Mettre fin aux poursuites qui pèsent sur le journaliste Pape Malick Thiam de 7Tv et privilégier le dialogue, telle est l’invite faite aux autorités de l’Etat par Reporters sans frontières (Rsf), qui réagit ainsi au moment où le procès de ce journaliste pour «outrage à agent» s’ouvre aujourd’hui à Dakar.
Reporters sans frontières (Rsf) a sa petite idée sur l’affaire Pape Malick Thiam, journaliste à la 7Tv. Le sieur Thiam doit comparaître aujourd’hui devant le Tribunal des flagrants délits de Dakar. Mais pour le Bureau Afrique de l’Organisation internationale de défense de la presse, les autorités de ce pays qui occupe la 47ème place au Classement mondial de la liberté de la presse de Rsf, doivent abandonner les poursuites engagées contre le reporter de 7Tv. Rsf invite «les responsables des Forces de sécurité à privilégier le dialogue avec les journalistes, dans un contexte de forte recrudescence des attaques à leur encontre».
Parti couvrir une confrontation de témoins dans une affaire présumée de viol entre une jeune masseuse, Adji Sarr, et un opposant politique, Ousmane Sonko, Pape Malick Thiam «a été arrêté au Tribunal de Dakar suite à une altercation avec un gendarme. Accusé du délit «d’outrage à agent», il est resté en garde à vue 24h avant d’être remis en liberté provisoire», informe Rsf dans un communiqué hier. Avant de poursuivre que réagissant à cette interpellation de son collaborateur, «Maïmouna Ndour Faye, la directrice de 7Tv, a déclaré aux médias que son confrère avait été battu et maltraité pendant sa garde à vue par des membres de la gendarmerie qui l’avaient arrêté, précisant qu’il avait perdu ses lunettes dans la foulée. Joint par Rsf, son avocat a déclaré que son client lui a confié avoir signé le procès-verbal sous le coup de la pression et sans même le lire».
Une vague d’attaques contre plusieurs médias avait été notée en février 2021, lorsque «la presse avait révélé une plainte déposée contre l’opposant Ousmane Sonko pour le viol présumé d’une employée d’un salon de massage». Il s’en était suivi aussi d’importants troubles sociopolitiques au Sénégal.
Sadibou Marong, directeur du bureau de Rsf pour l’Afrique de l’Ouest, ne se prive pas de réagir à cette situation. Aussi déclare-t-il : «Aussi sensible soit-elle, cette affaire ne peut plus être le prétexte aux pires attaques contre les médias et journalistes enregistrées ces dernières années au Sénégal. Si le Sénégal veut continuer à jouir d’une presse libre et indépendante dont les acteurs ne craignent ni pour leur intégrité physique ni pour leur liberté, il est primordial de privilégier le dialogue. Il est par ailleurs essentiel que les auteurs d’actes répréhensibles contre les journalistes soient sanctionnés, sans quoi ces agissements risquent de se multiplier.»
Rsf déplore une forme de libération de la violence contre les journalistes depuis ces évènements de février 2021. L’organisation cite les cas de Ousmane Kane, reporter de Radio Sénégal à Louga, qui a fait l’objet de violences de la part «des membres du personnel d’un hôpital de la ville, alors qu’il était en reportage après la mort par défaut de soins d’une jeune femme enceinte de 9 mois, ce qui a provoqué une grande émotion dans le pays». «Ousmane Kane a déclaré à Rsf qu’il avait été insulté et violenté par le personnel dans l’enceinte même de l’hôpital où il allait interviewer un accompagnant. Il a ajouté que ses deux téléphones et ses lunettes avaient été cassés et son matériel de travail confisqué. En soutien à Kane, le Collectif des journalistes de Louga a déposé une plainte au Commissariat central de Louga contre les agresseurs», indique le document de Rsf. Qui rappelle aussi le cas du journaliste Pape Ndiaye du groupe de presse Walfadjri, qui «avait quant à lui été victime d’injures et de menaces. Il avait reçu une vingtaine de messages vocaux et d’appels dont certains émis depuis l’étranger, à la suite d’une émission sur laquelle il s’était prononcé sur le cas de cette jeune masseuse». «Rsf a pu voir la liste des appels avec des numéros de téléphone bien identifiés et une succession de messages vocaux insultant et menaçant le journaliste», souligne-t-on dans le document.
Un appel est lancé aux autorités sénégalaises par Rsf afin que ces dernières mettent «tout en œuvre pour que les nombreuses menaces de violence et les attaques dont les journalistes sont victimes ces derniers mois fassent l’objet d’enquêtes appropriées afin d’éviter une escalade vers des agressions plus graves».
Le Quotidien