Felwine Sarr : « Pourquoi j’ai quitté l’Ugb pour rejoindre Duke»

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XALIMANEWS- Dans un entretien avec nos confrères du journal Le Soleil, Felwine Sarr explique pourquoi il a quitté l’Université Gaston Berger:  » j’ai tout simplement décidé, après treize ans de bons et loyaux services, sur lesquels je reviendrai, de reprendre ce que j’appelle mon chemin d’apprentissage. Cela fait des années que je souhaite élargir mon champ disciplinaire. J’ai une formation initiale d’économiste, mais avec une inclination pluridisciplinaire et suis intéressé par les humanités dans lesquelles je fais des travaux ; et je voulais faire une sorte de migration disciplinaire et continuer à construire une expérience à la croisée des sciences humaines et des sciences sociales. Et très peu de départements dans nos universités offrent cette pluridisciplinarité dans la réalité. Il n’y a pratiquement pas de départements d’humanités dans le sens où on peut, dans le même enseignement, croiser plusieurs disciplines. On est encore dans une ère où on cloisonne les disciplines et on a hérité de ce système de cloisonnement-là. J’ai fait treize ans à l’Ugb et ce n’est pas une démarche que j’apprécie, très franchement, de faire un bilan statistique et comptable de tout ce que j’ai fait, mais je crois que c’est nécessaire pour éclairer notre discussion. J’étais recruté en tant qu’enseignant chercheur en 2007 au département d’économie. Dès que je suis arrivé, je me suis impliqué dans la vie du département et de l’Ufr (Unité de formation et de recherche, Ndlr). Je me suis occupé du Master de développement local et de coopération. Ensuite, j’ai dirigé le Master d’analyse économique et quantitative, j’ai été directeur adjoint de l’Ufr. Enfin, j’ai été élu doyen de la fac d’économie, que j’ai dirigée pendant trois ans. J’ai été aussi cofondateur du Laboratoire de recherche en économie de Saint-Louis (Lares) et du Laboratoire d’analyse des sociétés et pouvoirs / Afrique-Diasporas (Laspad) qui est un laboratoire beaucoup plus transdisciplinaire. Je me suis vu confié la mise en place de l’Ufr Crac (Civilisation, Religions, Art et Communication) qui n’existait pas avant. Le recteur de l’époque, Mary Teuw Niane, avait initié une grande discussion dans l’université et une commission pour réfléchir à une Ufr qui allait mettre les savoirs endogènes, les littératures africaines, les arts, les religions au cœur de sa démarche pédagogique. Et à l’issue des discussions, il m’a demandé de la mettre sur pied, ce que j’ai fait. Je me rappelle ce jour, sortant de l’assemblée de l’université, avec un document autorisant l’ouverture de trois départements l’année en cours et de trois autres l’année suivante, j’ai dû travailler avec mon assistante de l’époque, Khady Ndiaye, à trouver les locaux, à suivre les chantiers, à mettre en place les commissions de recrutement pour l’administration, à recruter les profs, les étudiants, et à faire tout le travail pour que l’Ufr existe et sois une réalité. C’était une entreprise titanesque. Et je l’ai dirigée pendant trois ans. Sur le plan de la recherche, j’ai énormément encadré des étudiants en Master et en thèse : plus de 150 mémoires de Master, une vingtaine de thèses de doctorat encadrées et soutenues sous ma direction. La dernière, je l’ai faite soutenir quelques jours avant de quitter le Sénégal. Et d’ailleurs j’étais très heureux, puisque mon premier docteur, Cheikh Tidiane Ndiaye, était avec moi membre du jury, parce qu’il était devenu agrégé en économie en novembre dernier. Donc, durant ces treize ans, j’ai enseigné, j’ai fait de l’administration à plusieurs niveaux, j’ai contribué à la formation doctorale, j’ai accompagné des collègues aux concours d’agrégation, j’ai dirigé deux Ufr et j’ai formé la relève. Beaucoup de mes docteurs sont aujourd’hui professeurs à la fac, à Saint-Louis, à Dakar, à Bambey et à Ziguinchor. D’autres sont au ministère de l’Economie et du Plan, dans le privé, dans les Ong, etc. Comme on dit en Wolof, je pourrais considérer que « sama jan wacna » (mission accomplie, Ndlr). J’ai eu beaucoup de chance d’atterrir à l’Ugb au retour de mes études. A l’Ufr de sciences économiques j’ai trouvé des mentors qui m’ont accueilli avec bienveillance, notamment le professeur Adama Diaw et j’ai trouvé également une université dynamique et innovante sous le leadership de Mary Teuw Niane qui offrait un espace d’expérimentation et d’action », a-t-il dit.

2 Commentaires

  1. Voilà des sénégalais dignes et travailleurs qui méritent qu’on parle d’eux chaque jour dans les radios, les télés, les sites internet, les émissions, les chroniques et partout ailleurs pour donner de vrais modèles à suivre aux jeunes. Pour servir son pays, il faut avoir le culte du travail et de l’effort. Mais nous tympaniser chaque jour avec certains marabouts qui ne font que profiter de leurs talibés et de leurs noms de famille, des soi-disant activistes comme Guy M Sagna ou Karim Xrum machin ou Yen a marre qui ne sont que des parasites médiatiques opportunistes, ou des politiciens qui ne racontent que des contre-vérités chaque jour. Ce Pr. Sarr et des centaines d’autres serviteurs anonymes du peuple et de l’état doivent toujours être donnés en exemple. Ils méritent plus les passeports diplomatiques et autres privilèges que tous les maîtres chanteurs qui sucent l’état. Merci professeur Sarr et vous avez bien raison d’aller enseigner aux USA dans cette si prestigieuse université.

  2. Aller enseigner aux USA c’est travailler pour le Sénégal ? Ne trouvez vous pas contradictoire votre article ? Aucun pays au monde ne s’est réjoui de la fuite de ses cerveaux surtout que ce dernier venait de gagner en admiration ayant bénéficié de la confiance du pouvoir pour le projet mirobolant de rétrocession des oeuvres volées par le colon lors de l’occupation.

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