accompagner la nouvelle équipe dans le renforcement des acquis dans la lutte contre le Sida. Ce qui est important aussi est que j’ai pu recevoir beaucoup de reconnaissances de la part de tous les acteurs. Ils ont fait des témoignages qui me sont allés droit au cœur. Surtout les personnes vivant avec le Vih, elles m’ont inondé de cadeaux. Les partenaires du Sénégal, notamment les Etats-Unis, m’ont donné deux diplômes de reconnaissance par rapport à notre collaboration. J’ai reçu une médaille de l’Ordre du mérite de la France par rapport au travail que nous avons fait sur le traitement anti-rétroviral. Le gouvernement du Sénégal aussi n’a pas été en reste. J’ai aussi été distingué par le gouvernement du Sénégal. J’ai franchi l’Ordre du mérite jusqu’au niveau de Commandeur de l’Ordre du mérite. Egalement, j’ai été Chevalier de l’Ordre national du Lion. De façon très humble, je peux dire que, si j’ai réussi, c’est parce que j’ai été un chef d’équipe qui a su écouter. Un chef qui a été avec des Ong, des éléments du gouvernement, des religieux. C’était un monde d’acteurs multisectoriels qui venaient de différents horizons, mais on a pu créer une synergie d’actions, qui a pu faire en sorte que le Sénégal ait les résultats actuels sur la lutte contre le Sida.

Est-ce qu’avec les résultats satisfaisants enregistrés, le Sénégal a le droit de s’auto-satisfaire quand on sait que le combat contre le Sida doit être continu ?

Je pense qu’il ne faut jamais s’auto-satisfaire. Ça faisait partie de nos motivations. On y allait aussi avec de la passion. On a été proactif et visionnaire.

Quels doivent être aujourd’hui les chantiers de votre successeur ?

Mon successeur Safiètou Thiam connaît bien les chantiers sur lesquels elle doit faire l’accélération.

Lesquels ?

Elle l’a bien dit. Elle a fait savoir qu’elle va tout faire pour capitaliser et renforcer les acquis de la prévention et également essayer de booster l’accès au traitement. Je pense qu’elle peut avoir la volonté. Mais, il faut que le gouvernement l’accompagne. Actuellement, nous avons eu des succès. Mais, qu’est-ce qui se passe sur la répartition des financements internationaux ? Aujourd’hui, tous les grands financiers essaient d’amener les 80% des financements dans les pays les plus affectés. Et les pays qui ont eu des résultats où il y a des prévalences faibles sont des pays qui, peut-être, vont souffrir de financements demain. Donc, il est important que nos gouvernements prennent conscience de cela. Si on veut aussi voir ceux qui ont pris la relève sur le chemin du succès, il est important qu’on les accompagne sur le plan financier.

Pensez-vous qu’un jour, le Sida pourra complètement être éliminé ?

J’y crois. Je sais qu’aujourd’hui, il y a de grands progrès qui sont faits au niveau du traitement curatif. Mais, déjà, avec ce que nous avons aussi comme évidence dans les traitements actuels, on peut, aujourd’hui, si on y met les moyens, aller vers la fin de l’épidémie du Sida.

Quand exactement ?

On peut passer d’une épidémie de haut niveau à une épidémie d’ici 2030 dans les différents pays africains.

Quelles sont les mesures fortes que le gouvernement doit prendre pour y arriver ?

Les mesures fortes, c’est simplement mobiliser des budgets conséquents au niveau du budget national. Il faut au minimum des montants qui tournent autour de 7 à 8 milliards de FCfa par an, si l’on veut arriver à une fin de l’épidémie au Sénégal.

MATHIEU BACALY

3 Commentaires

  1. En tout cas on ne meurt plus du SIDA en France, et ce, quelques années après les contacts de certaines grandes pontes de la médecine et des laboratoires pharmaceutiques avec notre guérisseur Diaby représenté par Jack Diop que nous avons suivi sur différents plateaux de télévision. Est-ce une coïncidence ?
    Tant mieux si au Sénégal on projette d’arriver, dans au niveau de ce qui se fait dans les pays riches dans quinze ans.
    Aidons d’abord Jack Diop et Diaby à produire leur médicament avant la fin de l’année 2014, c’est plus sûr!

  2. pourquoi le journaliste ne lui a pas directement et clairement posé la question sur le medicament de DIABY? et pourquoi le professeur na fait aucune allusion sur ce prétendu médicament?aussi bien lui que mme eva marie cool devant pape alé ont semblé ignoré que ce médicament existerait
    est il possible,qu’une conspiration pusse exister sur le sujet,englobant le gouvernement précedant et celui çi, tous les dr qui doivent connaitre le sujet,les laboratoires qui auraient traité du sujet,les sud africains qui souffrent les plus de cette maladie,les europeens qui seraient au courant de ce medicament,ET QUE PERSONNE NE DISENT RIEN,n’est pas un peu gros tout ça?

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