« Alioune Cissé : une providence au moral d’acier » (Par Dr. Moustapha Fall)

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« Rien n’est plus puissant qu’une idée dont l’heure est venue » Ces propos de Victor Hugo galvanisèrent la France dans ses moments de
l’histoire les plus sombres quand ce poète français prit la plume pour faire valoir le primat des idées sur les armes dans un contexte de résistance. Certes le temps qui sépare Victor Hugo de notre temps est assez lointain mais la pertinence du propos de celui-ci trouve bien son écho dans le contexte de l’heure de la victoire de l’équipe sénégalaise en 2022. Si nous poussons cette gymnastique intellectuelle plus loin et, subséquemment, substituer le mot « idée » par le mot « victoire » dans la citation du poète : « Rien n’est plus puissant qu’une victoire dont l’heure est venue », nous lirons simplement un Victor sénégalais consolant un Lamartine sénégalais qui a tant crié au temps de suspendre son vol et aux heures propices de suspendre leurs cours pour offrir une victoire à l’équipe sénégalaise de football….

Eh oui, le temps n’a point de port et l’homme n’a point de rive; il coule et nous passons. Ce temps, qui s’est tant envolé avec cette coupe vers d’autres cieux, a
semblé rester impassible aux nombreux vœux, aux multitudes sacrifices, et aux pronostics les plus osés pour une victoire de l’équipe sénégalaise de football. En pleine complexité avec la mort, ce temps a même écrasé pas mal de personnalités qui s’accrochaient à la roue de l’histoire pour vouloir être enfin témoins oculaires à la consécration de l’équipe sénégalaise de football comme championne d’Afrique.
De Jules François Bocadé, Mawade Wade, en passant par Pape Diouf jusqu’à Lamine Diack, la liste funéraire du monde footballistique sénégalais n’en finissait pas de
se remplir avec d’illustres personnalités qui ont semé les premières graines de la victoire de l’équipe sénégalaise. C’est dommage qu’ils aient emporté cet espoir avec
eux dans leurs tombes, mais ils demeurent éternels dans les félicitées devines pour
avoir semé les premières graines de cette victoire tant attendue. Qu’ils reposent en paix ! l’histoire footballistique ne vous oubliera jamais…
En revanche, au-delà cet écran de lumière auréolant cette victoire, l’on ne saurait jamais oublier la belle leçon de patience que cette victoire semble bien administrer aux sénégalais. À l’époque romaine, un esclave répétait sans cesse à un général lors d’un retour triomphal dans la ville, après une série de victoires, : « Hominem te este, Momento Mori » « Vous n’êtes qu’un homme, n’oubliez jamais que vous êtes mortel » (Paget, 2017). Tout cela pour dire nous dire qu’il ne faut jamais se griser soi-même des victoires qu’on a remportées car tout cela est bref, passager et petit à l’échelle du monde dans lequel nous ne sommes qu’un maillon.
Nous sommes d’avis avec les propos de Paget ci-dessus et apprécions avec sa juste valeur l’humilité à laquelle il semble attirer l’attention de ces lecteurs. Néanmoins, dans le contexte du Sénégal proprement dit, nous n’oublions jamais que la force mentale qui sous-tend cette victoire de l’équipe sénégalaise ne saurait se griser sur elle-même. Elle est portée sur les frêles épaules d’un homme au moral d’acier qui a su faire don de soi et de sa famille pour avoir été une poubelle de critiques les plus acerbes et la cible de toutes les invectives les plus insoutenables. Coup de théâtre, les ennemis d’hier sont devenus les amis d’aujourd’hui…!
Derrière l’entraîneur d’une équipe sénégalaise de football s’est caché un lion qui a tant rougi à l’intérieur de lui-même pour mâter ses propres appréhensions et dominer ses peurs. Aliou Cissé, puisqu’il s’agit de lui, savait que les vraies batailles, ce ne sont pas celles qu’on mène contre les autres, « ses ennemis », mais celles qu’on même contre soi pour gagner l’anxiété de performance et la pression de plaire les qu’en-dira-t-on. Ainsi, dans sa tentative à vouloir atteindre des résultats pour son équipe sous le feu des critiques, Alioune Cissé a-il- su dépasser en lui-même les limites qui lui semblaient lui empêcher d’atteindre ses résultats.
À notre niveau, nous pensons que la vraie réussite ce ne n’est pas celle que nous achevons contre les autres, mais celles qu’on achève pour le développement de
soi. Autrement dit, la vraie réussite est de parvenir à être soi-même, c’est-à-dire ce que l’on est au niveau de son « moi », le plus profond, non pour offrir son ego aux regards et donc au jugement des autres mais simplement pour s’accomplir pour paraphraser Jacques Paget (2017).
En s’accomplissant dans sa réussite, Alioune a accompli ce que les autres, « même les sorciers blancs », n’ont pas pu faire : Gagner une coupe d’Afrique pour son pays. Pour cela, il entre élégamment et confortablement dans les annales de l’histoire du football sénégalais voire mondial.
Congratulations for a job well-done, dear Aliou!

Par Dr. Moustapha Fall
LEA, Gaston Berger de Saint-Louis

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