Les Chronique de Bandia: Njaxas

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LES CHRONIQUES DE BANDIA : NJAXAS

« Et si quelqu’un prétend que nous sommes des romantiques ou des idéalistes obstinés qui rêvent de l’impossible, qu’il n’est pas possible de transformer les masses en êtres presque parfaits, dans ce cas, nous devons répondre mille et une fois que c’est, au contraire, possible et que nous avons raison » Che Guevara

L’esprit logique qui observe la scène politique de notre cité, peut être désorienté, à la limite dépité par le jeu des acteurs. On comprend alors facilement l’hostilité du patriote quand il s’exprime, s’il n’opte pas de s’exclure d’un débat auquel il ne croit pas du tout, un débat dans lequel il ne se retrouve pas.

La réalité c’est que nous n’avons pas de politiques, et encore moins d’hommes politiques, mais plutôt des figurants de circonstance appelés s’insérer dans une comédie dramatique où les rôles prédéfinis ne correspondent ni à leurs compétences ni à leurs visions du monde.

La constitution engendre avec les institutions qu’elle définit, un conflit : conflit culturel, conflit social, conflit cosmogonique.

En définissant les taches et les compétences appelées à les exercer, la constitution a taillé du prêt-à-porter, mais surtout des tenues inadaptées à notre climat social, notre environnement, nos mœurs et nos coutumes. Les élus sont là surtout parce que des institutions ont été modelées pour les accueillir. Les élus sont là parce que la république en a besoin pour asseoir sa légitimité.

Ils ne représentent pas les populations et se comportent comme des « têtes couronnées » plutôt que des élus porteurs de mandats.

C’est pourquoi, nos concitoyens peinent à définir les attributions et les pouvoirs des députés à qui elles réclament des routes et des hôpitaux. Beaucoup de prétendus élus justifient leur « couronnement » et leur légitimité par leur proximité avec le Gladiateur et font rarement référence aux populations qu’ils regardent comme leurs sujets et non leurs mandataires.

On s’en moquerait volontiers s’ils n’étaient que des bibelots de bas de gamme pour remplir un décor. Mais les sièges de représentation nationale et ou locale sont aussi et surtout des instruments d’exercice de pouvoirs. Dans la logique de Machiavel, il faut les occuper pour exercer les pouvoirs ou subir les pouvoirs de ceux qui les occupent.

La bataille autour des sièges de représentation n’est donc pas qu’une aspiration citoyenne et ou philosophique à servir, mais aussi et surtout une prise de position par rapport à l’exercice des pouvoirs : exercer le pouvoir avec ses propres limites personnelles ou le subir dans sa rigueur avec les limites et les subjectivités de ceux l’exercent.

Dans cette compétition, les objectifs des uns et des autres peuvent varier.
– Des individus et des collectifs peuvent chercher à être entendus durant les campagnes,
– Certains se battront pour être présents au sein des centres d’exercice des pouvoirs pour les influencer
– D’autres enfin, nourrissent le désir fou de s’assurer le monopole de prise de décisions.

En prenant partie, nous prenons en principe le parti d’une partie qui symbolise notre idéal de vie, compte non tenu de nos penchants affectifs et crypto-personnels. Le système n’offrant pas d’autre alternative que l’abstention qui ne nous soustrait d’ailleurs pas du joug des vainqueurs.

Si l’atteinte des objectifs est interprétée comme une victoire pour chaque camp, la victoire reste le préalable à tout. C’est donc une fin en soi pour tout candidat. Les discours et les promesses ne sont alors que la conséquence de cette logique du Prince. Une promesse électorale est certainement un vœu d’intentions, si tenté est que l’on accorde la bonne foi à celui qui la fait. C’est au-delà, et surtout une arme destinée à affaiblir et à abattre des adversaires en compétition. Parce que l‘objectif premier du candidat c’est d’atteindre ses objectifs de départ, sa victoire est le préalable à tout. C’est donc une fin en soi qui justifie les moyens pour tout candidat.

Qu’il soit une opération de charme envers les électeurs potentiels ou une agression verbale contre des concurrents, le discours de campagne reste une arme offensive destinée à neutraliser l’adversaire. L’histoire est ainsi faite, la postérité n’appartient qu’aux vainqueurs pour toutes les compétitions. Il n’y adonc pas de place pour les enfants de cœur sur le terrain. Tant pis pour les idéalistes. S’il y a une politique morale, la morale de la politique est immorale. Ne dit-on pas que « les politiciens sont les premiers à s’étonner que les électeurs croient à leurs promesses » ?

Trop de plagiats, trop de collages inopportuns, trop de mimétismes dans la constitution, ont fait de Ndoumbélane un monstre entre la république, l’empire et la tribu.

La liberté laissée à notre chef de l’état de revêtir le costume pour chaque circonstance, c’est-à-dire de choisir une des faces d’un trièdre le met à l’abri, juridiquement et politiquement. Ne parlons surtout pas d’éthique, il peut toujours vaincre sans avoir raison, envers et contre tous.

L’Empereur a dansé sur ce trépied pendant douze longues années, muselant tous les contre pouvoirs et l’opposition, politiquement et juridiquement. Durant cette période oh combien traumatisante, on a souvent accusé les contre pouvoirs, la justice en particulier de prises de positions partisanes en faveur de l’Empereur. Mais n’a-on pas omis subjectivement lors des conflits, d’analyser leur angle de lecture (républicain, monarchiste ou tribale), somme toute parfaitement légal à Ndoumbélane ?

La refonte des institutions prônée par les Assises Nationales n’était pas donc une simple vue de l’esprit, mais une conclusion logique du « Peuple des Assises »: Le brouillage des règles du jeu ne permet pas la mise en place de tactiques de lutte, même pour les combattants les plus aguerris. D’où l’obligation de réformer à fonds nos institutions comme préalable à tout.

Déçu par une première alternance qui n’a en rien apporté de changements dans sa quête de DQ, Goorgorlu avait dans ses rêves fous l’espoir de voir le pouvoir issu du 25 mars s’attaquer aux institutions. Mais ce statut hybride n’était pas pour déplaire à tous. Dès l’origine, des clans culturellement, sociologiquement peu ou pas convaincus, si ce n’est l’éventualité d’hériter et de jouir d’immenses pouvoirs (« kuy wax ne guur neexul, da nga ca bokkul »), s’étaient mis en marge du « Peuple des Assises ». Certains ne l’ont adopté que pour leur hostilité à l’Empereur qui a usé et abusé de « sa constitution ».

On savait donc que la mise en œuvre des conclusions des Assises était liée à la victoire de l’opposition historique à l’Empereur. Mais la mayonnaise qu’elle mijotait pendant douze ans s’est rompue au dernier instant. Contre mauvaise fortune, elle a été reversée dans la sauce du Gladiateur, opposant de la vingt-cinquième heure, trop éloigné dans l’esprit et dans la lettre des Assises Nationales.

Aujourd’hui il est parfaitement à l’aise dans cette situation qui fait de lui à la fois un président d’une république moderne aux yeux du monde et localement un monarque et un chef de tribu, accusé à tort ou à raison (l’histoire nous édifiera), de bâtir une dynastie.

Les élections locales se dérouleront dans ce climat hybride et délétère sur fonds de manipulations au sein des partis de la grande coalition du 25 mars et de batailles de positionnement à l’intérieur de ses différentes composantes y compris la formation en gestation du Gladiateur.

– Au sein de la coalition, le Gladiateur a cherché par tous les moyens à imposer ses hommes au nom de son parti.

– A l’intérieur de son parti, il a imposé ses hommes au nom du sang. Le sang de la tribu et ou de la dynastie c’est selon, avec les courtisans et les bouffons naturellement.

La riposte des populations a engendré une prolifération de listes. A côté des « bénies » du Gladiateur se bousculent les listes de défi, des listes de contestation, des listes d’alerte et de secours de partisans qui se sentent oubliés.

Ce saucissonnage des communautés et des collectivités participe d’une volonté de dispersion des forces vives de la nation et de tentative de décapitation de l’initiative citoyenne locale.

Le Gladiateur a fait ou laissé faire, dit ou laissé dire qu’aucun citoyen ne siégera sans sa volonté en dépit de l’hostilité des populations envers ses choix monarchiques tribaux et ou dynastiques.

Les maires et présidents de conseils issus des consultations à venir seront donc des « couronnés » du Gladiateur contre les populations ou des élus du peuple malgré le Gladiateur, certainement, contre le Gladiateur.

L’absence de consensus sera forcément dommageable aux futurs conseils qui auront pourtant besoin de cohésion et de dynamisme pour accompagner leurs premiers pas dans l’Acte III de la décentralisation.

C’est dans un tel contexte et ce n’est donc pas un hasard si l’Empereur revient triomphalement sur les lieux de ses crimes pour dire que rien de mieux n’a été fait derrière lui. Dire qu’il a raison ne signifie pas un désir de renouer avec ses pratiques avec ou sans lui (weddi njombor terewul wax ne ma na daw).

Les marées humaines qui l’ont accueilli ne souhaitent certainement pas le revoir mais bien plus pour faire savoir à ses héritiers que ce n’était pas pour vivre ce qu’il vit que le peuple l’a chassé du pouvoir.

Penser que la foule le réclame serait une grossière méprise, une lecture erronée de la manifestation d’humeur d’un peuple qui peine à trouver des dirigeants à la hauteur de ses ambitions.

Les blessures du règne de l’Empereur et de son héritage sont telles que Goorgorlu ferait sûrement appel devant le Seigneur s’il lui accordait dans sa miséricorde son pardon ou lui reconnaîtrait des circonstances atténuantes.

BANDIA, MAI 2014

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