J’aurais pu m’abstenir. Le grand Samba Laobé Dieng a dit avec brio, talent, justesse et avec des mots touchants, ce qu’était Yandé Codou Sène : « la voix chaude, caverneuse et mélodieuse qui titille délicatement nos oreilles ».
Sa voix de contralto rappelait le Sénégal des profondeurs, perçant les mystères du village et berçant son univers. Comme le rythme des coups de pilon de l’aube des jeunes femmes sérères, elle égayait nos oreilles et nous plongeait dans l’ambiance nocturne du terroir sérère : contes, anecdotes…
Sa voix était porteuse de vertus et de valeurs. Une voix exaltant la dignité, la fidélité, la bravoure et le courage, l’art de vaincre, qualités des anciens rois sérères.
Plus qu’une cantatrice sérère, elle fut celle du Sénégal tout court.
La grande voix s’est éteinte. On ne l’entendra plus. On est orphelin.
Mère Yandé, que la terre de Somb où s’est livrée une des plus grandes batailles de l’histoire du Sénégal opposant Bour Sine Coumba Ndoffène Diouf et Maba Diakhou Ba te soit légère. Amiin !