M23: Veille populaire

Date:

Le Mouvement du 23 juin (M23) commémore aujourd’hui «L’an 1 de la révolution citoyenne du 23 juin 2011». Dans le cadre de cette manifestation, il a organisé hier une table ronde sur la citoyenneté au centre culturel Daniel Brothier. Occasion pour les membres de réaffirmer leur rôle de contre-pouvoir, le 23 juin ayant changé le cours de l’histoire du Sénégal.

Le système, le régime politique Sénégalais n’est pas réformable à cause de plusieurs facteurs dont l’absence de cadre délibératif pour discuter des réformes. C’est la conviction du professeur Ismaïla Madior Fall, juriste et enseignant à l’Université Cheikh Anta Diop (Ucad) de Dakar qui prenait part hier vendredi 22 juin à la table ronde du Mouvement du 23 juin (M23) au centre culturel Daniel Brothier de Dakar.

Le juriste qui était chargé de traiter l’un des thèmes du panel à savoir «Quelles réformes institutionnelles», est parti de questions essentielles notamment «Le système, le régime politique sénégalais est-il réformable?», «Est-ce que le Sénégal a besoin de vraies réformes constitutionnelles?».

A la première, Ismaïla Madior Fall est «tenté de répondre par la négative car il y a absence de cadre délibératif pour discuter des réformes, comme c’est le cas des Assises. Avec l’absence d’une assemblée constituante, on assiste à une personnalisation des réformes du fait que c’est le président qui détermine l’opportunité, fait le monitoring et dicte le contenu et le moment de ces réformes. C’est l’exemple de Wade : «j’ai mis dans la Constitution…». S’y ajoute aussi une «absence de juridiction constitutionnelle qui régule la marche politique», le Conseil constitutionnel étant toujours incompétent. Suffisant pour qu’il en appelle à «apporter des ajustements aux institutions».

Une présidence rationalisée
Cependant, par rapport à la seconde interrogation, le paneliste qui se veut affirmatif, a noté qu’apparemment, les choses marchent dans notre pays car les changements de dirigeants se font de manière pacifique. Toutefois, a-t-il précisé, «on a besoin de réformes institutionnelles. Une présidence de la République un peu rationalisée».
Pour lui, il n’est pas question de dépouiller un président élu au suffrage universel de tous ses pouvoirs, comme le suggère les «Assises nationales» avec le Premier ministre qui définit la politique du gouvernement (régime parlementaire). Il s’agit de faire en sorte qu’on ait un «Parlement qui ait au moins un pouvoir. Mais en réalité, suivant le mode de désignation des listes, on n’a pas de députés qui représentent le peuple».

Le juriste, conscient que le droit constitutionnel est réservé aux spécialistes, alors que la Constitution est l’affaire de tous, a dénoncé l’ « attentisme ». A l’en croire, il faut une «pro-activité. Il faut des réformes inclusives et non des réformes octroyées par le président de la République comme cela a toujours été le cas dans notre pays. Il ne faut pas se faire d’illusions, il n’ya pas de pays où des politiques seuls, jaloux de leurs pouvoirs discrétionnaires, ont fait les vrais réformes. C’est la société civile qui trouve des moyens de faire introduire des réformes dont la démocratie a besoin».

Me Sidiki Kaba, ancien président de la Fédération internationale des droits de l’homme (Fidh) qui a entretenu le public de la «Notion de redevabilité», a souligné que l’exigence de bonne gouvernance fait penser à l’éthique, la responsabilisation, la nécessité de rendre dompte/ Elle repose sur cinq leviers. Il s’agit d’une justice indépendante, une gestion vertueuse qui va avec la transparence. De même, outre l’existence d’une société civile forte dont il faut renforcer les capacités, l’existence d’une presse objective est importante en ce sens que «tout pouvoir a besoin d‘un contre pouvoir. Toutefois, contre pouvoir ne veut pas dire être contre le pouvoir», s’est-il empressé de souligner.

Bref, pour l’avocat défenseur des droits de l’homme, la bonne gouvernance c’est gouverner avec comme objectif d’atteindre les besoins des gouvernés, diriger en tenant compte des besoins de la population. C’est décider, prendre des options en fonction des attentes des populations et servir à bon escient, tout en sachant également prévoir et informer de façon transparente.

Pour Me Mame Adama Guèye, ancien Bâtonnier de l’ordre des avocats, qui a développé le thème sur les Valeurs citoyennes», le 23 juin a été «le couronnement d’un long processus qui a débuté avec les revendications communautaristes, muri par les assises nationales».

Réhabilitation inconsciente de la devise
Ici, «l’implication de toutes les couches de la société a été un exercice réussi dans la construction de cette conscience citoyenne. Et le couronnement a été le 23 juin qui a vu naître l’éthique de la sacralisation de la constitution : «Touche pas à ma Constitution». Seulement le 23 juin n’est qu’une étape marquée par un rejet de la mal gouvernance et l’arrogance du système Wade», avec comme remarque fondamentale, «l’unité généralisée pour une cause commune», a-t-il indiqué.

Où va le M23, avec qui, jusqu’où ?
A l’en croire, le 23 juin a consacré la «réhabilitation inconsciente» de la devise du Sénégal : «Un Peuple, Un But, Une Foi». Le peuple comme un seul homme, s’est réapproprié de sa souveraineté. Et cela va influencer même la prochaine législature parce qu’il a engendré un esprit qu’aucun pouvoir ne peut ignorer, à savoir «une culture citoyenne naissante, siège d’une Constitution qui est l’affaire de tous sur laquelle il faut construire. Touche pas à ma Constitution reste de vigueur, mais il faut se forger un nouveau plaidoyer. Et la préoccupation c’est un nouveau type de député (Ntd), un député citoyen en plus du nouveau type de Sénégalais». C’est pourquoi il se veut optimiste quant à l’avenir du M23 car pour lui, la pérennisation d’une conscience citoyenne commence par pérenniser le 23 juin.

Babacar Touré, président du Group Sud communication, le modérateur du panel, a soulevé une série d’interrogations notamment : où va le M23 à partir de maintenant? Avec qui ? Jusqu’où ? Va-t-il garder sa position verticale ou se confondre avec pouvoir? D’où la nécessité pour le M23 de «faire ses propres assises. La salle clairsemée ne reflète pas ce qu’on avait l’habitude de voir. Aujourd’hui, les gens diront on ne m’a pas appelé, mais au moment de l’ascension du mouvement, personne n’attendait d’être appelé, chacun venait de lui-même».

Abondant dans le même sens, Albert Bourgi, professeur des universités, a retenu trois grandes idées : l’importance des rôles du M23 dans la prise de conscience citoyenne, le changement avec la mise en avant des thèmes institutionnels comme «Non à un 3ième mandat», «Le mandat de trop», etc. Le second point c’est par rapport à l’avenir du M23 : c’est le rejet du pouvoir de Wade qui a structuré le M23. Dès lors, se demande-t-il: « le M23 n’est-il pas en concurrence avec les politiques car il s’agit de chute d’un régime?».

1 COMMENTAIRE

  1. LA MACKYSPORA,PAR L’INTERMEDIAIRE DE SON PRESIDENT CHEIKH GUEBB SYLLA DE TAIF,S’ASSOCIE ENTIEREMENT A LA CELEBRATION DU 23 JUIN.EN EFFET,CETTE DATE SIGNIFIE NON SEULEMENT LA LIBERATION ET L’EVEIL DES CONSCIENCES DES SENEGALAIS MAIS AUSSI MONTRE AUX YEUX DU MONDE ENTIER QUE NOUS N’AVONS PLUS BESOIN D’AUCUN PAYS NI D’AUCUNE DOCTRINE POUR PRENDRE DES LEçONS DE DEMOCRATIE.A TRAVERS CETTE MANIFESTATION NOUS AVONS DEMONTRE NOTRE CAPACITE A NOUS PRENDRE EN CHARGE POUR REPONDRE PRESENTS ,LA TETE HAUTE ,AU RENDEZ -VOUS UNIVERSEL DU DONNER ET DU RECEVOIR.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

DEPECHES

DANS LA MEME CATEGORIE
EXCLUSIVITE

Cumul de fonctions : le Premier Ministre Ousmane Sonko démissionne de son poste de Maire de Ziguinchor

XALIMANEWS-Le Premier Ministre a officiellement démissionné de son rôle...

Émigration clandestine – Gandiole : Une pirogue accoste avec 32 passagers et 2 corps sans vie

XALIMANEWS-Jeudi dernier, une pirogue avec à son bord 32...

Etats-Unis/Manifestations contre la Guerre à Gaza : Le mouvement estudiantin se prolonge et s’étend au Canada

XALIMANEWS-Selon Radio France internationale, la mobilisation pro-palestinienne dans les...