« La justice m’a assassiné »*

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« Je fais confiance à la justice de mon pays ». Cette belle hypocrisie sort parfois de la bouche de beaucoup de Sénégalais qui n’ont pas encore subi les foudres des juges. Une fois qu’ils ont été attraits devant les tribunaux, ils se rendent compte, que ces tribunaux ne présentent aucune garantie d’indépendance par le biais des juges qui les animent. Cela est encore plus vrai, quand les citoyens attraits devant eux sont opposés devant le prétoire au pouvoir ou à des puissants qui ne lésinent sur aucun moyen pour obtenir les décisions qu’ils souhaitent, même si de telles décisions doivent être rendues au mépris de la loi et de l’indépendance des magistrats.

L’histoire de l’entrepreneur Bara Tall en est une parfaite illustration. Ce dernier pourrait être assassiné par la justice. Un assassinat en préparation, depuis au moins cinq ans, sur commande ferme du pouvoir. Il n’a pas été la première victime des juges, il ne sera certainement pas le dernier. Certes ! Seulement, la liquidation de cet homme d’affaires, va entraîner dans son sillage la faillite d’une grande entreprise sénégalaise qui emploie plus de trois mille personnes et qui fait la fierté de beaucoup de compatriotes. Les commanditaires de son assassinat n’en ont cure, car pour eux les intérêts de ce pays passent après les leurs. L’entreprise Jean Lefebvre Sénégal a été au cours de ces dix dernières années l’un des symboles les plus marquants de l’entreprise de déconstruction, pour ne pas dire de destruction tous azimuts, à laquelle se livre depuis son installation au pouvoir, le régime du président Abdoulaye Wade. La période de croissance de Talix Group a coïncidé avec l’arrivée au pouvoir du président Abdoulaye Wade. Bara Tall devient son chouchou, l’exemple à montrer aux Sénégalais et aux Africains de manière générale. Le baiser de la mort ?

Pour des raisons politiques liées à sa soif inextinguible de liquider son ancien Premier ministre, Idrissa Seck, le chef de l’Etat lui-même, aidé en cela par son fils, a décidé depuis 2004 de ruiner Bara Tall soupçonné par le biais de son entreprise, JLS, de soutenir le maire de Thiès. Sans finesse, ni élégance, contre vents et marées, les autorités emploient tous les moyens avec la certitude de tuer un jour et définitivement Talix Group. La Justice avait été déjà sollicitée pour donner un cachet respectable à l’entreprise de destruction. C’est ainsi qu’elle jeta en prison, pour trois mois, celui dont le seul tort aura été de ne pas donner sa caution au projet sordide de liquidation politique de l’ancien Premier ministre Idrissa Seck. L’affaire est tellement fallacieuse et l’accusation tellement erronée que le pouvoir et le Parquet semblent avoir du mal à s’accorder sur la manière de procéder. Cette histoire loufoque de prétendues surfacturations qui sert de base légale à la tentative de liquidation définitive de Bara Tall est comme qui dirait, au regard des débats qui ont eu lieu au cours de son procès et même après, une patate chaude placée entre les mains de la justice. Quoi qu’il en soit, les autorités politiques et judiciaires semblent décidées avec ce procès à porter l’estocade au patron de JLS. Ils veulent le ruiner financièrement et l’anéantir psychologiquement. Aujourd’hui, tout semble indiquer que le verdict attendu pourrait définitivement sceller l’aventure JLS au Sénégal.

Le procureur demande aux juges d’ordonner à Bara Tall de rembourser à l’Etat quinze milliards FCfa, de décider de la confiscation de ses biens et de le jeter en prison pour cinq ans. La détermination des autorités à régler le sort de l’homme d’affaires, coupable d’avoir refusé de prêter son concours à une entreprise de liquidation d’un adversaire politique, est une folie qui montre de façon nette l’irresponsabilité du pouvoir et la rancune tenace de certains de ses premiers responsables. La Justice est ainsi utilisée pour arbitrer partialement un différend politique qui ne la concerne nullement. On espère seulement, sans trop le croire, qu’elle aura cela à l’esprit au moment de rendre sa décision. La non soumission stricte des juges à toute sorte de pouvoir, quel qu’il soit, y compris le pouvoir exécutif, est une composante essentielle de l’Etat de droit. Sans cette indépendance, qui fait que les magistrats ne se prononcent qu’en leur âme et conscience sans subir, conformément aux prescriptions de la loi, on ne saurait parler d’Etat de droit. Malheureusement, nous sommes, au Sénégal loin d’une telle réalité.

La Gazette est assez bien placée pour en parler. De nombreux autres citoyens ayant injustement subi les foudres des juges peuvent également en témoigner. C’est le cas de ce citoyen qui finalise un manuscrit qui paraîtra bientôt sous forme d’ouvrage autobiographique au titre parlant : « la justice m’a assassiné ».

• Titre d’un ouvrage autobiographique à paraître

La Rédaction

lagazette.sn

 

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