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Sénégal, le péril démocratique

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En reportant la date du prochain scrutin présidentiel, le chef de l’État Macky Sall plonge le Sénégal dans la crise politique.

Le climat politique au Sénégal s’est brusquement tendu après l’annonce par le président Macky Sall, samedi 3 février, d’un report sine die de l’élection du 25 février, qui devait désigner son successeur. Des opposants ont appelé à manifester ce dimanche soir. Des émeutes sont à craindre. Cette tension fragilise un pays qui s’est imposé depuis son indépendance en 1960 comme un pôle de stabilité en Afrique de l’Ouest.

Le chef de l’État doit d’urgence clarifier la situation. Il a argué d’un « différend entre l’Assemblée nationale et la Cour constitutionnelle » pour justifier sa décision. Mais son geste semble surtout traduire la panique du camp présidentiel à l’approche du scrutin. Amadou Ba, actuel premier ministre et candidat désigné par Macky Sall, ne parvient pas à s’imposer. Sa longue carrière de haut fonctionnaire et son aversion pour les stratégies de communication ne le favorisent pas vis-à-vis d’un électorat jeune et grand consommateur des réseaux sociaux – l’âge médian des Sénégalais se situe autour de 20 ans.

Des putschs dans les pays voisins

Le scrutin doit toutefois se tenir. Le pays semble à un carrefour dans son exercice de la démocratie, amorcé sous la figure tutélaire de Léopold Sédar Senghor. Toutes les alternances politiques ont été jusqu’ici réussies, en dépit de certaines poussées de fièvre. Mais la compétition électorale échappe de plus en plus aux partis classiques, et l’exemple de pays voisins, où de nouvelles générations prennent le pouvoir à la faveur de putschs, nourrit l’instabilité.

Le Sénégal s’est développé depuis quarante ans grâce à une continuité de l’État et une adhésion aux valeurs démocratiques qui ont favorisé les financements de bailleurs internationaux. Si cette stratégie est interrompue, les difficultés économiques et sociales pourraient s’accroître. Les responsables politiques doivent s’entendre pour donner toute sa force et sa légitimité à la compétition électorale.

La Croix, Editorial de Jean-Christophe Ploquin

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