Paternité du concept de la Renaissance africaine : Gadio renvoie Wade à ses cours d’histoire

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Sans le nommer, Cheikh Tidiane Gadio a fait état de son effarement par rapport à la déclaration de Wade attribuant le concept de la Renaissance africaine à Thabo Mbéki. Le Président l’avait dit au Cices, devant les enseignants concrétistes, juste avant qu’il ne parle de l’Eglise. 

L’Afrique et sa diaspora veulent rendre un hommage émérite à Alioune Diop, fondateur de la revue Présence africaine. Ce natif de Saint-Louis, qui s’est illustré à travers son engagement pour le devenir du continent noir, a toujours assumé son anticolonialisme et son antiracisme. Et pour révéler aux jeunes générations toutes les facettes de l’homme, le monde de la culture et des intellectuels, comptent célébrer le centenaire de sa naissance au mois de mai prochain. Présent à la rencontre d’hier organisée par les membres du comité d’organisation, l’ancien ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères Dr. Cheikh Tidiane Gadio a rappelé que Alioune Diop et Cheikh Anta Diop sont les principaux pères fondateurs du panafricanisme. Il n’a pas eu la chance de connaître personnellement l’éditeur de Présence africaine mais, la forme de panafricanisme qu’il mettait en œuvre, lui semble être celle qui est la plus appropriée. Ceci parce que chacun d’entre nous, dans son domaine, doit trouver son angle dans le combat global des peuples africains, pour leur dignité et surtout pour leur unité politique. Cheikh Tidiane Gadio estime qu’il est rare de trouver des Africains «aussi  peu égoïstes» que Alioune Diop, qui acceptent de mettre leur talent sous le boisseau, pour promouvoir les autres talents. Et si Alioune Diop n’existait pas ou n’avait pas créé Présence africaine,  peut être qu’on n’aurait jamais pu bénéficier de l’immense savoir de Cheikh Anta Diop, qui l’a d’ailleurs considéré comme son mentor.
Par ailleurs, l’ancien ministre des Affaires étrangères trouve que l’Afrique n’a pas rendu justice à Alioune Diop et c’est pourquoi, ce centenaire constitue une immense occasion pour réparer cette «erreur historique». Il a toutefois insisté pour signaler une autre «erreur historique» et là, il dit avoir «froid dans le dos et a très mal» lorsqu’on attribue au Président Thabo Mbecki – pour qui il a un immense respect -, la paternité de la Renaissance africaine. Une réponse servie à maître Wade sans qu’il soit nommé. Pour rappel, c’est le chef de l’Etat, Me Abdoulaye Wade qui, lors de sa rencontre avec les enseignants concrétistes déclarait : «Le concept de la Renaissance africaine a été surtout développé  par Thabo Mbéki, tout le monde le sait et nous nous sommes retrouvés entre nous en disant au fond, le renouveau de l’Afrique, il faut immortaliser ça par quelque chose», d’où le monument de la Renaissance… (Voir Le Quotidien 2092 du samedi 2 janvier).
Donc, pour Cheikh Tidiane Gadio, c’est une immense «tristesse» car les acteurs sont encore là et on se permet d’oublier «volontairement». Il avance qu’il est incontestable de dénier la paternité de ce concept à Cheikh Anta Diop et Alioune Diop qui restent les véritables pères de la Renaissance africaine. Et lorsqu’on dit que dans les années 1990 Tabo Mbéki a évoqué la Renaissance africaine, on oublie que c’est en 1948 que Cheikh Anta Diop a produit un texte sur ce concept, «ce n’est pas bien», martèle l’ancien ministre.  Et Gadio de rappeler que face à Hegel qui disait que les Africains n’avaient ni culture ni civilisation, le débat culturel s’imposait et ce n’est pas étonnant que Cheikh Anta Diop ait titré sa première œuvre Nation, négres et culture. Il est d’avis que les chefs d’Etat africains n’ont pas tenu leur rôle par rapport à l’immensité de l’œuvre de Alioune Diop. Il a critiqué les intellectuels sénégalais et africains d’aujourd’hui qui, parlant de la Renaissance africaine, disent que le concept de Renaissance africaine revient à Thabo Mbéki. «Il ne lui appartient pas et il ne l’a pas réclamé», précise-t-il. Et d’enchaîner que la Renaissance africaine est un concept «tellement sérieux qu’il ne faudrait pas aussi tout ramener à une statue ou un monument». Pour lui, «vu la façon dont le débat est parti, et les aspects négatifs qui l’entourent, on risque de noyer un concept central pour la survie des peuples africains». Ainsi, il cite les exemples de la Chine, de l’Inde, du Brésil, de l’Amérique et de l’Europe qui ont réussi leur Renaissance. Il n’y a que l’Afrique qui en est encore à ce stade, et ce continent a absolument intérêt à son unité politique et à sa renaissance. Et revenant sur la cible principale de ce centenaire qu’est la jeunesse, Cheikh Tidiane Gadio est contre ceux qui disent que la jeunesse africaine ou sénégalaise est désorientée, ou désaxée. Désorientée par rapport à quel repère, s’interroge-t-il. Car, c’est presque un combat perdu d’avance que de vouloir résister à la mondialisation et heureusement que bien avant la classe politique et les dirigeants, la jeunesse a compris les enjeux qui se posent à elle et s’engage à fonds. Maintenant, est-ce que nous lui avons donné les armes nécessaires pour apporter une grande contribution ? C’est toute la question qu’il se pose.
Par ailleurs, sur un autre registre, l’ancien ministre des Affaires étrangères dit soutenir la candidature de Aziz Sow, qui brigue la présidence de la Commission de la Cedeao.

lequotidien.sn

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