CHEFS DE VILLAGE, SOUS-PREFETS, PREFETS, GOUVERNEURS… Les voies pour la réélection de Wade

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Les promesses du président Wade à l’endroit des chefs de village sont une opération de séduction en direction de 2012. Mais, cette « générosité » présidentielle a commencé avec les sous-préfets, les préfets et les gouverneurs, mieux lotis par des indemnités. Me Wade a choisi le chemin de l’administration territoriale pour se faire réélire.

Le festival des chefs. C’est l’allure qu’a pris la rencontre entre le Président Wade et les 2000 délégués représentant les 17 835 villages, le 19 juillet dernier. Le lieu choisi, le site du Festival mondial des arts nègres de décembre 2010, est aussi son village. « Faites comme chez-vous », a, en substance, dit Me Wade. Mais, pour lui, c’est parce que « c’est une rencontre de chefs : vous êtes chefs de village ; je suis chef de l’Etat », a-t-il dopé ses interlocuteurs. Au-delà de ce statut traditionnel que Wade a rappelé, il semble faire allusion à des retrouvailles d’une même génération. Dans certaines localités, le chef de village est l’aîné de la famille dirigeante. Le mode de désignation est le même que celui du kalifat dans les familles maraboutiques. En cela, le chef de l’Etat avoue la fin de « (son) histoire d’amour avec la jeunesse » qui a commencé depuis 1988, comme il l’a si bien dit dans l’entretien qu’il a accordé au journal La Croix, le 21 juillet dernier. S’est-il enfin rendu compte qu’il faut compter sur les adultes ? Le choix de la cible, les chefs de village, autorise à le croire. Cependant, dans d’autres localités, les chefs de village sont de plus en plus des jeunes. En effet, la démocratie a également soufflé jusqu’aux fins fond des villages par la force de la conscience citoyenne. Cette situation s’explique par l’accès à l’information et au moyen de la télévision ou de la radio de plus en plus présents dans les foyers les plus éloignés des villes : le village planétaire pour paraphraser Marshall McLuhan. Un des invités, chef de village d’une localité du sud du pays l’a d’ailleurs affirmé sur Rfm, rappelant à Me Wade que le monde a évolué et que les jeunes ne peuvent pas agir ou réagir comme les septuagénaires, plus enclins à gober les promesses les plus utopistes.

POUVOIR LIMITE

Bien qu’étant des représentants de l’administration territoriale, les chefs de village sont encore les yeux et les oreilles des villageois, grâce à leur statut de chef coutumier auquel les administrés vouent respect et parfois obéissance. Ils ont une influence non négligeable sur les familles par leur prérogative de médiateur et de juge des litiges entre familles. Donc, un pouvoir plutôt politique et social. C’est à ce titre également que le candidat Abdoulaye Wade veut compter sur eux pour sa réélection. Pour autant, même après avoir investi Wade, peuvent-ils peser sur la balance électorale ? Sont-ils encore visibles alors que les élus locaux semblent plus proches des populations et rencontrent, à l’occasion d’élections, leurs militants ?

En tout état de cause, ce qui était annoncé pour une séance d’échanges sur le statut des chefs de village, malgré les prises de parole de certains d’entre eux, s’est transformé en un meeting d’investiture- sans surprise d’ailleurs- du candidat controversé, en quête d’une nouvelle légitimité qu’il estime « retrouvée le 23 juillet ». Le 14 juillet avait annoncé le recrutement massif de transporteurs, mareyeurs, éleveurs etc., dans le but de maintenir le « gouvernail ». Me Wade s’est appuyé sur les franges plus malléables et flexibles sur un coup de…promesses magiques. Les chefs de village ne peuvent être insensibles à toutes les promesses de salaires, de siège, de sécurité, à tous les honneurs de carte professionnelle, de décoration. Aucun corps de l’administration ne rejetterait une si alléchante offre. Mais la cible, les chefs coutumiers, n’est, pour Wade, qu’une autre béquille sur laquelle il peut s’appuyer pour arriver à terme : 2012. Seulement, les chefs de village, dernier échelon de l’administration territoriale, sont appelés à rejoindre les élus locaux, les gouverneurs, les préfets et les sous préfets. Il s’agit moins, pour les autorités, de « réparer l’injustice » dont ils sont victimes que de collecter des voix pour le « généreux donateur ».

WADE ET SA PHILOSOPHIE TERRITORIALE

Au-delà de ce paquet de cadeaux- pas encore livré- mais proposé aux chefs de village, c’est la vision que le Président Wade a de l’administration territoriale qui est ainsi : celle de l’investissement et de retour sur investissement…électoral. Au tout début des années 2000, il a soulevé le débat sur la provincialisation sans trop convaincre de sa pertinence et de son opportunité. Idée qu’il avait suspendue jusqu’en 2009, pour ensuite, au lendemain de la reprise en main par l’opposition des grandes villes du pays, la remettre au goût du jour. Nombre d’observateurs y avaient vu une volonté d’arracher, par un nouveau découpage territorial, certaines localités dirigées par la coalition Benno Siggil Senegaal. Une sorte de délégation spéciale en attendant cette réforme provinciale dont elle rêve encore l’application. La nomination de l’ancien maire de Dakar, Mamadou Diop, comme ministre d’Etat chargé de la Provincialisation- il aurait démissionné de ce poste- s’inscrivait en droite ligne de cette réforme qui, apparemment, ne verra pas le jour avant 2012.

Certes, la création de nouvelles régions, de nouveaux départements et de nouveaux arrondissements, depuis son arrivée au pouvoir, a enrichi la carte administrative et territoriale, mais elle n’a pas, pour autant, été à la mesure des attentes en termes de gouvernance. Les dernières régions, Matam, Sédhiou, Kaffrine et Kédougou, n’ont pas bénéficié de mesures d’accompagnement. Elles sont restées, économiquement, en l’Etat de département. Sans infrastructures de développement. Il s’est agi, pour Wade, plus d’en faire des bastions électoraux que de véritables chefs-lieux d’administration.

POLITIQUE DES SOUS

Depuis quelques années, le chef de l’Etat a entrepris une politique de l’argent plutôt spectaculaire en direction de l’administration territoriale. Il a grossi les enveloppes des sous-préfets, des préfets et des gouverneurs en relevant leurs indemnités respectives. Seulement, ces statuts « particuliers » interviennent souvent à la veille d’élections. Ce qui fait qu’on lui prête une opération de charme à l’endroit de ses représentants du pouvoir exécutif et maillons incontournables du processus électoral. C’est ainsi qu’en 2004, Me Wade a annoncé lors d’une conférence de presse, en plus des enveloppes mensuelles de près de 40 millions FCFA, une augmentation des salaires des autorités territoriales. De même, après avoir « gâté » les Présidents de conseil rural, il a récemment promis des passeports diplomatiques et des véhicules aux maires. A quelques encablures de la redoutable Présidentielle, il sort la même « générosité » pour les chefs de village avec, à la clé, une possibilité de « port d’arme autorisé », un quota annuel de « billets pour la Mecque ou Rome », de « cases en guise de siège », des indemnités de 50 000 à 70 000 FCFA ou encore l’octroi de véhicules. Un « paradis » brandi dans un contexte de perte de vitesse historique de sa mouvance, groggy par les manifestations des 23 et 27 juin derniers. Un appât électoral en bonne et due forme pour leur permettre de cueillir le maximum de voix. Et non, comme l’expliquait le Conseil des ministres du 14 avril 2011, pour « mener à bien leurs activités de soutien aux populations locales », encore moins « mieux remplir leur mission de réceptacles naturels ». C’est cela « l’importance primordiale » que Wade a accordé à la rencontre du 19 juillet avec les 2000 délégués des villages. En attendant l’effectivité du nouveau statut pour ces « auxiliaires ».

Organisation du village

Le décret n° 73 -703 du 25 Juillet 1973 modifié par le décret n°96-228 du 22 mars 1996 dispose que « le village est constitué par la réunion de plusieurs familles ou carrés en une seule agglomération ». Il peut être divisé en plusieurs quartiers. Le carré isolé est considéré comme un hameau ou un quartier et relève administrativement du village dont il se détache. Les campements semi-permanents ou les campements semi-nomades qui groupent plusieurs familles peuvent être considérés comme des villages.

Par ailleurs, souligne le même texte, « toute création de village nouveau doit être consacrée par un arrêté du gouverneur de Région sur proposition du préfet après avis du conseil rural et du comité départemental de développement. Cet arrêté ne devient exécutoire qu’après avoir reçu l’approbation du Ministre de l’Intérieur ».

Les autorités administratives sous le Sénégal colonial

- Le Commandant de cercle, dont un arrêté du 22 janvier 1862 fixait les attributions, est le représentant du Gouverneur au niveau du cercle.

– Le Chef de subdivision : C’est un administrateur colonial placé à la tête de la subdivision ; il rend compte de son administration au Commandant de cercle qu’il représente au niveau de sa circonscription.

- Le Chef de canton : Il est choisi au sein des familles de chefs indigènes ; son double rôle d’agent de l’Administration et de représentant de la population faisait de lui un personnage-clé dans l’appareil administratif colonial. Le Chef de canton était aidé dans sa tâche par un conseil consultatif dénommé Commission cantonale, créé en 1933 et composé de vingt chefs de village choisis par le Commandant de cercle

- Chefs de villages : Derniers maillons des services déconcentrés, ces courroies de transmission s’occupent aussi du règlement des conflits, des questions d’état civil et de taxes rurales.

Hamath KANE 

1 COMMENTAIRE

  1. SCANDAL SCANDAL SCANDAL SCANDAL SCANDAL

    La société VITALAIT de Chawki HAIDOUSS,qui avait subi un redressement fiscal de plus de 800 millions recidive .

    Cette fois ci c’est avec la douane . ce libanais qui a l’air sidoux est en fait un gros truand un vrais vagabond devinez ce qu’il a fait:

    Il s’est allié avec un Mbacké Mbacké pour dire qu’ils vont approvisionner les daaras de serigne saliou en lait de ce fait la douane ne facture que 2.0 sur le lait importé.
    Alors que la Douane est bernée La SATREC conditionne le lait et le vend sur le marché en réalisant de grosses bénéfices .
    imaginez en 3 mois 5000 tonnes de lait disent ils ont été consommé par les daaras de serigne SALIOU.
    ce qui est archi faux
    Il parait que la douane est au courant mais personne ne veut intervenir parceque le DEAL est protégé par un puissant ministre .

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