Que devient-il ? Racine Kane – SEIB

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Le jumeau de Roger Mendy

L’axe central chez les «Lions» a longtemps été une histoire de duos mythiques. Au début des années 1980, Racine Kane et Roger Mendy constituèrent l’une des meilleures paires qui ait pu exister. Tous talentueux. Roger était spectaculaire, Racine efficace.

Depuis 1987 qu’il vit en France, ses séjours au Sénégal sont partagés entre les affaires et les vacances. Quand vous tombez sur Racine Kane, de séjour au pays depuis le 18 août dernier, la reconnaissance est facile. L’allure sportive lui est restée, les traits sont demeurés. On se dit qu’avec Roger Mendy, il y a encore de quoi faire une belle paire, pour un match de vétérans, et se rappeler l’excellence de leur duo qui avait fait le bonheur de la sélection nationale dans les années 1980.

Roger-Racine, c’est la continuation des paires constituées dans la «Tanière» par les regrettés Moustapha Dieng-Issa Mbaye dans les années 1960, puis Malick Diallo-Assane Mboup du début des années 1970 et Diakhou Gaye-Oumar Diop à la fin de cette décennie.

L’ex-joueur de la Seib de Diourbel (devenue Sonacos) se rappelle : «Nous étions tous les deux aussi bons sur l’homme que sur les balles hautes. Nous étions rapides, avec de bons jugements sur les trajectoires de balle. Au début, on se parlait beaucoup sur le terrain. Au fil du temps, on est parvenu à jouer ensemble sans piper mot. On pouvait même le faire les yeux fermés. La confiance était totale entre nous. Roger était un excellent libero, spectaculaire et efficace. Jusqu’à présent, je n’ai pas encore vu un défenseur central pouvant l’égaler à ce poste.»

Dans ces mêmes colonnes, Roger Mendy confiait : «Racine et moi, nous nous complétions sur tous les plans. C’était un stoppeur à 100 %, avec de belles qualités techniques. Il était dur sur l’homme, mais pas du tout méchant. C’était un joueur de devoir, sérieux à l’égard de tout le monde.» (voir «Que devient-il ?» de Walf Sports n°1363 du mardi 27 juillet 2010).

Racine Kane était bien bâti pour son poste, avec ses 186 cm pour 82 kg. Excellent sur les balles aériennes, efficace au sol, il avait le jeu propre et sobre. Différent de ces footballeurs qui ont navigué à tous les postes avant de se fixer quelque part, il n’a jamais connu rien d’autre que défenseur central. «Quand on était enfant et qu’on jouait dans les rues de Kaolack, personne ne voulait du poste. Je m’y mettais toujours et je ne l’ai plus jamais quitté». Quand on commence à le remarquer au sein du Real de Kasnack, dans le cadre des «navétanes», il n’a que 14 ans. Les cadets de l’équipe sont alors sous la houlette d’un certain René Diouf. La précocité du bonhomme, né le 27 février 1960, est telle que, la saison suivante, l’Asc Melax procède à son double surclassement pour le faire évoluer en seniors alors qu’il n’était pas encore junior.

Sa carrière dans les «navétanes» a laissé des traces indélébiles à Kaolack. Avec notamment un triplé zonal, départemental et régional, lors de la saison 1976-1977 au sein de Tandem, nouvelle appellation du Real. Racine Kane fait alors partie d’une jeune génération qui allait marquer le football sénégalais, constituée des Gora Bèye, Chérif Kandji, Mass Faye, etc. Leurs classes, ils les feront au Mbossé de Kaolack, à l’ombre des Babacar Thiam, feu Mamour Badji, Adama Pouye et consorts. «L’esprit était bon et ça jouait bien. Malheureusement, nous ne disposions pas de moyens financiers et matériels pour pouvoir rivaliser avec les grands clubs».

Au cours d’un tournoi interrégional, feu Youssou Touré remarque Racine Kane et veut l’enrôler pour la Seib. L’affaire foire une première fois. «Chérif Kandji avait réussi à me dissuader. La proposition était belle, mais il nous était difficile de quitter le Mbossé». Mais le technicien diourbellois n’en démord pas et en 1980, c’est Racine… et Chérif Kandji qu’il embarque. Avec la présence de ce dernier, il se retrouve obligé à faire banquette pendant un moment. «Je jouais quand il y avait des blessés, mais c’est surtout un moment que j’ai mis à profit pour renforcer ma musculation».

C’est en 1982, quand Chérif Kandji quitte la Seib pour le Jaraaf, que la voie se libère pour Racine Kane. Une belle épopée s’ouvre alors, qui voit l’équipe diourbelloise s’offrir trois titres de champion du Sénégal (1980, 1983 et 1987). C’était la génération des Ass Birane Cissé, Lamine Ndiaye, Karim Sèye, El Hadj Mamadou Keïta, feu Félix Gomis, Mor Diaw «Bonhof», etc. «Nous étions en avance par rapport aux autres clubs. Engagés par l’entreprise (Ndlr : l’usine Seib) nous évoluions dans des conditions de professionnels», avoue-t-il.

Durant ces périodes où la Seib plane sur le football sénégalais, Racine Kane démarre sa carrière internationale. Notamment avec la 4e édition du Tournoi Amical Cabral, au Cap-Vert, en 1982. Dans l’axe central, il évolue avec Oumar Touré de la Police, alors que Roger Mendy faisait latéral droit et Abdoulaye Bâ du Jaraaf latéral gauche. Les «Lions» perdent en finale devant la Guinée (3-0) mais pour Racine Kane, c’est le début d’un bail qui culmine avec la qualification à la Can-1986. Le Sénégal retrouvait cette compétition 18 ans après la dernière participation en 1968.

A terme, la déception fut énorme avec une élimination au premier tour. «Nous avions une équipe capable de remporter la Coupe d’Afrique. On a tout raté à cause des failles dans la gestion du groupe…». C’était l’équipe des Thierno Youm, Amadou Diop «Boy Bandit», Oumar Guèye Sène, Boubacar Sarr «Locotte», feu Jules Bocandé, Pape Fall, Cheikh Seck, etc.

C’est la seule Can disputée par Racine Kane. En 1990, pour l’édition algérienne, une double fracture à la mâchoire l’élimine. Il jouait alors à Brest, en Ligue 1. Il rate aussi Sénégal-1992 à cause d’une opération chirurgicale au genou gauche. Cette blessure sonnera d’ailleurs le glas pour sa carrière. «J’avais le genou abîmé au niveau du cartilage. C’était le fait de nombreux sacrifices. J’ai souvent joué en me faisant faire des infiltrations, pour ne pas rater certains matches importants», se désole-t-il.

Quand il quitte le Sénégal en 1987, c’est Metz (Ligue 1) qu’il intègre d’abord. L’équipe remporte la Coupe de France contre Sochaux (1-1, 5 tab 4) mais un genou récalcitrant le prive de cette fête. Brest, qui venait de descendre en Ligue 2, l’invite à participer à l’aventure de la remontée. Chose faite. Pendant quatre ans, il évoluera sous les couleurs de Brest jusqu’en fin 1991. Ce fut l’une des plus belles périodes du club avec des joueurs comme le Paraguayen Salvador Cabañas et le Yougoslave Dragisa Binic. Et Racine assurait derrière, jusqu’à ce que son genou dise non…

Mamadou Pascal WANE

Légende : L’équipe nationale du Sénégal au cours des années 1980. Debout de gauche à droite : El-Hadji Mamadou Keïta, Makhou Niass, Cheikh Seck, Salif Diallo et Racine Kane. Accroupis : Abdallah Sakheli, Moussa Diop «Quenum», Moussa Ndaw, Adolphe Mendy, Moustapha Diagne et Boubou Ndiaye.

walf.sn

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