La comédienne Ndeye Khady: ils ont voulu profiter de ma vulnérabilité et de mon état de santé pour se construire une notoriété sur ma personne. Ils ont fait circuler la fameuse vidéo
On a vu une vidéo de vous il y a quelques années, vous étiez dans une assemblée qui semblait formuler des incantations pour votre guérison…
C’est vrai, c’était au plus fort de ma maladie. Je n’étais pas moi-même si vous remarquez. C’est quelqu’un qui est venu me dire qu’il y avait des gens qui soignaient l’AVC et m’a suggéré qu’on aille les voir. Lorsque j’en ai parlé à ma sœur, elle m’a dit d’y aller. Ceci étant, ils ont voulu profiter de ma vulnérabilité et de mon état de santé pour se construire une notoriété sur ma personne. Ils ont fait circuler la fameuse vidéo dans laquelle, ils me demandaient de me lever et de marcher pour faire croire que leur remède qu’ils commercialisent, est un miracle. En tout état de cause, ils ne m’ont pas soignée comme ils ont tenté de le faire croire.
Victime d’un accident vasculaire cérébral qui l’a éloignée près d’une dizaine d’années des planches, Ndèye Khady s’est récemment remise en scène. Une petite séquence à travers le téléfilm «Koorou Biddeew», qui a tenu en haleine les Sénégalais nostalgiques de son jeu. La comédienne de «Daaray Kocc» revient ici sur cette brève apparition, son probable retour dans le théâtre, sa relation avec Mor Dieng, alias «Ibra l’italien»…
Depuis bientôt 9 ans, vous avez disparu des planches suite à un Avc. Aujourd’hui, comment vous portez-vous ?
Je commencerai par rendre grâce à Dieu, à ma famille et à mon guide spirituel, Cheikh Amar Coundoul pour qui j’ai une reconnaissance énorme. J’ai fait durant le ramadan une apparition dans le sketch «Koorou Biddeew», sur sollicitation de Daro (comédienne), après avoir été clouée au lit par un accident vasculaire cérébral (Avc) pendant 9 ans. Depuis, j’étais oisive, retirée de la scène.
Comment avez-vous vécu ce retour sur les planches ?
Naturellement. La scène, c’est mon lieu de prédilection. C’est ma deuxième famille. Quand Daro m’a sollicitée, j’en ai parlé à mes grandes sœurs qui m’ont encouragée à le faire. J’étais un peu réticente au début, mais Daro et ma famille m’ont convaincue. En plus, mon amour pour les téléfilms a toujours été intact malgré la maladie. J’étais à l’aise et je n’ai eu aucun problème. Ce fut un moment de grosse émotion. Et les retours étaient vraiment positifs et réconfortants.
Gardiez-vous espoir durant votre maladie de remonter un jour sur scène ?
J’y pensais, mais je n’en étais pas pour autant sure à 100%. Je gardais toujours un espoir, aussi infime soit-il, grâce à mes fans. Je sentais que même absente, j’étais toujours dans le cœur et les pensées du public.
Cette apparition sonne-t-elle comme votre grand retour sur la scène ? Seriez-vous prête à accepter un rôle au cinéma ?
J’accepterai volontiers. Si tel est le cas, je ne pourrai que rendre grâce à Dieu. J’en serai très heureuse car l’oisiveté me pèse. Je me sens bien même si je ne suis pas totalement rétablie, car je suis encore sous traitement et je fais des séances de rééducation.
A quand remonte votre dernière apparition sur scène avant la maladie ?
(Elle réfléchit et fouille sa mémoire). Je ne me rappelle plus de l’année, mais je pense que c’était pour les téléfilms «L’arrangement» et «La racine du mal» avec Daaray Kocc.
«Réaliser que je ne pouvais plus me mouvoir toute seule a été très difficile, mais je l’ai vécu avec foi et résignation»
Combien de pièces de théâtre avez-vous à votre actif ?
Je ne me souviens pas avec exactitude. Depuis 1987, je fais du théâtre au sein de la troupe Daaray Kocc. Mon premier téléfilm a été «Un Dg peut en cacher un autre». J’ai toujours évolué au sein de cette troupe. J’ai observé une pause durant la maladie de ma mère. A son décès, je suis remontée sur scène, mais l’envie n’était plus là.
Quelle en était la raison ?
Je ne saurai le dire. Sauf qu’avec le recul, je me rends compte qu’avec son décès, elle a emporté une partie de moi. J’étais sa cadette et nous étions très fusionnelles. Aujourd’hui, elle n’est plus là, mais je ne me sens pas seule puisque mes grandes sœurs sont très présentes dans ma vie. Pour preuve, le 19 août 2011, jour où j’ai fait mon Avc, elles ont été les premières à venir à mon secours. En ce moment, je vivais seule à la cité Fadia. Je suis tombée dans ma salle de bain, mais j’ai eu la force de me traîner jusque dans la cour. C’est là où mes voisines m’ont trouvée et ont prévenu mes sœurs qui ont accouru aussitôt pour m’amener à l’hôpital. J’ai été hospitalisée dès mon admission et le diagnostic des médecins a établi que je souffrais d’Avc et d’une paralysie des membres.
C’est assez brusque. Développiez-vous des symptômes avant ?
J’avais des bourdonnements d’oreilles, des picotements dans les jambes, mais je n’en étais pas totalement consciente. Plus tard, j’ai su que c’étaient des signes d’un Avc.
Qu’avez-vous ressenti aussitôt après vous être réveillée de cette crise ?
Je n‘avais plus toute ma tête. J’étais sous assistance et on faisait tout pour moi. Au début de la maladie, quand je recevais de la visite, je passais mon temps à pleurer parce que je ne comprenais pas ce qui m’arrivait. J’en étais même arrivée à penser que mes jours étaient comptés, c’est pour cela que les gens me témoignaient autant de sollicitude. Avec le temps, j’ai appris à positiver avec le soutien de mon guide spirituel, Cheikh Amar Coundoul. Aujourd’hui, ma famille me surnomme «Sans souci», car je me suis dit qu’il me fallait aller de l’avant et vivre.
Comment avez-vous vécu votre maladie ?
Comme une épreuve divine. Je l’ai vécue avec foi et résignation. Au début, il m’était difficile de l’accepter. Réaliser que je ne pouvais plus me mouvoir ou faire des choses élémentaires toute seule a été très difficile à accepter.
«Dire que j’ai été maraboutée est faux»
Vous avez vécu votre maladie dans la dignité et malgré quelques élans de solidarité, votre famille n’a jamais voulu la médiatiser…
Avec ma maladie, nous avons entendu du tout. Certains sont même allés jusqu’à dire que j’ai été maraboutée. Ce qui est faux. Je n’ai jamais tendu la main. De bonnes volontés comme la première dame m’ont appuyée comme tant d’autres, car soigner un Avc est très onéreux.
Receviez-vous le soutien de la troupe Daaray kocc ?
Oui. A l’hôpital, c’est Moustapha Diop qui m’a aidée en premier. Il est allé voir le ministre de la Femme qui lui a remis 300 000 FCfa pour que je fasse une Irm (imagerie par résonance magnétique). Tous les membres de la troupe m’ont soutenue et assistée tout au long de cette épreuve. En commençant par ma maman Seune Sène, Pape Demba Ndiaye, Tapha Diop, Marème Niang, Aby Samaké, tous sans exception. A part eux, il y a Soumboulou Bathily qui fait beaucoup pour moi et qui prend sans cesse de mes nouvelles ainsi que Bella de Thiès. Que dire des Sénégalais qui me portent en prières. C’est sans doute, ces supplications qui m’ont maintenue en vie.
A un moment, n’avez-vous pas craqué ?
Jamais. J’ai accepté stoïquement ce qui m’est arrivé. Dieu en a décidé ainsi et je n’ai aucune explication à Lui demander. Je n’ai jamais baissé les bras car je ne suis pas du genre à m’apitoyer sur mon sort. Aussi difficile soit la situation, je parviens à garder mon calme.
Vous dites que vous viviez seule au moment de votre première crise. Avez-vous été mariée ?
J’ai été mariée en 1990 et j’ai divorcé en 1995. J’ai une fille de 28 ans. Depuis, je ne me suis pas remariée.
Est-ce un choix ?
Non. C’est la volonté divine. J’aimerais bien refaire ma vie, si je trouve la bonne personne. Je suis tout le temps, cloitrée chez moi devant la télé, avec les enfants. C’est sans doute pourquoi, je n’ai pas encore trouvé l’âme soeur.
«Quand je me suis réveillée de mon AVC, je n‘avais plus toute ma tête»
Y a -t-il un jour qui vous a particulièrement marquée durant votre maladie ?
Au début de ma maladie, je n’avais plus toute ma tête. Le jour où j’ai fait l’attaque, durant mon séjour à l’hôpital, jusqu’à après ma sortie, je n’avais aucune idée de ce qui s’était passé. On m’a tout raconté par la suite. La maladie m’avait complètement terrassée. De ce fait, je ne me souviens pas de grand-chose, à part ce qui m’a été rapporté. Mes sœurs qui étaient avec moi durant cette épreuve, ne manquent pas parfois de me charrier, me rappelant mes moments de délires. Sans elles, je ne sais pas comment j’aurais fait pour m’en sortir. Il y a Aby, l’aînée qui est comme une mère pour moi, je vis actuellement chez elle. La seconde c’est Fana, c’est elle qui m’a éduquée et donnée en mariage. Bintou, la troisième, est venue à mon chevet quand je suis tombée malade. C’est elle qu’on a prévenue en premier. Et enfin, il y a Soda, celle qui vient juste avant moi, je suis la cadette.
Combien vous ont coûté vos soins jusqu’ici ?
Je ne saurais le dire. Je sais juste que c’est assez coûteux. Pour vous donner un petit aperçu, je vous dirais que je dépense au minimum 150 mille Francs CFA toutes les six semaines, rien que pour la rééducation.
Vous êtes-vous seulement limitée à la médecine moderne ou vous avez aussi tenté celle traditionnelle ?
A un moment donné, je me suis tournée vers la médecine traditionnelle mais, cela n’a pas duré. Je me suis plus focalisée sur la médecine moderne et c’est ce qui m’a le plus réussi.
On a vu une vidéo de vous il y a quelques années, vous étiez dans une assemblée qui semblait formuler des incantations pour votre guérison…
C’est vrai, c’était au plus fort de ma maladie. Je n’étais pas moi-même si vous remarquez. C’est quelqu’un qui est venu me dire qu’il y avait des gens qui soignaient l’AVC et m’a suggéré qu’on aille les voir. Lorsque j’en ai parlé à ma sœur, elle m’a dit d’y aller. Ceci étant, ils ont voulu profiter de ma vulnérabilité et de mon état de santé pour se construire une notoriété sur ma personne. Ils ont fait circuler la fameuse vidéo dans laquelle, ils me demandaient de me lever et de marcher pour faire croire que leur remède qu’ils commercialisent, est un miracle. En tout état de cause, ils ne m’ont pas soignée comme ils ont tenté de le faire croire.
«Il n’y a jamais rien eu entre Mor Dieng et moi et je ne pense pas qu’il en sera autrement»
A part la notoriété, que vous a apporté le théâtre ?
Les personnes… C’est grâce à la troupe «Daaray Kocc» que j’ai pu pénétrer le cœur des Sénégalais et leur procurer du plaisir. C’est une chance inouïe et je ne pourrais jamais assez remercier le théâtre de m’avoir apporté cela. J’ai commencé à en faire à l’âge de 17 ans.
Quel est le rôle qui vous a le plus marquée ?
Il y en a deux, L’arrangement et La racine du mal. Ces deux pièces-là m’ont beaucoup marquée par leurs contenus, le jeu, les textes. Même si «Ibra l’italien» a connu un plus grand succès et a permis de mieux me faire connaître. C’était mon premier grand rôle, en tant qu’actrice principale.
Qu’en est-il des rumeurs disant que Mor Dieng alias Ibra l’italien et vous, aviez fini par tomber amoureux après avoir joué dans la même pièce ?
Non, tout sauf ça ! Mor Dieng et moi sommes uniquement liés par la scène. Nous avons joué ensemble et par la grâce de Dieu, c’était réussi. Cela s’est limité à cela. Il n’y a jamais rien eu entre nous et je pense pas qu’il puisse en être autrement. Ibra est un ami, un frère et de surcroît, nous avons des liens de parenté par alliance. Son cousin germain était l’époux de ma nièce, la fille de ma grande sœur, Fana. A part ces liens, ça ne va pas plus loin. On est quand-même de bons amis, la preuve avec moi, Mor est un vrai casse-pied. Dans la pièce, nous étions assez fusionnels parce que nous nous sommes donné les moyens de réussir notre jeu. Je me rappelle qu’à l’époque, je le faisais venir chez moi et nous allions au bord de la mer pour répéter nos textes.
«Cette demande en mariage était plus une farce qu’autre chose»
Vous soutenez qu’il n’y aura jamais rien entre vous. N’empêche qu’il a récemment demandé votre main…
Effectivement ! Mais, en ce qui me concerne, je ne l’ai pas trop pris au sérieux. Je pense que si son geste était réellement sincère, il s’y serait pris autrement. Ce n’est pas devant les caméras qu’il va me demander en mariage. Nonobstant le fait que nous soyons des artistes, ce n’est pas à la télé qu’il va me faire une telle proposition. Quand-même, ça ne se fait pas d’étaler notre vie privée devant les écrans. Si je devais accéder à sa demande, je ne l’aurais jamais fait sur les réseaux sociaux. C’est à la limite absurde. Nous sommes des musulmans et nous avons de la famille. Nous devons mettre les formes et ne serait-ce que l’associer à cette démarche. Pour moi, cette demande était plus une farce qu’autre chose.
Il a affirmé ne jamais vous avoir caché ses intentions…
Non, ce n’est pas le cas !
«Pour me marier, il faut que je sois amoureuse»
Le fait qu’il vous prenne au dépourvu comme ça, vous a-t-il surpris ?
Je connais Mor Dieng et rien ne me surprends de lui. On se connait depuis une vingtaine d’années. C’est pourquoi, je ne l’ai pas pris au sérieux. En lui disant de me laisser en discuter avec mes parents, je savais pertinemment que les choses n’iraient pas plus loin.
Vous pensez donc que sa déclaration n’était pas sincère ?
Ses sentiments peuvent être sincères mais pour ma part, je ne ressens rien pour lui, à part de l’amitié. Nous n’avons jamais dépassé ce stade.
Était-ce sa première demande ? Vous n’avez jamais pensé qu’il avait des sentiments pour vous ?
Oui, c’était la première fois et il ne m’a jamais non plus déclaré sa flamme. J’ai toujours pensé qu’il m’aimait bien sans plus.
Aujourd’hui, s’il y mettait les formes, seriez-vous prête à accepter de l’épouser ou à reconsidérer votre position ?
Pour être honnête, je ne suis pas amoureuse de Mor Dieng. Et pour me marier, il faut l’être. Je l’aime bien mais, ça s’arrête là.
Est-il revenu à la charge après sa demande de main ?
Si, hors antenne, il a essayé de me relancer; mais je ne lui ai pas répondu… IGFM