Ouf ! Hollande est parti ! par Matar Gaye

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Ouf ! Hollande est parti !
Le buzz autour de la visite du Président français à Dakar est burlesque, pour ses auteurs et commanditaires comme pour ses destinataires. Si c’est de l’ignorance pure ou de l’ingénuité, c’est pardonnable, peut-être. Si c’est encore de la Com’, cela ne vole pas haut de la part des thuriféraires et hagiographes. Trop cousu de fil …. blanc ! Si c’est de l’hypocrisie manipulatrice, il faut arrêter. Les fameux «Sénégalais » ne s’attendent certes pas à autre chose de la part des principaux « nouveaux-anciens » acteurs du paysage politique vis-à-vis de leurs inspirateurs, financiers et conseillers, mais il ne faut pas exagérer, on n’est pas dupe! Dans tous les cas, le Sénégal, (re)pris en otage par des réseaux occultes extravertis, est retombé en infantilisme attardé.
François Hollande aurait choisi notre pays pour ses beaux yeux ? Ce serait à lui de valider nos options et choix, même politiques ? Et tout le monde prépare sa liste de souhait pour le père Noel ? C’est lamentable de soi-disant élites, pitoyable, de la part de « Benno Bokk Yakaar » par exemple, de « se mobiliser » pour la visite de Hollande alors qu’on ne l’a pas entendu sur les urgences quotidiennes et à venir des Sénégalais (Programmes politique et économique, format de la société, inondations, mode et cherté de la vie, etc.). Mais, comme dit «Wolof Ndiaye » (ou Diop, Fall, etc.), « Koula abball ay beutteum, fou kou nekh ngay khol ! »
Non, messieurs les vendeurs de profils (les vôtres ou celui du « mieux-payant »), opportunistes, situationnistes et « griots » (anciens et nouveaux, traditionnels et, surtout, modernes, exposés ou dans l’ombre, dans la galaxie des « intellectuels», « militants », scribes et autres hérauts zélés piaffant d’impatience dans les antichambres et le sillage du Prince et de sa polygamique belle-famille : C’est de la diversion, reconnaissante, aux profit des deux maîtres et à leurs cours et basses-cours, mais la paie éventuelle (postes, avantages, voyages, …) est piégeuse et ne saura vous rendre heureux, au contraire.
Quoi qu’il en soit : On sait (devrait savoir) que la France n’est rien sans l’Afrique, de l’Ouest en particulier. Et son VRP en chef ne vient que consolider les acquis du (re)colonisation, histoire de juguler sa décadence et redresser la barre. Même si elle ne vaut pas /plus grand-chose sur l’échiquier de la compétitivité au plan international, elle avait en travers de la gorge de s’être vu enlever, chez nous aussi, la déférence, l’aéroport, le Bâtiment, le parc automobile de l’État, les soutiens diplomatiques, surtout le port ou la moitié des bénéfices d’0range, etc. etc., la liste des prébendes séculaires n’étant pas exhaustive. Après la Reconquête, longue et sanglante, de la Côte d’Ivoire, l’autre pied d’appui de la France sur le continent, c’était, n’importe comment, autour du Sénégal de Wade, l’insoumis à punir et à « dégager ». Avec le temps, la chose était devenue de moins en moins ardue avec une bête noire qui ne leur devait presque rien et, comble de lèse-majesté, continuait de leur tenir tête avec ses propos, options et postures décomplexés, certes, mais qui résistait mal à l’usure du pouvoir et des défis épars, multiples et parfois peu évidents et auto-provoqués, sur fond de vieillissement blasé et de de plus en plus solitaire. Au demeurant, intelligent et malin qu’il est (resté), il a dû comprendre que s’il gagnait à nouveau les élections, il aurait sans aucun doute, à terme, subi le sort des uns, au mieux, celui des autres dirigeants « sacrilèges » , au pire. Rappelons-nous : Ils ont déchiré l’Irak et tué Saddam Hussein, cherché à liquider Mugabé (comme ils l’avaient fait, en son temps, avec Sékou Touré, Lumumba ou Sankara), organisé les crises et révoltes contre les Mobutu, d’abord, Ben Ali et Moubarak, plus récemment, instruit et mené les guerres civiles contre les Kadhafi, Gbagbo, ATT (et, bientôt, Assad), etc., etc. Et pourtant : Tous ces gens, ils les avaient « fabriqués », entretenus et « soutenus » et imposés à leurs peuples tant qu’ils représentaient leurs propres intérêts, tant qu’ils faisaient leurs affaires. Sauf le Combattant de la libération et résistant zimbabwéen (dont le tour viendra, à coup sûr), tous ces dirigeants africains furent, très longtemps, des « amis » du « Monde occidental », mais, le pouvoir et le temps aidant, ils étaient devenus peu à peu moins obéissants ou opérationnels au vu des dividendes des réseaux et lobbys en tout genre qui tiennent lieu de de la « démocratie occidentale » qu’on veut nous vendre en douce (médias, « ONG », …) ou imposer, s’il le faut, par la déstabilisation, le chantage ou même la guerre.
Effectivement, avec le temps, et commettant des erreurs fatales (par exemple avec ses histoires de « Karim »), trop sensible aux chantages opportunistes de maîtres-chanteurs et autres rebuts de ses écuries (qui lui en voulaient à mort de les avoir chassés ou de ne les avoir pas servis à la hauteur de leurs appétits gargantuesques), Wade, leur épine au pied, ne pouvait plus échapper à la vengeance de l’armature économico-médiatique des intérêts néocolonialistes français et occidentaux et de leurs leviers locaux. Depuis 2000, et surtout 2006/2007, ils ont graduellement construit et coordonné des systèmes et stratégies tous azimuts, dans tous les secteurs et à tous les niveaux, pour recouvrer leurs « propriétés » dans ce qui était devenu, par les choix d’un homme, leur ex-arrière-pays, leur ex-pré-carré. En plein ouragan pseudo-mondialisant, il leur fallait récupérer leur bien, le Sénégal, et, dans cette perspective, la clé de voûte, dans une société semi-féodale culturellement mise à terre et vivant donc aux rythmes simultanés des valeurs, modernités et modèles des autres (Occident et Orient), c’était la création et l’entretien ad-hoc de médias et groupes des presse (en fait : de pression), dans leur exposition internationale comme interne, d’une part, mais surtout, parallèlement, l’entraînement, le financement et le soutien tous azimuts de porte-voix et bras armés alléchés et dévoués. Ce personnel autochtone de la reconquête, bien équipé, apprêté et sérié en différents plans (A, B, C, etc…), ce sont les « Y’en A Marre », « M23 » et autres « droits-d-e-l’hommistes », pour ce qui était de la façade et la crédibilité sociales, les Youssou Ndour, Niasse et Tanor et autres Macky Sall, pour la légitimation politique, avec aussi les girouettes ex-communistes. Ces derniers n’ont, certes, qu’une représentativité lilliputienne, mais ils ont développé des capacités de nuisance, ayant maîtrisé de leurs leçons marxistes-léninistes, par ailleurs mal apprises, l’essentiel des stratégies de subversion permettant de se garantir l’exclusivité des prébendes. C’était, depuis le début, du « Tout sauf Wade ! », les insignifiants et les battus devant se liguer derrière le mieux placé. Et même les ambassadeurs (celui de l’U.E, la dame qui représentait les États-Unis, Jean-François Ruffin, le Français, etc…) y ont travaillé au grand jour, au su et au vu de tout le monde. Comme d’habitude, et depuis l’Esclavage, avec les divers relais et chevaux de Troie en notre sein….
Pourquoi Macky Sall, à peine élu, s’est-il précipité chez Sarkozy, côté cour, ou plutôt « à Paris», côté jardin ? Pourquoi son gouvernement a-t-il comme charpente et colonne vertébrale les tenants, reconnus, du système financier et diplomatique français et européen, certains ayant même la nationalité des patrons ?
Non, François Hollande n’est pas « élu » pour nous aider, nous, peuples et pays africains, mais a été mis en avant pour arrêter la décadence de la France et rétablir l’influence et la suprématie de la France et, subsidiairement, de son système économique et socio-culturel. Sarkozy était trop maladroit dans ses impulsions, paroles et actes ; il fallait le remplacer par quelqu’un de moins lourdaud et de plus lisse. Normalement, c’était Dominique Strauss-Kahn, mais celui-ci fut piégé par son libido débridé. « Flamby », 3e larron chanceux (comme Macky Sall, entre Wade et Benno Siggil Sénégal), s’est vu échoir le …flambeau, ne fera donc rien de décisif pour nous, au contraire. Regardez bien les images ! Derrière Hollande, vous verrez les gens du CAC40 avec, pêle-mêle, les Bouygues, EDF, Peugeot-Citroën, Renault, RFI, Eiffage, Alcatel-Lucent, Alstom, GDF, Lagardère , Renault, Canal+, Saint-Gobain, Sanofi-Aventis, Total, Veolia, AXA, etc.., les BNP-Paribas (BICIS), Orange (France Telecom) et autre Société Générale ayant déjà formé notre gouvernement « à leur image » !
Il ne saurait en être autrement puisque, indépendamment de leurs personnes et de par leurs fonctions et positionnements sur les échiquiers, les uns comme les autres, gouvernants comme oppositions, Hollande comme Sarkozy, Bush ou Obama comme Romney, Ségolène Royal ou Valérie Trierweiler, côté people, etc.., etc. ne sont pas nos « amis » et ne le seront jamais. Loin de notre subjectivité et morale africano-islamico-chrétiennes, ils resteront des défenseurs des intérêts de leurs pays ou de ceux de leurs grands-électeurs, des acteurs et marionnettes du système qui les a placés et les fait fonctionner. Et ne nous faisons pas d’illusions, si leurs sacro-saintes bases économiques, (géo)politiques, énergétiques et militaro-industriels sont menacées, leurs amitiés et priorités aussi changent. C’est connu : Les États n’ont pas d’amis, et il ne peut y avoir de partenariat qu’horizontal, dans une stricte réciprocité.
Ont-ils ont raison de suivre le vent de leurs intérêts supposés et, pour cela, de vouloir nous faire prendre des vessies pour des lanternes ? Peut-être. Mais, nous, nous n’avons pas le droit de (re)tomber à l’infini dans les pièges du marketing politique, économique et culturel. C’est à nous de nous battre pour le bien-être et le destin de nos peuples, pour leurs véritables intérêts, si tant est qu’on les connaît vraiment. Et, aussi longtemps qu’on ne sera pas décomplexe et décolonisé dans les esprits et les cœurs et qu’on ne saura pas ce que, individus comme société, on veut vraiment, aussi longtemps qu’on continuera à nous complaire dans une hybridation extravertie, un croisement inaboutie entre Africain, Arabe, Américain, Européen et Asiatique, cela ira pour nous de mal en pis. Il n’y aura pas de messie, encore moins venant de l’extérieur.
Il ne faut donc compter ni sur Hollande, ni sur un autre, individu ou organisation ou pays, quels qu’ils puissent être. D’ailleurs, c’est un mépris de soi que d’attendre la sortie de ses difficultés, réelles ou inculquées, de ceux-ci qui en sont la cause décisive, de pays qui, des siècles durant, ont sucé le suc de nos sols et sous-sols et le sang de nos hommes. C’est indéniable : Sans la Traite négrière et les ressources humaines, minières et naturelles de l’Afrique, entre autres, il n’y aurait jamais eu de « Révolution industrielle » pour fonder le « développement » actuel des pays occidentaux. Après la décolonisation due à leurs défaites aux différentes guerres, mondiales aussi, leur perte d’influence politique et économique, et la mise à nue, par les Africains aussi, de leurs mystifications et impostures culturelles, c’est bien à la France que fut confié le rôle de Gouverneur ou tuteur de l’Afrique occidentale et centrale, aussi bien dans la division internationale du travail durant la Guerre froide que, à la chute du Mur, dans le processus de normalisation capitaliste du monde. Et, aujourd’hui plus que jamais, ils continuent de nous vider, derrière le rideau multilatéral et dans l’anonymat des actionnariats.
Tout cela veut dire que, pour les Africains, le seul principe qui vaille aujourd’hui, au vu de l’Histoire et du présent, c’est que nous serions bien inspirés de toujours faire exactement le contraire de ce que veulent / nous dictent les Occidentaux, les Français en particulier), sachant que nos intérêts bien compris ne sont jamais allés dans le sens des leurs. Sinon, nous resterons pour toujours la cinquième roue du l’évolution de l’Homme, les éternelles décharges, périphériques, de la France, de l’Europe et des autres. Hollande, incolore et inodore comme son hôte du jour, même les Français n’en veulent plus, déjà, moins de six mois après son élection, non, la « dés-élection » de Sarkozy ! Pitoyable pour le berceau de l’Humanité, alors que l’Afrique et le Sénégal n’ont rien à n’envier à personne pour faire les guerres des autres, parfois même contre leurs propres ressortissants!
Il ne devrait point s’agir, pour les vrais Africains, réveillés et conscients, de reproduire ou même d’accepter les projets verticalistes, dominateurs que nous distillent ou forcent les uns et les autres, Orient et Occident, aux différents plans politique, économique et, surtout, socio-culturel. Ce sont ces schémas et modèles exogènes, parfois rivaux, qui, portés par la bêtise primitive et la boulimie du pouvoir et du ventre chez certains d’entre nous, font, depuis un demi-millénaire, le lit de la prétendue pauvreté de l’Afrique qui justifie la perpétuation de son asservissement et l’exploitation éhontée de ses ressources, matérielles et humaines. Compte tenu des circonstances historiques, les habillages de marketing et les appellations de cette vassalisation ont pu / dû changer (« explorations », «missions», « civilisation », Traite négrière, « Commerce triangulaire », colonisation, « décolonisation », «Indépendances», « aide au développement», « dialogue Nord-Sud », « ajustements structurels » », « Françafrique », « mondialisation »/ « globalisation », « Société civile », « bonne gouvernance », « démocratisation », etc., etc…), mais, au bout du compte, c’est l’Afrique qui a perdu et qui perd(ra).
Qu’est-ce qu’ont de développant ou de « démocratique », un de leurs arguments de vente, les pratiques du FMI, de la Banque mondiale, de l’OMC, du Conseil de Sécurité, de la soi-disant «Communauté internationale » (en fait, les pays occidentaux détenteurs de véto à l’ONU) ? Que sont ces « institutions » d’autres que des instruments et exécutants des systèmes de domination et d’exploitation (des ténors) de ces pseudo-« grandes puissances » qui se sont faites sur le sang des autres peuples (Africains, Amérindiens, Asiatiques)?
Non ! Le Changement de notre sort ne viendra jamais du dehors, avec des sornettes et des tragédies comme le Franc CFA, la « Francophonie », etc. (Entre parenthèses : C’est à mourir de honte de voir notre ancien Président prendre en charge cette cause de diversion et d’assujettissement et continuer, malgré les humiliations, d’en porter servilement l’étendard, alors que notre « développement » ne pourra, jamais au grand jamais, se faire hors de nos langues maternelles et/ou sous-régionales). Le Changement de notre destinée doit commencer en et par chacun d’entre nous, dans nos divers cercles concentriques, alors que, comme Wade, Macky ou un autre, nous sommes, tous, contradictoires et indécis dans nos ambivalences, excessifs et trop impatients dans notre générosité et nos ambitions (personnelles), pressés par nos amplitudes inéluctablement déclinantes, empêtrés et perdus dans les pesanteurs, labyrinthes et impasses d’une société sénégalaise plus qu’enlisée et dont on ne pose pas, en public, les vrais problématiques.
Hollande parti, ceux-ci demeure(ro)nt plus que jamais, malgré les contorsions des communicateurs de tous bords voulant faire leur beurre en tentant d’expliquer l’inexplicable. Arrêtons avec les écrans de fumée !

Matar Gaye

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