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Mignane (par Tafsir Ndické Dieye)

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Son tambour était un appel à la communion
De toute sa communauté plongée dans l’émotion
Quand il tenait dans sa main sa baguette magique
C’était le rendez-vous des sonorités angéliques

Ses angoisses et chagrins n’altéraient en rien ses offrandes
Autour de lui, c’était toujours la joie comme une tornade
Aux eaux ruisselantes faites pour noyer les problèmes
Des populations de Thiadiaye, capitale du Djeeguem

Mignane est parti, et avec lui, sa voix joviale
Laissant, aux Thiadiayois, la sagesse du griot habile
Régulateur social infatigable, il est parti
Mignane l’ascète, l’humilité à l’infini

L’élégance dans la mise, la convenance dans l’allure inouïe
Prions pour le repos de son âme dans les pavillons du paradis
En compagnie du doyen Meume, le philosophe errant,
De Mbaye Gaye, au cœur qui irradiait sur son passage le Coran.

Extrait de « La Chandelle de l’amour – Tafsir Ndické DIEYE – Edilivre » https://www.edilivre.com/la-chandelle-de-l-amour-tafsir…/ Paris Saint Dénis mars 2020.

Feu Mignane jouait un rôle important dans la Culture à Thiadiaye. En effet, il était un acteur culturel de premier plan. Il savait rassembler, égayer et éduquer par l’exemple grâce à la maîtrise de son art.

Comme lui, nos villes et villages regorgent d’acteurs culturels qui œuvrent, de façon efficace, en faveur du maintien du fil de transmission de nos mémoires, de nos imaginaires socioculturels…

Malheureusement, ils sont généralement laissés à eux-mêmes. Ils ne bénéficient presque jamais des deniers publics votés par l’Assemblée nationale et logés au niveau du ministère en charge de la vie culturelle de notre pays ; les rares à en avoir profité ont souvent reçu des miettes.

Ces fonds font l’affaire d’« affairistes culturels corporatistes », même si, parmi eux, il existe de bons acteurs culturels dans leur domaine d’activité de création, de production…

Aujourd’hui, des hommes et femmes, jeunes et adultes, bien que catalysant l’enthousiasme culturel de leur communauté respective dans leur spécialité culturelle, à quelques exceptions près, sont oubliés, le plus souvent, par le ministère en charge de la vie culturelle de leur pays dans l’octroi d’honneurs, de fonds et de matériels utiles au renforcement de leur activité artistique et culturelle.

Ils n’appartiennent pas à certaines corporations douteuses. Ils ne savent pas créer des lobbies d’influence, ni monter des dossiers exigeant des canevas techniques taillés sur mesure pour exclure ceux qui ne sont pas capables d’en produire; pourtant ils font partie des meilleurs et purs gardiens de nos temples culturels dans les villages et villes du pays.

N’est-il pas temps de faire évoluer les paradigmes, de réformer les voies d’accès aux fonds, moyens matériels et honneurs de la Culture, en tenant en compte les notions d’éthique et d’équité territoriale ?

N’est-il pas temps d’impliquer notre administration territoriale dans la rédaction d’un répertoire national exhaustif, qui prend en compte ceux qui portent réellement nos cultures dans leurs originalités, et leurs utilités, dans nos villes et villages (nous ne parlons pas de répertoire d’acteurs culturels tronqués, ni de répertoire des métiers de la Culture dont certaines désignations et conditionnalités d’appartenance sont calquées sur celles d’autres cultures, et ne reflètent guère nos réalités socioculturelles.)? Un tel répertoire pourrait permettre au Ministre de tutelle, entre autres, d’appuyer directement, sans intermédiaire, les acteurs culturels en activité sur toute l’étendue du territoire, en utilisant les moyens modernes de transferts qui existent dans le pays.

N’est-il pas temps d’arrêter certains snobismes corporatistes élitistes opportunistes qui développent des systèmes d’accaparement rocambolesques des fonds, moyens matériels et honneurs confiés par le peuple au Ministre en charge de la vie culturelle de notre pays ?

Que Dieu accueille dans son paradis nos défunts acteurs culturels de la trempe de Mignane et veille sur ceux qui sont encore en vie et les accompagne.

Tafsir Ndické DIEYE
Poète – Romancier – Chroniqueur
Parrain du Festival « Palabres poétiques de Lyon »
au Printemps des poètes en France.
Lauréat du Trophée d’honneur 2017 offert par le
Consortium des Organisations pour la Solidarité Issue des Migrations (COSIM) AUVERGNE RHÔNE ALPES
Prix du Livre Africain FILIGA 2023 (Festival International du Livre Gabonais et des Arts)
Directeur du Centre Socioculturel Moussa Faye Thiadiaye -Sénégal.

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