Mme Adja Fatou Diouf, « Badiénou Gokh »: : La marraine de Ndayane veille sur la vie

Date:

Dans la joyeuse ambiance d’une marmaille qui attend le repas de la mi-journée, à l’ombre, Mme Adja Fatou Diouf, « Badiénou Gokh », parvient à obtenir dix bonnes minutes de silence au cours desquelles elle plaide à nouveau : toujours les visites prénatales, la bonne nourriture pour les femmes allaitantes et les enfants et, surtout, le planning familial. Il est évident que les pesanteurs sociales sont encore fortes. Mais une « Badiénou Gokh », c’est avant tout pour faire sauter des verrous, faire reculer l’ignorance, prêter l’oreille…

POPENGUINE – Le visage marqué par un sourire qui lui colle comme un tatouage, elle arpente les rues sablonneuses de Ndayane, le pas sûr et alerte. En cette matinée de début octobre, une nouvelle journée commence pour « Ndèye Yacine ». Ndayane est un petit village côtier, une dizaine de kilomètres après la bretelle de la nationale qui part de Sindia, maintenant accolé à Popenguine. Les quelques pirogues amarrées sur la plage, les enfants qui pêchent au petit filet et, à une centaine de mètres, le grand bleu et ses horizons : c’est le monde de la mer ; on est sur les zones de la Petite Côte, encore vierges des hubs touristiques, mais au détour du mur d’une maison, non loin de l’incontournable place publique du village – un hangar à quelques mètres des vagues, une bande d’adolescents devise tranquillement de football. Aux salamalecs d’usage lancés par la « Badienou Gokh », c’est un murmure collectif qui répond où s’entremêlent « Tantaa », « Mère Adja Yacine », en tout cas une expression très forte de sympathie qui révèle un « nous dans nous », cette connaissance du voisin que seuls peut autoriser la cohabitation en milieu rural. « Restez sages ! Et, surtout, vous savez bien ce que vous devez faire pour éviter d’engrosser les filles si vous ne pouvez pas vous tenir tranquilles ! » Brouhaha des jeunes, dans un wolof châtié avec des accents lébou et sérère, ce qui la laisse de marbre, car la journée d’une « Badienou Gokh » n’est pas une sinécure. Elle presse le pas et semble avoir un agenda bien précis. D’ailleurs, elle arbore fièrement son badge. En a-t-elle besoin ? Depuis des années, son engagement dans la santé communautaire est connu de tous. Au niveau de la division de la santé de la reproduction du ministère de la Santé et de la Prévention, elle est citée comme une des références nationales dans le programme « Badienou Gokh ».

Quelques minutes auparavant, elle avait quitté Keury Kao et la concession des « Pouyène », chez elle, Mme Adja Fatou Diouf. Mais elle est connue dans la contrée sous le nom de Ndèye Yacine ; une icône dans ce village célèbre pour abriter chaque année un pèlerinage annuel au sanctuaire marial qui voit déferler dans ses rues ravinées et à l’urbanisation hésitante, des milliers de jeunes chrétiens. La maisonnée s’ébroue dès les premières heures de la matinée, dans la concession des « Pouyène ». Normal, elle est la première épouse du maître des lieux, El Hadj Babacar Mboup, l’esprit toujours alerte malgré les ans, ancien infirmier à l’hôpital Principal de Dakar. Le lien se trouve peut-être là…. Mariée depuis 1969 avec un fonctionnaire de la santé publique, elle a sans doute subi ses influences. Et puis, 41 ans de ménage, ça marque, ça crée des vocations. En tout cas, drapée dans son ensemble deux-pièces en tissu léger, le mouchoir de tête modeste, sans excentricités, un peu à l’image du personnage. Mais quelle énergie !

Assis sur sa chaise pliante, alors que les effluves d’infusions pour le petit déjeuner montent des fourneaux, le vieux Mboup est chez lui, entouré de ses bâtiments, de sa famille, enfants et petits-enfants, le chapelet scotché aux doigts. Elle recueille les bénédictions de son époux qui psalmodie, dans une maison devenue subitement calme, seulement troublée par le mugissement des vagues à moins de trois cents mètres, des versets du Coran. Ensuite, taquine, elle dit « confier » la garde de la maison à sa coépouse, plus jeune, mais qui semble sous son autorité. La famille fleure bon l’unité, l’autorité. Si on peut se faire philanthrope « moral », comme c’est le cas de Ndèye Yacine avec son statut de « Badienou Gokh », c’est que les arrières sont bien gardés. On est soi-même assez « carapacé » pour prétendre aider. « Je confie désormais la gestion de la maison à ma coépouse ; je suis fatiguée et c’est d’ailleurs elle qui détient les ficelles », glisse-t-elle, ce qui déride un peu l’assistance, qui ne se laisse pas aller pour autant. Ici, on a l’habitude de la liberté de ton et de la tentation permanente chez Ndèye Yacine à « communiquer ».

ANCRAGE DANS LE TERROIR

Etudes primaires à Popenguine ; des actes de volontariat dès l’âge de sept ans alors que la mission catholique avait initié des programmes de reboisement. Même si elle est musulmane pratiquante, « je dois reconnaître que ce sont les religieux de l’église qui ont assuré la première partie de mon éducation à « Keur l’abbé ! » Puis l’école publique « laïque » -« Nietti Baraques- de la localité. Mariée tôt, elle a toujours vécu ici. L’ancrage dans le terroir. Peu de femmes enceintes et enfants de moins de cinq ans lui sont inconnus depuis le lancement du programme « Badienou Gokh ». Elles sont maintenant au bout de la chaîne de transmission qui part du soignant aux bénéficiaires de soins et d’encadrement en politique de suivi de la santé maternelle et infantile. Peu à peu, elles s’insèrent dans le circuit sanitaire. Le gouvernement a entrepris de les doter, il y a quelques semaines, de téléphones portables.

C’est une station balnéaire qui change peu à peu de statut. Sur la place du village, arrive un mini car brinquebalant qui assure la liaison depuis Sindia. Certains passagers reconnaissent Ndèye Yacine. Malgré les premiers rayons du soleil qui dictent leur loi en dépit des alizés maritimes qui balaient cette partie de la Petite Côte, elle s’enquiert des nouvelles de tout le monde. A son tour, elle est hélée, apostrophée par des connaissances sur les sujets les plus divers. Mais son rendez-vous avec le maire est plus important. Le siège du Conseil municipal de Popenguine est un austère bâtiment à un étage ; il n’est pas encore peint et les dernières pluies ont laissé des traces sur le ciment nu des murs. « Salut mère ! » lui lance le jeune maire de la commune de Ndayane-Popenguine, Mamadou Mansour Thiandoum, un militant du Ps. Après avoir minoré les préambules de discussion, ce que lui permettent ses années de vécu avec un jeune du village devenu son premier magistrat, elle « attaque » tout de go, alors qu’elle s’affale sur une chaise dans le bureau du maire, sur les appels répétés du président Wade pour l’éveil des consciences, la prévention et les enjeux liés à la santé maternelle et infantile. Lobbying. Hochements de tête entendus. Les rappels : le soutien décisif de l’Usaid et de Child Fund pour appuyer le district sanitaire et la région médicale afin de booster l’initiative « Badienou Gokh ».

Elle remercie le maire « pour les appuis fréquents de la mairie », mais elle ne peut apparemment pas éviter de profiter de la proximité d’un homme d’influence pour poser une doléance et évoquer une question d’intérêt majeur. « Il ne faut pas oublier d’aider les relais communautaires et, surtout, l’affaire du sel », rappelle-t-elle à son interlocuteur. L’affaire du sel ? Vivre au bord de la mer, à proximité des infinités salines, ne permet pas tout. Ici, certaines poches rurales consomment du sel non iodé. Or, la carence en iode est à prévenir chez la femme enceinte ou allaitante. Il faut en parler. Autre complainte, les évacuations sanitaires. Le district ne compte « que » deux ambulances. Sans oublier les opérations de « set-setal », opérations de désencombrement et de nettoiement de la voie publique qui mobilisent souvent les quartiers face à certaines « défaillances ». Ndèye Yacine plaide : « avant, c’étaient seulement les cotisations et dons privés, on vous remercie pour le montant alloué au nettoiement dans le budget de la mairie. »

Ici, la demande en matière d’encadrement des femmes et enfants dans la santé de la reproduction est forte. Ici, on est, certes, au village, mais pas très loin des grands centres urbains ; Mbour, la capitale départementale, Saly et sa « Tourism Valley » et, plus loin au nord, Thiès, le chef-lieu de région. Mieux, à moins d’une heure de voiture de Dakar, sauf embouteillages entre le croisement de la Patte d’Oie et Rufisque… Le village se modernise. La moyenne d’âge est très jeune.

Le maire s’engonce dans son fauteuil pour rappeler qu’eux, « jeunes de Popenguine, doivent beaucoup à Ndèye Yacine. » Etudiant, il se rappelle que la communauté des étudiants originaires du village organisait des soirées dansantes pour collecter des fonds afin de participer à la construction et à l’équipement des premières infrastructures sanitaires. Le politicien se réveille pour attaquer le vif du sujet. Il a accordé une allocation mensuelle au programme de nutrition du district sanitaire, accompagné « l’accouchement sans frais » et déroulé son « programme » : la mutuelle de santé « se met en place », explique l’édile qui promet son démarrage pour janvier 2011, les fiches d’enquête pour ses futurs bénéficiaires sont déjà lancées.

LEADERSHIP ET PLAIDOYER

Intéressée, Ndèye Yacine est tout ouïe face à son interlocuteur. Le maire évoque, non sans fierté, le lancement du projet « Nemekou » -s’informer, chercher à savoir de quoi il s’agit-, voué à l’assistance à domicile des personnes du troisième âge et des invalides. Il promet aussi une augmentation du nombre d’agents communautaires de santé ; l’ébauche de solutions pour l’iodation du sel. Mais il tient à préciser qu’il ne reste pas les bras croisés. Les ambulances ? « Une voiture de la mairie a été mobilisée à cet effet. Tu as le numéro de téléphone de Mass, le chauffeur. Tu peux l’appeler à tout moment en cas de nécessité d’évacuation sanitaire », lance-t-il à la « Badienou Gokh » qui, satisfaite, peut enfin le lâcher. L’insistance dans le plaidoyer. Sans répit, elle plaide, explique, essaie de convaincre les décideurs. Elle est une interface au croisement des femmes, des agents de santé et des pouvoirs publics.

Changement de direction. Dix heures sont passées et il y a beaucoup de monde à rencontrer. A Tilène, un quartier de Ndayane, l’infirmier chef de poste (Icp), Abdoulaye Sène, est lui aussi un des principaux interlocuteurs de Ndèye Yacine. Là, on est dans la pratique, si l’on ose dire. Attirée par les vagissements d’un bébé de cinq mois dont la mère attend son tour de passage devant l’infirmier, elle s’enquiert du nombre tétés journalières de l’enfant, l’encourage comme un coach qui parle à un remplaçant en échauffement, et ne l’abandonne que parce que l’infirmier apporte les réponses aux questions que la « Badienou Gokh » a l’habitude de poser.

« As-tu le dernier rapport que j’ai transmis à Child Fund ? Y a-t-il beaucoup de femmes qui ne sont pas venues », s’enquiert-elle. « Justement, j’attendais votre arrivée pour vous signaler des retardataires », l’informe l’infirmier. La sage-femme, Adama, elle, est débordée. Visites prénatales. Une bonne dizaine de « patientes » l’attendent, certains se signalant à la « Badienou Gokh » par des salutations. La plupart de leurs secrets de femme n’ont pas de…secret pour Ndèye Yacine. C’est ainsi fait. Elle a décidé de porter comme un fardeau toutes les joies et peines de la maternité. Pourquoi ? C’est le bénévolat qui donne de l’influence ou est-ce le contraire ? A pied, elle continue son tour du village. Dans ses petits carnets, elle a bien noté le nom de Mme Maty Ndiaye qui a accouché, il y a moins d’un mois. C’est sans protocole que Ndèye Yacine s’invite dans la maison ; à sa vue, la grand-mère qui se prélassait dans un hamac affiche le sourire réservé qu’on accorde aux gens à qui on a le sentiment de devoir quelque chose.

Maty est le prototype de la femme qui a pleinement bénéficié des conseils et assistances du programme. Elle a été suivie de bout en bout, en accord avec son époux, depuis que la sage-femme lui a annoncé son état de grossesse. Ndèye Yacine répète son discours : douze séances d’allaitement par jour ; la visite du quarante-deuxième jour, le plaidoyer pour l’allaitement constant et la préparation d’un planning familial pour espacer les naissances, dès que « bébé aura trois mois, Inch Allah ! ».

LA MAIN QUI DONNE…

Sur place, la « Badienou Gokh » est retrouvée par un relais communautaire, une demoiselle enjouée qui lui fait le compte rendu d’une tournée : « A Tilène et aux Hlm, deux enfants sont en retard pour les vaccinations ! » Retard ? « Ah bon, pourquoi ? », s’étonne Ndèye Yacine. Il faudra y faire un tour, car des cas similaires, elle les règle rapidement. Elle maugrée contre le laxisme de « certaines mamans qui suivent le programme élargi de vaccination, mais qui ne s’occupent pas de la pesée des petits ».

Elle est loin d’avoir terminé son tour du village. Cap chez le plus jeune des chefs de quartier, toujours à Keury Kao. Aliou Ciss est un ancien volontaire des services d’appui communautaire. Quelque part, c’est cet engagement qui lui a valu la confiance des habitants pour se voir confier les charges de chef de quartier en dépit de son jeune âge. Mais lui-même est déjà père de famille et semble ne pas être contre la polygamie. Dans la joyeuse ambiance d’une marmaille qui attend le repas de la mi-journée, à l’ombre, elle parvient à obtenir dix bonnes minutes de silence au cours desquelles elle plaide à nouveau : toujours les visites prénatales, la bonne nourriture pour les femmes allaitantes et les enfants et, surtout, le planning familial. Il est évident que les pesanteurs sociales sont encore fortes. Mais une « Badienou Gokh », c’est avant tout pour faire sauter des verrous, faire reculer l’ignorance, prêter l’oreille… Le chef de quartier Aliou Ciss promet d’en dire un mot aux imams pour qu’ils en prennent compte dans leurs sermons… Elle ne peut quitter une concession sans lancer une pique, mais qui ne sort jamais de son sujet : « Parlez à vos amis pour qu’ils pensent à l’allègement des travaux ménagers pour les femmes…. »

« Quand l’initiative a été lancée par la Division de la Santé de la reproduction du ministère de la Santé, le médecin-chef du district ainsi que l’Ong Child Fund, chargés de conduire le projet, ont pris mon attache », révèle-t-elle. Elle a été désignée dans un bel unanimisme. La question de la rémunération ? « La personne qui franchit cette frontière de la pudeur et qui vient vous confier son intimité a déjà symboliquement payé. Aujourd’hui, la totale confiance en quelqu’un, surtout en ce qui concerne sa santé, est rare. Le fait de révéler une grossesse, l’accompagnement au cours des multiples visites de la femme enceinte, partager l’espérance d’enfanter, les joies et peines qui l’accompagnent, tout fait de moi plus qu’une marraine », explique-t-elle.

Ensuite, il y a « l’aveu ». Elle lâche dans un soupir : « j’aime les enfants depuis toute petit ».

On a tort de ne pas trop souvent nous préoccuper du sort des autres. D’une manière ou d’une autre, tu subiras une part de leurs souffrances. L’accouchement est un moment fort. La préparation, la lingerie à emporter avec soi, le savon, le coton et le litre d’eau de javel, tous ces menus détails, mais si importants…. La parturiente est conduite dans une salle seule avec l’accoucheuse et Dieu. L’angoisse, le rappel des neuf mois d’attente, puis les premiers cris du bébé. La délivrance.

La sage-femme qui sort pour vous annoncer que tout s’est passé dans d’excellentes conditions et révéler le sexe du nouveau-né. Il faut ensuite bien nourrir la nouvelle maman, car l’allaitement doit débuter dans de bonnes conditions nutritionnelles de la mère. Suivent quatre rendez-vous avec la sage-femme jusqu’au quarante-deuxième jour du bébé. » D’inoubliables tranches de vie passées ensemble, la complicité, le donner et le recevoir. La main qui donne est bien plus heureuse que celle qui reçoit. C’est sans doute la principale motivation de Ndèye Yacine. Savoir aller vers l’autre, savoir se tourner vers celui qui a besoin d’aide sont au cœur même de la bonté. Il en sera toujours ainsi. Comme le flux et le reflux de l’Atlantique sur la plage de Ndayane.

Un programme communautaire

Le Programme communautaire pour la promotion de la santé de la mère, du nouveau né et de l’enfant, « Initiative Badienou Gokh » (Ibg), proposé par le président de la République, est une approche communautaire qui s’inscrit parfaitement dans la perspective de la feuille de route multisectorielle pour accélérer la réduction de la mortalité et de la morbidité maternelles et néonatales au Sénégal. Ce programme concerne l’ensemble du territoire. Le lancement officiel a eu lieu le 19 janvier 2009 à Kolda. Le Programme va s’atteler à la stimulation de la demande de soins en santé de la reproduction (Sr) à travers un système de parrainage des femmes durant la grossesse, l’accouchement et le post-partum et des enfants de 0 à 5 ans par des assistantes de quartier ou de village, marraines ou « Badienou Gokh » (Bg).

Quelque 2.735.699 femmes en âge de reproduction

La population du Sénégal, qui est estimée à environ 11.894.343 habitants en 2009, est relativement jeune. En effet, 47 % des Sénégalais ont moins de 15 ans. Le nombre de femmes en age de reproduction est de 2.735.699 (23% de la population totale) ; les grossesses attendues représentent 463.879 (39 % de la population totale) et les enfants de 0 à 5 ans 2.307.503 (19,4 % de la population totale).

52 % des femmes enceintes de Popenguine ont fait les quatre Cpn

En 2010, le nombre de femmes en âge de reproduction dans le district sanitaire de Popenguine était estimé à 11.618. En 2009, la prévalence de contraception toutes méthodes confondues était de 12,5 %. Dans ce district, en 2009, près de trois femmes sur quatre (74 %) ont accouché dans des structures de santé avec l’assistance d’un personnel qualifié. Dans la même année, un peu plus de la moitié (52 %) des femmes enceintes ont fait les quatre consultations prénatales (Cpn) recommandées.

(Source : Programme Badienou Gokh promotion de la santé de la mère, du nouveau né et de l’enfant. Orientations stratégiques. 2010. Ministère de la Santé et de la Prévention/Division de la Santé de la reproduction).

1850 « Badienou Gokh » déjà formées

A la date du 15 septembre 2010, 1850 Badienou Gokh étaient déjà formées sur les 5.000 que le ministère de la Santé et de la Prévention avait prévu de former au cours de l’année 2010. (Source : dépêche de l’Agence de presse sénégalaise- 15 septembre 2010)

DR SEYDINA OUSMANE BÂ, MEDECIN-CHEF DU DISTRICT SANITAIRE DE POPENGUINE : « Avec les Badienou Gokh, les populations sont réceptives ! »

En poste sur la Petite Côte depuis cinq ans maintenant, le médecin-commandant Seydina Oumar Bâ dirige le district sanitaire de Popenguine qui polarise beaucoup de villages, mais qui n’est pas très éloigné de grands centres urbains. Dans cet entretien, le médecin-chef du district revient sur l’historique de l’implantation des relais communautaires dont les dernières en date sont les « Badienou Gokh ».

Un an après le lancement du programme « Badienou Gokh », avez-vous noté un impact sur les populations de l’action des marraines, surtout dans les volets de la santé de la reproduction et de la politique de prévention ?

Depuis le lancement de ce programme suite à la vision du président de la République, nous l’avons, comme tous nos collègues médecins-chefs de district, mis en œuvre après les directives du ministère de la Santé et de la Prévention. C’est un concept qui est en phase avec ce que nous avons toujours fait. Ceux qui connaissent Popenguine disent qu’il a toujours été un district communautaire. Le niveau de connaissance des populations sur les maladies est très élevé. Je parle du paludisme, de la tuberculose, du Vih-Sida, mais c’est également l’importance des pesées pour la surveillance du système nutritionnel et pondéral des enfants. Mais c’est également le recours aux structures sanitaires. Nous n’avons fait que renforcer l’existant. Ce renforcement a été d’autant plus positif que nous avons eu à nos côtés un partenaire stratégique qui était le projet « Santé communautaire » de l’Usaid. (…) Le programme « Badienou Gokh » à proprement parler, intervient dans le volet « Santé de la reproduction ».

Concrètement, qu’est-ce qu’elles apportent aux structures sanitaires de base ?

Avec elles, les populations sont réceptives. En matière de prévention en santé publique, le préalable est d’avoir en face des gens qui vous écoutent. Ce n’est pas souvent le cas dans les grandes villes avec les difficultés liées à l’urbanisation. Ici, les gens ont la possibilité de vous accorder du temps et de vous écouter. Leurs avantages sont qu’elles sont d’abord d’âge mûr, ce ne sont pas du tout des jeunes filles. Elles ont beaucoup cheminé dans des activités de relais et sont rodées dans la sensibilisation. Badienou Gokh constitue un paquet supplémentaire de services pour le recours précoce aux soins dans les consultations prénatales, dans la planification familiale pour l’espacement des naissances et pour le renforcement nutritionnel des femmes enceintes ou parturientes.

Si vous devriez faire le bilan du programme global des « Badienou Gokh », que direz-vous ?

Par exemple, pour une question comme l’iodation du sel, les Badienou Gokh trouvent un cadre idéal d’expression de leurs compétences. » L’impact global des activités communautaires menées depuis des années est certain, mais « Badienou Gokh » n’a pas encore fait un an. Il faut un peu de recul, par rapport à la mission assignée à ce programme dans le cadre de la lutte contre la mortalité maternelle, pour pouvoir émettre des avis crédibles. Mais les activités communautaires dans leur ensemble ont un impact positif sur les données de la santé de la reproduction. La planification familiale est aujourd’hui accessible même au niveau communautaire avec l’offre initiale de pilules contraceptives. Aujourd’hui, les clientes, comme on les appelle, n’ont plus besoin de venir jusqu’au centre de santé pour en bénéficier. On a formé, avec l’appui de l’Usaid, les matrones et les agents de santé pour qu’ils puissent dispenser ces pilules par voie orale. Il faut reconnaître là une avancée significative, car le déplacement vers la structure sanitaire est annulé. C’est en quelque sorte un service de proximité. Notre taux de recrutement dans la planification a augmenté.

On a même connu un bond par rapport aux statistiques du premier semestre de cette année 2010. En ce qui concerne la lutte contre la mortalité maternelle, je pense que pour arriver à un impact, il faut associer aussi bien les relais communautaires que les données techniques car, au-delà de la sensibilisation, il faut des ressources humaines de qualité : des infirmiers et sages-femmes pour assurer les consultations prénatales, pour proposer des méthodes de longue durée pour la planification familiale. Cela requiert un personnel bien formé. Il faut la logistique nécessaire pour les évacuations en cas d’accouchements hémorragiques, bref en cas d’urgences obstétricales. C’est l’occasion pour nous de dire que c’est une idée qui est là et qui vient à son heure. En tout cas, pour l’atteinte des Omd (Objectifs du millénaire pour le développement), l’ultimatum, si je puis m’exprimer ainsi, est pour 2015…

LESOLEIL.SN

1 COMMENTAIRE

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

DEPECHES

DANS LA MEME CATEGORIE
EXCLUSIVITE

Ziguinchor / Écroué pendant plus d’un an pour tentative de viol : le Dr Djibril Ka finalement acquitté

XALIMANEWS-La Chambre criminelle du tribunal de grande instance de...

En visite de travail au Ghana : le président Diomaye expose sa nouvelle vision de la coopération

XALIMANEWS: (Sud Quotidien) Le président de la République, Bassirou...

Ce que Dr Abdourahmane Diouf a promis aux étudiants

XALIMANEWS: Le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche...

Bassirou Diomaye Faye nomme de hauts fonctionnaires de défense dans les départements ministériels

XALIMANEWS- Au palais de la République, les nominations se...