Les Layennes prêts à mourir, les Imams attendent de pied ferme le gouvernement…le Pm sévèrement tancé

Malgré les assurances du Premier ministre, Souleymane Ndéné Ndiaye à Gilles Hervio, chef de la délégation de l’Union européenne concernant la reprise des travaux de l’émissaire de Cambéréne, la population est toujours réticente et la communauté Layenne est prête à mourir pour que ce projet ne voie pas le jour. En conférence de presse hier, suite à l’article paru dans « L’As » du 14 décembre passé et relatif à l’audience que le Pm a accordée à Gilles Hervio, la communauté Layenne s’est montrée très virulente à l’encontre de Souleymane Ndéné Ndiaye. Elle accuse ce dernier de raconter « des contrevérités ». Le chef de la délégation de l’Union européenne en a aussi pris pour son grade, puisqu’ils le trouvent « suspect dans cette affaire ». Les autorités sont averties. Si elles veulent mettre en place ce projet, « elles devront marcher sur nos cadavres », avertissent les Layennes.

Mame Amadou Samba, maire de Cambérène : « Le gouvernement est en train d’assaillir Cambéréne, je ne l’accepterai pas »

Quelle que soit la situation, les habitants de Cambéréne ne veulent pas de l’installation d’un émissaire. Même si le Premier ministre en a donné l’assurance au Chef de délégation de l’Union européenne, la communauté Layenne, qui animait hier une conférence de presse, reste intransigeante sur la question. « C’est un non catégorique et définitif », tranche le maire de Cambéréne, Mame Amadou Samba, entouré d’un petit-fils de Seydina Limamou Laye, Mame Libasse Laye qui représentait le khalife général des Layennes, Seydina Abdoulaye Thiaw Laye, de l’Imam Ababacar Ly, représentant le collectif des Imams de Cambérène, du représentant des chefs de village et du représentant des notables. « Je pense que le gouvernement veut assaillir Cambérène et je ne l’accepterai pas », avertit l’édile de la commune qui exclut de remettre en cause les délibérations du Conseil municipal qui a décidé à l’unanimité qu’un tel projet ne pouvait avoir lieu à Cambéréne. « La position du Conseil municipal rejoint celle de la communauté Layenne. Nous sommes dans une cité religieuse et le gouvernement doit s’adresser à cette communauté avant de faire quoi que ce soit », déclare Mame Amadou Samba.

Imam Babacar Ly : « Que Wade le sache, il ne sortira pas vainqueur de ce combat et nous l’attendons de pied ferme »

Du côté du représentant du collectif des Imams de Cambérène, le discours ne varie pas. Pour l’Imam Babacar Ly, le gouvernement du Sénégal a dépassé les bornes. « Je crois que le gouvernement du Sénégal se moque de nous. Il est en train de jouer avec nous », fulmine l’imam. Et le religieux de poursuivre, très en verve : « si le gouvernement respectait notre guide, il n’allait pas insister. Nous ne voulons pas de ces travaux. Nous ne l’accepterons jamais. Notre guide est envoyé par Dieu avec des directives, et nous respectons ces directives. Au gouvernement d’en faire autant. Si Abdoulaye Wade n’est pas au courant de cette situation, que ses collaborateurs lui transmettent ceci : Dieu est notre seule force. Si c’était une autre cité religieuse, il n’allait jamais agir de la sorte. Que le président de la République le sache, il ne sortira pas vainqueur de ce combat et nous l’attendons de pied ferme ». L’Imam Babacar Ly est convaincu que les autorités n’ont aucune considération à l’égard de la communauté Layenne. Aussi, martèle-t-il : « quand il s’agit de déchets, ils ciblent notre cité alors que tout ce qui est bon est amené dans les autres maisons religieuses. Nous n’en voulons pas ». La patience ayant des limites, l’Imam estime que la communauté Layenne a trop attendu jusqu’ici. Sur ce, martèle-t-il : « nous irons jusqu’au bout de ce combat ».

Libasse Hann porte-parole de la communauté Layenne : « Le Premier ministre raconte des contrevérités… ; il veut utiliser Cambéréne comme fonds de commerce politique »

« Dès demain (Ndlr :aujourd’hui), nous allons adresser une lettre ouverte au Premier ministre et au Chef de délégation de l’Union Européenne », déclare d’emblée Libasse Hann, chargé de communication de la communauté Layenne. Depuis que ce problème a existé, poursuit-il, le Premier ministre n’a jamais eu à prendre langue avec les populations. Au contraire, « il a tenté vainement, à plusieurs reprises, d’utiliser des voies contournées, uniquement pour saper l’unité d’action des populations ». Se fondant sur des arguments scientifiques de l’institut Pasteur, selon lesquels la seule présence de Salmonelle signifie que les gens ne doivent pas être en contact avec l’eau, Libasse Hann estime que les Sénégalais sont en face d’une bombe du fait de ces germes dangereux. « Ils veulent rayer Cambérene de la carte nationale. Pour y arriver, ils devront d’abord marcher sur nos cadavres », prévient-il. Souleymane Ndéné, ajoute-t-il, a « raconté des contrevérités à Gilles Hervio. Ces assurances n’engagent que lui et pas la communauté Layenne. Il veut utiliser Cambéréne comme fonds de commerce politique, car le projet est estimé à 14 milliards et tout le monde sait que les élections arrivent… ». De Gilles Hervio, Libasse Hann soutiendra qu’il n’est pas net dans cette affaire. Dans la lettre ouverte, il est mentionné ce qui suit :« … au début on parlait de 6 milliards, puis 9 milliards…puis 14 milliards et ce n’est que récemment qu’on vous a entendu parler du montant de ce projet, ce qui laisse penser qu’il y a anguille sous roche et que la responsabilité de l’Union Européenne ne saurait être dégagée ». Ce qui l’amène à confier que « Gilles Hervio est un suspect dans cette affaire ».

Samba THIAM
lasquotidien.info