Si Amilcar Cabral vivait, il aurait soufflé ses 88 bougies Par Allen Yéro Embalo

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Amílcar Cabral est né en Guinée portugaise (à Bafatá) le 12 septembre 1924 de parents originaires du Cap-Vert. Il part étudier l’agronomie à Lisbonne où il demeure jusqu’en 1952. Il y côtoie des militants de la libération des colonies africaines de l’empire colonial portugais. Certains de ces militants deviendront des meneurs de la lutte indépendantiste en Afrique lusophone, occidentale et australe, tels Mario de Andrade, Agostinho Neto, Viriato da Cruz (qui deviendra le Premier secrétaire du MPLA) tous les trois en Angola, Eduardo Mondlane (fondateur du Frelimo, Mozambique), Marcelino dos Santos et Vasco Cabral.
De retour en Guinée-Bissau comme agronome, il entend contribuer à améliorer les conditions de vie son peuple et mettre fin à la domination brutale du colon portugais.
En 1956 il fonde, avec Luís Cabral, son demi-frère (futur président de la République de Guinée-Bissau), Aristides Pereira (futur président de la République du Cap-Vert), Abilio Duarte (ancien président de l’Assemblée nationale du Cap-Vert), Eliséo Turpain, Rafael Barbosa, le PAIGC, organisation alors clandestine. Le PAIGC se bat contre l’armée portugaise sur plusieurs fronts à partir des pays voisins, la Guinée Conakry notamment et la Casamance, province sud du Sénégal. Il parvient peu à peu à contrôler le sud du pays, mettant en place de nouvelles structures politico-administratives dans les zones libérées. « Personne ne peut douter, parmi notre peuple, comme chez tout autre peuple africain, que cette guerre de libération nationale dans laquelle nous sommes engagés n’appartienne à l’Afrique tout entière », déclarait il. Parallèlement, Amílcar Cabral déploie une activité diplomatique très intense pour faire connaître son mouvement et en légitimer l’action auprès de la communauté internationale, et en 1972 les Nations unies finissent par considérer le PAIGC « comme véritable et légitime représentant des peuples de la Guinée et du Cap-Vert ».
Amílcar Cabral est assassiné le 20 janvier 1973 à Conakry (Guinée-Conakry), six mois seulement avant l’indépendance de la Guinée-Bissau. Ses assassins sont des membres de son parti, vraisemblablement manipulés par les autorités portugaises et bénéficiant de complicités au plus haut niveau dans l’État guinéen. Amilcar Cabral ne verra donc jamais la reconnaissance de l’indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert par le Portugal, le 24 septembre 1974, cause pour laquelle il a combattu pendant plus de vingt ans.
Pendant l’enquête destinée à faire la lumière sur l’assassinat, Ahmed Sékou Touré a fait disparaître toutes les pièces à conviction en se contentant d’accuser le Portugal (le général António Spínola et la PIDE, police politique portugaise). Les meurtriers de Cabral ont motivé leur geste par le fait de la domination des métis et de leur accaparement du pouvoir. Amilcar Cabral était un exemple de métissage culturel, mais la proximité de son frère Luis, métis biologique et celle de l’élite capverdienne constituaient une preuve de la position ambiguë du leader de la révolution. Sékou Touré a peut-être joué un rôle dans l’attentat, mais on sait qu’il avait toujours critiqué la mainmise des Capverdiens sur les structures dirigeantes de la Guinée-Bissau. En outre, on sait aujourd’hui qu’un projet de Grande Guinée existait et était débattu entre Bissau et Conakry, qui se sentaient proches idéologiquement (socialisme) et sociologiquement. Ce projet a été combattu par les Capverdiens jusqu’à leur éviction car il promettait la suprématie des Noirs. Avec la mort de Sékou Touré en 1984, ce projet a été oublié.

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