La douloureuse naissance du Pdsl

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HUMILIATION, PROVOCATION, EXCLUSION
Wade a-t-il renoncé au projet de « dévolution monarchique » du pouvoir que lui prête l’opposition ? Apparemment non. Le jeu de « massacre » engagé contre son propre parti ressemble à s’y méprendre à un déblaiement du terrain au profit de la Génération du concret ou du Parti démocratique libéral (Pdsl). Idrissa Seck, Aminata Tall, Babacar Gaye, Awa Diop, tous des caciques qui doivent apparemment libérer la voie.

« Maître, qu’y a-t-il ? » Ils sont nombreux à ruminer cette question au regard des déchirures qui traversent le Parti démocratique sénégalais (Pds). Et surtout à cause des actes posés par le patron de cette formation politique au pouvoir. Tant Wade joue « franchement » depuis quelque temps au bulldozer. Candidat déclaré à deux ans de l’échéance à la Présidentielle de 2012, Wade donne l’air de travailler à une destruction systématique de son parti. En a-t-il marre des affaires ? Veut-il jeter l’éponge ?

Vraisemblablement non. « La Lettre du Continent » lui prête même l’intention de s’attacher les services de l’agence de communication « Image7 », dirigée par la Française Anne Méaux pour s’occuper de son image. Journaliste de formation, elle a été, selon Le Populaire la conseillère en communication de Valéry Giscard d’Estaing et d’Alain Madelin, un ami de Wade. Comme Diouf à la veille de 2000 qui a recruté Jacques Séguéla, Wade a trouvé dans l’Hexagone son gourou en communication. La volonté d’écraser l’opposition en 2012 est là. Du moins en théorie. Mais, Wade persiste dans son œuvre de massacre du Pds. Le député Awa Diop, 2è questeur à l’Assemblée nationale est sa dernière victime. C’est en pleine réunion du comité directeur le 03 avril dernier que le secrétaire général du Pds s’est emporté face à la présidente du Mouvement des femmes libérales, le député Awa Diop. En cause, la volonté de Wade de porter Mme Awa Guèye Kébé à la tête du mouvement des femmes libérales. Refus ferme d’Awa Diop. Puis elle abonde dans le sarcasme affirmant qu’elle ne se rangera jamais derrière une personne qui a voté pour Abdou Diouf en 2000. Wade réplique en « déplorant » que la patronne des femmes libérales soit analphabète. Autrement il l’aurait nommée Premier ministre. « Ce sont les analphabètes qui vous ont élu », lâche-t-elle. Le débat est clos.

Mais l’intention de Wade est là. « Nettoyer » le parti des caciques au prix d’humiliation, d’accusations et d’attaques verbales. Autre victime de l’opération « anéantissement » du Pds, Babacar Gaye. Président du conseil régional de Kaffrine et porte-parole du président de la République, Gaye n’en revient sûrement pas. « Mais, on m’a dit que tu as affirmé dans la presse que tu comprenais Idrissa Seck et les autres », lui aurait lancé Me Wade lors de cette même réunion du comité directeur. Le président Gaye reconnaît travailler à l’unité du parti. Avant d’inviter Wade à lui retirer sa fonction de porte-parole s’il ne lui fait plus confiance. Le patron du Pds le prend au mot avant de se raviser. Pour autant, Gaye appellera Wade à se méfier des « visiteurs de la nuit ». Un euphémisme, sans doute. Car, Awa Diop elle les traitera de « menteurs ».

Les nouveaux leaders

Dans cette liste des humiliations et des attaques verbales, le secrétaire général du Pds mettra à son compte deux vieilles connaissances : Idrissa Seck et Aminata Tall. Le premier s’est vu traiter de « serpent venimeux » par Wade. Quant à la dame de fer de Diourbel, elle réprime mal d’avoir été ravalée derrière des libérales de fraîche date. « Un père de famille qui travaille jusqu’à acquérir une maison et quand il finit de la bâtir, il repousse tous ceux qui lui venaient en appui et part chercher ceux qui entravaient le projet, pour les mettre devant. » Voilà la peinture qu’elle fait de Wade. Et d’ajouter face à ses militants de Dioubel : « Vous tous vous l’avez entendu dire que, dans toute sa formation politique, il n’a pas vu quelqu’un capable de le remplacer ou bien de jouer un rôle majeur. C’est la politique du déluge ; après moi, le déluge parce qu’il n’y a que moi seul. Tous les autres ne comptent pas ; c’est Bouki, Ndiour, Samba », attaque-t-elle. Sa critique est prise au sérieux. Beaucoup, en effet, voient dans le jeu de massacre du Maître, une volonté d’accoucher une nouvelle formation politique.

En ligne de mire, le fameux Parti démocratique sénégalais libéral (Pdsl), la « Génération du concret », pour les mauvaises langues. Comme nombre de ses projets au tout début de l’alternance, Wade n’a visiblement pas renoncé à l’idée de créer un « grand » parti. Sur les cendres des caciques, le secrétaire général du Pds s’attèle à propulser de nouveaux leaders. Awa Guèye Kébé, Aïda Mbodj, Ndèye Khady Diop, Kaliou Diallo, Hassan Bâ, Mamadou Seck, Boubacar Bâ, Sada Ndiaye, Adama Sall, entre autres sont aux avant-postes. Des responsables estampillés pour la plupart « Génération du concret ». A côté de cette vague montante, il y a la kyrielle de leaders de l’Alliance sopi pour toujours (Ast) dont Iba Der Thiam. Wade déblaie la voie. Le prochain acte de massacre pourrait bien être le grand chamboulement du gouvernement. Si remaniement il y aura, il emportera sûrement tous ceux qui rechignent à afficher leur sympathie pour Karim Wade. Qui sait ? Battu aux Locales de 2009, Karim a-t-il décidé de renverser la tendance à la Présidentielle ? Au regard des actes posés par son père, on peut bien le croire. Comme quoi, Wade ne renonce jamais à ses projets.

Hamidou SAGNA

lagazette.sn

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