L’exercice auquel s’est prêté hier le procureur de la République, Ousmane Diagne, s’assimile parfaitement à l’annonce d’une sanction avant l’heure. Son démenti fort laborieux de l’existence de deux réquisitoires contradictoires dans l’affaire des Chantiers de Thiès, laquelle est devenue par un tour de passe-passe l’affaire Bara Tall, a consisté non pas à nier l’existence de deux documents, mais à apposer un paraphe annulant celui qui est incriminé, pour en faire une sorte projet inabouti à usage interne du parquet… Le procureur de la République est tellement formel dans sa dénégation qu’il déclare renoncer à toute poursuite contre la presse qui a divulgué ce qui est, pour lui, une fausse information !
Tout ceci met mal à l’aise la République. Dans cette affaire, que Bara Tall soit coupable ou pas, la justice de notre pays est parvenue à en faire la victime d’un parti pris notoire et manifeste de la puissance publique, par le seul fait de l’impunité accordée à la trentaine d’entreprises impliquées dans cette affaire ; et surtout par l’absolution politique au terme de négociations troubles dont a bénéficié Idrissa Seck, l’ancien Premier ministre. Demain, tout l’indique, Bara Tall sera condamné. Il le sera à tort, quelque soit le contenu du dossier, du seul fait de la rupture de l’égalité des citoyens devant la loi qui le frappe ainsi.
Cette montée aux avant-postes du parquet n’est-elle pas pour préparer l’opinion à l’embastillement du patron de l’entreprise Jean Lefebvre ? Nous aimerions bien nous tromper, mais, hélas, tout un puzzle est en train de prendre forme qui indique qu’il en sera ainsi. Au retour de Cheikh Tidiane Sy à la tête de la Justice, Kotch s’était interrogé ainsi : «Qui va aller en prison ?»
Abou Abel THIAM
(Dirpub Kotch)
Le sort de Bara Tall scellé! Par Abou Abel THIAM (Dirpub Kotch)
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