Un soulèvement populaire comme en Tunisie est « probable » au Soudan, plus vaste pays arabe sur le point de la partition et en proie à une inflation galopante des denrées alimentaires, a déclaré lundi à l’AFP le chef de l’opposition islamiste, Hassan al-Tourabi.
« Ce pays a connu d’autres soulèvements populaires dans le passé, ce qui est s’est passé en Tunisie est un rappel.Il est probable que cela se produise au Soudan, si cela ne se produit pas il y aura un bain de sang, car le pays entier est armé », a déclaré M. Tourabi.
Un soulèvement populaire en Tunisie a conduit vendredi à la chute du président Zine El Abidine Ben Ali.Le Soudan a connu deux soulèvements populaires ayant renversé le pouvoir militaire, en 1964 et en 1985.
Hassan al-Tourabi est de son côté considéré comme l’architecte du coup d’Etat militaire, soutenu par les islamistes, ayant porté au pouvoir en 1989 Omar el-Béchir.Les deux hommes ont coupé les ponts dix ans plus tard, et M. Tourabi a fondé un parti d’opposition, baptisé le « Congrès populaire ».
Le Soudan, plus grand pays du monde arabe et de l’Afrique, est menacé de partition après le référendum d’indépendance du Sud du pays. »La population est sous le choc, elle vraiment préoccupée par la désintégration du pays », a ajouté M. Tourabi.
Dans le Nord-Soudan, le gouvernement, confronté à des difficultés financières, a été forcé de couper les subventions d’Etat à des produits alimentaires de base, une décision mal reçue par une partie de la population.
« Le Soudan n’est pas un petit pays comme la Somalie, il est exposé à un risque de chaos pire qu’en Somalie », a soutenu cheikh Tourabi (78 ans), soupçonné par le gouvernement de liens avec le Mouvement pour la justice et l’égalité (JEM), le plus militarisé des groupes rebelles du Darfour, région du nord-ouest du Soudan théâtre depuis huit ans d’une guerre civile complexe.
La population au Soudan « ne fait pas de manifestations, elle se bat », a-t-il affirmé. »Je suis convaincu que s’il y a un soulèvement populaire ici, la région du Darfour sera active », a ajouté M. Tourabi, qui a été écroué à plusieurs reprises depuis dix ans pour ses déclarations flamboyantes.
AFP