Non professeur, en religion, il n’y a que deux « possibilités »… en politique et en démocratie plusieurs Par Tafsir Ndické DIEYE

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Lorsque la foi choisit d’être avec le Seigneur, il exclut toutes accointances avec Satan et se met en demeure de le combattre avec les armes mises à sa disposition par les enseignements de sa religion. Nous voyons que sur ce plan, chaque religion révélée donne des directives précises,  des verdicts sans appel : ou on est avec son Dieu ou on est avec Satan le banni ; parce que la parole divine ne se discute pas, elle se transmet et s’applique à la communauté croyante dans son vécu au quotidien. Ici la contravention est la géhenne et sa crainte pousse l’adepte à rester fidèle à la ligne directrice tracée par son Dieu infaillible, au pouvoir éternel ; il ne rend compte à personne.

Ceci n’est point valable en politique et en démocratie pour plusieurs raisons. D’abord, le détenteur du pouvoir politique est un être humain limité, mortel et faillible qui doit son pouvoir, si on est en démocratie, au peuple souverain. Il est mandaté par une frange importante de ce peuple sur la base d’un programme qu’il lui propose au moment d’une campagne électorale. Ce peuple a le droit, après avoir accompli son devoir en l’élisant par les urnes, de le surveiller comme le lait sur le feu afin qu’il respecte ses promesses électorales. Ensuite, les ors et honneurs du pouvoir temporel rendent plus vivace la boulimie de possession avec comme corollaire un penchant de plus en plus tourné vers les malversations, l’absence de transparence, la gestion clanique et famille, la folie de grandeur. D’où la nécessité, pour tout peuple souverain, de créer des garde-fous solides et dissuasifs qui permettent de réguler les appétits incontrôlés et dangereux de tout dirigeant transformé par les flagorneries de flatteurs fainéants courtisans serviles qui finissent toujours par ériger une barrière de mensonges entre lui et ses mandants et l’enferment, avec subtilité, dans l’enfer de son ego… dans une sorte de mégalomanie destructrice qui veut qu’il soit un visionnaire infaillible et un intouchable quelque soient ses dérives et ses carences. Ces profiteurs talentueux renvoient, à la longue, à l’image de mouches virevoltant autour d’un tas d’excréments nauséabonds. Au début de l’alternance en 2000, des audits ont été lancés par les « supermans » de l’époque, des années plus tard, certains d’entre eux, au plus haut niveau de l’Etat, ont saccagé nos deniers.

Pour aider son pays et son président de la république, il est toujours utile que des contre-pouvoirs puissent s’ériger en bouclier contre toutes les mauvaises tentatives entreprises au niveau des centres de décisions les plus élevés et surtout rappeler à l’élu celui qui l’a mis sur son fauteuil et les raisons pour lesquelles il l’a fait (à ne pas confondre, dans l’inculture, contre-pouvoir et opposition, ce ne sont pas deux définitions forcément identiques dans les faits). C’est en cela qu’en politique, il y a plusieurs possibilités d’être ou ne pas être avec le pouvoir et celui qui l’incarne au plus haut sommet. L’exemple que nous offrons est celui de ces mouches qui sont avec tous les régimes qui s’installent, et contre tous les régimes qui tombent. Tout président qui les laisse tourbillonner  en délectant leur chant trompeur finit par alimenter leur besoin d’immondices qui leur sont vitales. Elles sont dans son sillage mais elles ne sont pas en réalité avec lui mais contre lui.

De la même façon qu’il ne peut voir son propre visage sans l’aide d’un miroir, il ne peut réussir sa mission sans l’aide de la critique ; c’est le frère-utérin, s’il n’est pas corrompu, qui lui dit toujours dans son intérêt, en cas de besoin, qu’il a une mauvaise haleine. Dans le champ politique, ce frère utérin, s’il est courageux et intègre, porte les habits du militant ou simple citoyen qui, tout en le soutenant dans ses bonnes œuvres en faveur de ses mandants, met la réussite de sa mission vis-à-vis de son peuple, au dessus de toutes les autres considérations d’ordre partisan et sentimental.

Au Sénégal, nous pensons qu’il faut prendre les sorties du mouvement Y’ en a marre et les rebuffades des jeunes du M23 très au sérieux ; cela peut aider à prendre la mesure de toutes les actions et propos tenus depuis l’élection du président en mars 2012 jusqu’à aujourd’hui pour davantage de responsabilité. Nous avons l’impression que certaines personnes se sentent menacer par l’existence de cette jeunesse, d’autres semblent professer un mépris à l’encontre du combat qu’elle a mené pour participer, à un moment crucial de notre démocratie, au sauvetage de la république ; nous sommes persuadés que dans la solitude profonde des détracteurs subites de cette jeunesse et devant une glace, leur conscience sombre est troublée.

Nous le disions lors d’une conférence que nous avons animée à l’Hôtel Résidence à St Louis, traitant du thème « Le Sénégal des indignés » proposé par les organisateurs, dans le cadre des Rencontres sur le Fleuve, le 14 décembre 2012 : « Nous refusons de faire dans le mimétisme, autant des mouvements en Europe, s’inspirant du titre du manifeste de Stéphane Hessel « indignez-vous » ont leurs raisons qui leur sont propres, autant chez nous, d’autres contextes ont révélé d’autres réalités sociopolitiques qui peuvent nous pousser à parler surement du « Sénégal des y’ en a marristes » (…) ; ces jeunes se sont opposés, au prix de leur vie et de leur liberté, à l’élection d’une brume présentée sous les auspices d’un soleil au zénith par des prédateurs professionnels (…), elle avait lutté contre la confiscation des libertés individuelles et collectives consacrées par la constitution et au vote de lois liberticides et antirépublicaines. Ce combat, couronnant des années de refus de dignes fils de notre peuple, avait créé un déclic favorable au départ du défunt régime.

Il ne faudrait donc pas les jeter à la poubelle de l’histoire (c’est d’ailleurs impossible) simplement parce qu’ils ont choisi d’être des sentinelles de notre démocratie. Ils sont libres, pour accompagner les « ruptures » dans notre pays, d’évoluer dans une sorte d’Observatoire d’alerte et de veille, d’être une force critique et de propositions pour le respect des promesses électorales du président Macky SALL. Sur ce plan, personne n’a le monopole de la vérité. Cela n’a rien de mal au point de vouloir susciter des attaques venant de personnes qui devraient être à la première loge pour applaudir une telle initiative de ces jeunes parce que se targuant elles mêmes (ces dites personnes) d’être des « intellectuels de haut niveau ». La démarche de ce mouvement Y’en a marre consolide beaucoup plus qu’elle ne lèse un président qui veut réussir sa mission dans l’efficacité et la transparence.

Alors, il est temps que les conseillers sans scrupules, les courtisans et intellectuels véreux cessent d’attaquer ces héros du combat contre le régime sortant. Si vous vous considérez comme des héros de cette page de notre histoire vous mêmes, c’est votre liberté ; mais ayez de la considération pour ces jeunes, pour avoir défendu contre les balles, les grenades, les matraques et tant d’autres sévisses, leur république. Critiquez-les si vous voulez, mais ne les méprisez pas ! Soyez en désaccord avec eux sur tout ce que vous voulez cependant, restez honnêtes avec vous-mêmes en leur reconnaissant leur liberté de poursuivre leur combat citoyen en faveur du peuple à leur manière. C’est vraiment désolant de voir les mêmes réactions épidermiques qui avaient enfoncé le régime sortant refaire surface.

Des citoyens ont contribué à l’avènement d’un nouveau régime au Sénégal, alors, il est de leur devoir de veiller à ce que leur espoir ne soit pas déçu et c’est cela qui peut aider à une réélection du président en 2017. Si ses actions sont encadrées par une telle démarche d’alerte, de veille, de critiques positives… de propositions utiles, sans doute que Macky sera très à l’aise pour briguer un deuxième mandat en 2017. La parole biblique est tout à fait logique et véridique en religion mais très discutable en politique et en démocratie : «Qui n’est pas avec moi est contre moi, et qui ne rassemble pas avec moi disperse ».  Matthieu 12.30.

Tafsir Ndické DIEYE

Auteur de polars et de poésie

Directeur administratif du Cabinet Thorinius Consulting

Membre du pôle programme de Macky 2012

Mail : [email protected]

1 COMMENTAIRE

  1. Excellente et objective analyse pour quelqu’un qui est membre du « Pôle programme Macky 2012 ».Une cinglante réplique au Pr Malick Ndiaye qui, dans une émission,méprise cette brave jeunesse qui a payé au prix fort son engagement pour la chute de Wade qui fut aussi le patron du sociologue Ndiaye. Merci Tafsir,le statut d’intellectuel se mérite.N’est pas intellectuel tout titulaire de thèse de doctorat.

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