Thiat libéré : Ousmane Ngom frôle l’humiliation

Omar Cyrille Touré alias Thiat a été libéré hier et reste à la disposition de la Justice. Au bonheur de ceux qui réclamaient sa libération mais aussi de l’instigateur de cette affaire qui risquait de buter sur un obstacle majeur pour continuer cette procédure : Le procureur de la République n’était pas dans les dispositions de signer un mandat de dépôt en cas de déferrement pour n’avoir pas été mêlé à cette garde-à-vue de plus de 24 heures dans les locaux de la Police centrale.

Omar Cyrille Touré alias Thiat a été libéré hier à 23 heures. Après plus de 24 heures de garde-à-vue, il lui est demandé de rester à la disposition de la Justice. C’est alors un homme serein qui a re­trou­vé ses camarades pour une séance de débriefing. Joint au téléphone, Fadel Barro coordonnateur du mouvement indique qu’il est encore tôt pour crier victoire, car cette épreuve qu’ils viennent de traverser est juste une volonté de ralentir leur campagne «dass fanal» pour une inscription massive des jeunes sur les listes électorales en vue de la Présidentielle de 2012.

Mais, affirme M. Barro, la mobilisation de tous les jeunes du pays a permis cette libération de Thiat «qui en réalité n’a rien fait». Quoi qu’il en soit, M. Touré était devenu une patate chaude pour le ministre de l’Intérieur, et la journée d’aujourd’hui aurait été riche en rebondissement si Thiat n’avait pas été libéré. En effet, le jeune rappeur allait faire, ce mercredi à 17 heures, 48 heures entre les mains des inspecteurs de la Division des investigations criminelles (Dic). Il aurait alors fallu prolonger la garde-à-vue ou le déferrer. Or, des interlocuteurs très au fait de cette affaire informaient hier que le procureur de la République M Ous­mane Diagne, avait dégagé toutes ses responsabilités par rapport à l’interpellation de Thiat, pour n’avoir donné aucune réquisition écrite à cet effet.

Bizarre ! Car seul le Parquet ou un juge d’instruction peut ordonner un mandat d’amener. Nos sources confirment seulement que le procureur Ousmane Diagne n’a pas été très enclin à donner suite à l’appel du ministre qui, lui instruisait de faire arrêter ce membre très actif du mouvement Y’en a marre. Ce serait alors sur la base d’une instruction orale que les éléments de la Dic ont débarqué au Quartier général de ce mouvement pour interpeller Thiat. D’ailleurs, nos sources précisaient que le procureur était dans l’expectative de voir la conduite des limiers à l’expiration du délai de garde-à-vue.

De l’avis de nos interlocuteurs, le procureur n’était pas dans les dispositions de déferrer Thiat, au cas où le dossier aurait été transmis au parquet. Ce qui aurait été l’humiliation pour le ministre de l’Intérieur Ousmane Ngom dont les hommes ont réussi un coup de bluff lundi et mardi dernier. En effet, au moment où les jeunes militants et sympathisants de Y’en marre ont délocalisé leur siège au palais de Justice, les policiers enquêteurs eux se sont déplacés à la Police centrale de Dakar pour auditionner Omar Cyrille Touré.

Ce qui explique l’inquiétude de ses camarades qui étaient sans nouvelles, malgré leur pied de grue à la Brigade des affaires générales (Bag) de la police judiciaire, sise au Palais de justice de Dakar. D’ailleurs, au moment de faire face à la presse, le coordonnateur du mouvement Y’en a marre, le journaliste Fadel Barro disait : «A l’heure où je vous parle, nous ne savons pas où se trouve notre camarade Thiat. Nous avons vérifié au niveau du Commissariat central où il était en garde-à-vue, mais les limiers ont fait savoir qu’il n’était pas sur les lieux.  Donc, normalement, Thiat devait être devant les enquêteurs de la Brigade des affaires générales ou devant le maître des poursuites», c’est-à-dire le procureur. De quoi ruer dans les brancards pour tenir «le gouvernement responsable de tout ce qui arrivera», à Thiat dont les camarades dénoncent une «instrumentalisation de la Division des investigations criminelles (Dic), en tant que police politique».

De toute façon, en attendant la version officielle, Omar Cyrille Touré a eu à répondre des propos tenus lors du rassemblement de samedi dernier à la Place de l’Obélisque, selon lesquels une vieille personne de 90 ans qui ment ne mérite pas de diriger le Sénégal. «On ne veut pas d’un président menteur», disait le rappeur.
lequotidien.sn