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WADE, SES PAIRS ET LE SOMMET DE LA CEDEAO Les petits secrets d’Abuja

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Lors du Sommet de la Cedeao avant-hier, le Ghana a attendu la dernière minute pour sortir sa botte secrète et propulser Victor Gbeho à la tête de la présidence de la Commission. Comme l’a affirmé hier le ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères, Me Madické Niang, il n’y a eu ni vainqueur ni vaincu à Abuja. Me Wade, d’ailleurs, s’est rangé derrière son homologue ghanéen, lorsque ce dernier a interpellé les chefs d’Etat sur cette question. N’empêche, comme à son habitude, le chef de l’Etat sénégalais n’a pas manqué de mettre les pieds dans les plats de ses pairs.

Revenu d’Abuja dans la nuit du mardi au mercredi vers 1 heure du matin, Me Abdoulaye Wade, qui a pris part au 37e Sommet de la Cedeao, a affirmé, parlant de la candidature sénégalaise à la Cedeao, qu’il n’y avait pas finalement eu d’élection. Comme nous l’écrivions, d’ailleurs, c’est le ghanéen Victor Gbeho qui a été nommé par les chefs d’Etat pour terminer le mandat de quatre ans du président de la Commission de la Cedeao, Mohamed Ibn Chambas, qui va occuper le mois prochain le poste de secrétaire général de l’Organisation des pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (Acp). C’est le mois prochain que Gbeho prendra fonction et ce n’est qu’en décembre 2010 qu’il quittera le poste. Selon des sources diplomatiques, c’est en juin prochain que les candidatures seront lancées pour le remplacer, lors d’élections qui se tiendront durant le même mois de son départ.

Le Sommet s’est tenu en présence des présidents Blaise Compaoré du Burkina Faso, Boni Yayi du Bénin, Pedro Pires du Cap-Vert, John Atta- Mills du Ghana, Goodluck Jonathan du Nigeria (président intérimaire), Abdoulaye Wade du Sénégal, Ernest Koroma de la Sierra Leone, Bacai Sanha de la Guinée-Bissau, Ellen Johnson-Sirleaf du Liberia et Faure Gnassingbe du Togo. La Gambie, en raison de sa fête de l’indépendance, était représentée par son vice-président.

De sources diplomatiques, on apprend que le Ghana a gardé, jusqu’à la dernière minute sa botte secrète. C’est seulement lorsque la question de l’élection du remplaçant de Chambas a été soulevée que John Atta-Mills a pris la parole pour indiquer à ses pairs que cette élection ne pouvait pas se faire. Avant de livrer une explication simple : « c’est le Ghana qui a été élu et non Chambas. Donc, il est logique que notre pays termine son mandat ». Pourtant, Wade et Blaise Compaoré étaient venus avec leur candidat pour le poste. C’est dire que, jusqu’à cet instant, aucun accord n’avait été trouvé entre les deux pays, malgré les tractations.

« Certains disent que je suis un homme pressé, je ne le refuse pas »

Alors que certains chefs d’Etat s’interrogeaient sur le bien-fondé ou non des arguments du Ghanéen, Me Wade, après réflexion, a pris la parole. Les mêmes sources diplomatiques renseignent qu’il a ainsi…défendu la position de son homologue ghanéen. Après avoir indiqué qu’il avait un candidat en la personne de Aziz Sow, le chef de l’Etat sénégalais a estimé que, « comme le Ghana est toujours avec nous », cette élection n’avait pas lieu d’être. Avant de demander à ses pairs d’accepter la réalité et d’« attendre la fin du mandat ghanéen ».

Cette page fermée, le Président sénégalais n’a pas dérogé à sa réputation de mettre les pieds dans les plats de ses pairs.

Ce fut le cas sur la question des « dossiers » africains. A ceux qui le présentent comme un homme pressé, Wade répond qu’il ne refuse pas cette étiquette. Mais, dit-il, s’agissant des questions africaines, notamment les crises, il adopte une autre démarche. Plus précis, le chef de l’Etat sénégalais dira que dans ces cas-là, il ne marche pas sur le même tempo que les Européens. Pour dire à ses pairs que ce n’est pas aux Européens de fixer en cas de crises, la date d’organisation des élections, les délais…

Pour lui, la Cedeao doit prendre le temps nécessaire pour le règlement des crises et refuser de subir le dikkat des pays européens. Même s’il a souligné avoir une posture vis-à-vis du dossier guinéen, le Président Wade a indiqué qu’il soutenait la médiation de Compaoré, non sans suggérer à ses pairs de « parler avec tout le monde » dans le règlement des conflits. Dans le même registre, le chef de l’Etat a félicité le Président par intérim du Nigéria, pour avoir, selon lui, bien conduit les travaux. Une « épine » lancée sous les pieds de certains de ses pairs qui, se fondant sur l’indisponibilité du Président Umaru Yar’Adua hospitalisé en Arabie saoudite, avaient demandé que le Nigéria soit débarqué de la présidence de la Cedeao. Ce à quoi le Président sénégalais s’était opposé.

Abdusalami Abubakar échoue, Wade aux commandes

Le Sommet n’a pu résoudre la crise nigérienne, le gouvernement et l’opposition campant fermement sur leurs positions, en particulier sur la proposition de former un gouvernement intérimaire faite par le médiateur, l’ex-chef de l’Etat nigérian, Abdusalami Abubakar. Un échec sanctionné par la Cedeao qui a confié le rôle de médiateur à Abdoulaye Wade, comme l’a d’ailleurs révélé hier le ministre conseiller Mamadou Bamba Ndiaye. Il travaillera sur ce dossier avec l’ancien médiateur. Wade ne risque pas d’avoir la tâche trop difficile. Déjà, il avait reçu peu avant le Sommet de l’Union africaine (Ua), une délégation de l’opposition nigérienne à Dakar, avant de prendre contact avec son homologue, lors d’une escale au Niger.

Cheikh Mbacké GUISSE

lasquotidien.info

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