Année scolaire 2010-2011: Une rentrée à vitesse variable

Date:

Le grand gong de la rentrée des classes 2010-2011 a été donné ce matin, lundi 07 octobre, sur l’étendue du territoire national. Plus de 02 millions d’élèves, répartis dans les différents cycles d’enseignement, rejoignent les classes sur fonds d’inquiétudes diverses chez les acteurs de l’école. Et pour cause, une rentrée des classes à double vitesse est annoncée dans toutes les régions du Sénégal, pour des raisons liées principalement aux inondations. Qui plus est, la réussite massive à l’entrée en sixième (plus de 95%) augure de difficultés drastiques d’accueil au niveau des établissements d’enseignement moyen. Alors même l’équation des manuels en contexte de nouveau curriculum vient s’ajouter au déficit de formation des enseignants dans ce domaine pour plomber, tant soit peu, les efforts de scolarisation universelle. Zoom sur une problématique qui cristallise toutes les attentions des autorités de tutelle.

Trois jours après la rentrée officielle pour les corps d’encadrement (enseignants, professeurs et administratifs) qui s’est déroulée le 04 octobre, c’est au tour des écoliers et autres collégiens de prendre le chemin des classes pour le démarrage de l’année scolaire 2010-2011. Quelque deux millions d’élèves sont ainsi invites à rejoindre les écoles, collèges et lycées pour neuf mois d’apprentissages et d’enseignements en faveur desquels les acteurs souhaitent un déroulement dans un climat social aussi apaisé que celui de l’année dernière (2009-2010). Une année qui avait vu, faute de grèves d’envergure dans le champ scolaire, le quantum horaire des enseignements augmenter, au grand bonheur de l’école sénégalaise dont les performances au niveau des examens avaient évolué dans le bon sens ( 95, 18% à l’entrée en sixième, 42,3% au Bac contre 35, 2 % en 2009, 49,56% au Bfem contre environ 34% en 2009).

Ironie du sort pourtant : cette rentrée des classes 2010-2011 s’opère à double vitesse dans presque toutes les régions du Sénégal, pour des raisons liées principalement aux écoles inondées, voire aux établissements scolaires occupés par des populations sinistrées par le trop plein de précipitations. A Saint-Louis comme dans la banlieue dakaroise ou beaucoup d’autres zones du Sénégal, l’incapacité du personnel enseignant à disposer avant la rentrée des réceptifs scolaires demeure un frein majeur au démarrage des enseignements quand elle ne risque pas de prolonger davantage les vacances scolaires.

LE FARDEAU DES INONDATIONS

Des salles de classes inondées, des bancs et bureaux gisant dans les eaux. Tel est, en vérité, le panorama désolant qu’offrent les écoles des quartiers touchés par les inondations de cette année. L’école primaire du quartier de Mbao flotte ainsi dans l’eau. « Vous avez vu : l’école est inondée et cette situation s’aggrave d’année en année. Or, nous avons beaucoup d’élèves dans cette école et, actuellement, il n’y a que quatre classes disponibles », nous explique Fatimata Ly, enseignante à l’école primaire de Mbao. Et de faire remarquer : « C’est très dur de voir nos élèves étudier sous l’eau et nous n’imaginons même pas l’état psychologique dans lequel sont ces enfants. C’est pourquoi nous voulons un système de rotation pour pouvoir satisfaire tous nos élèves »

Le son de cloche n’est guère différent au niveau d’Amadou Fall, enseignant à l’école primaire de Malika. Lequel affirmera : « On va voir et répartir les élèves en deux équipes dont l’une va travailler le matin pendant que l’autre montera le soir. Le week end est réservé à un autre groupe. C’est le système de rotation que nous avons mis en place ». Une logique de crise face à une situation de crise, dirions-nous, alors même que les eaux débordantes issues des précipitations ont pris possession d’une foultitude d’écoles dans la banlieue dakaroise. A l’instar de l’école primaire de l’Unité 2 des Parcelles assainies à Keur Massar qui patauge au milieu d’un lac verdâtre, une situation qui a poussé, l’année dernière, beaucoup de parents d’élèves à retirer leurs enfants des écoles. Voire l’école de la cité Ainoumady de Keur Massar envahie en partie par les eaux ou autre école primaire de l’unité 14 des Parcelles assainies de Keur Massar qui est inaccessible et logée au milieu d’un lac.

LES AUTORITES DE TUTELLE A L’AVANT-GARDE

Face à ces diverses contraintes auxquelles l’école sénégalaise se confronte en cette année scolaire 2010-2011, les pouvoirs publics ont pris un certain nombre de mesures qui devraient à terme inverser la donne et faciliter le déroulement normal des apprentissages. En termes de libération des écoles de l’emprise des eaux (démarrage de la semaine nationale de propreté des écoles, implication des ministères de l’Intérieur et de l’Hygiène publique et de leurs services pour évacuer les eaux), de construction d’établissements, d’augmentation des salles de classes, de recrutement d’enseignants etc. Le Conseil interministériel sur la rentrée scolaire 2010-2011 de ce lundi 04 octobre a ainsi décidé, entre autres mesures, l’accélération du rythme de construction des salles de classe (4600 salles). L’enjeu de cette initiative est, comme l’a annoncé le ministre en charge de l’Education Kalidou Diallo lors du Conseil interministériel sur la rentrée, de résorber le nombre d’abris provisoires avec les projets des partenaires comme la Banque mondiale, l’Usaid, la coopération allemande, le Japon et le Canada. Et de préciser : « Nous allons accélérer les constructions dans l’Elémentaire. Le projet de construction de 4.600 salles de classe nous aidera à réduire le nombre d’abris provisoires qui représentent 21 % du réseau dans l’Elémentaire, soient 6200 abris provisoires ».

A ces diverses mesures prises par les pouvoirs publics lors de ce Conseil, s’ajoutent la gestion par anticipation des problèmes pour un espace scolaire apaisé et le paiement à temps des salaires des corps émergents. Une catégorie d’enseignants qui souffre encore de retards de salaires jusqu’à hier encore, dans la région de Matam, et qui menace même de perturber la rentrée prévue pour ce jour.

AUGMENTATION DES EFFECTIFS D’ENSEIGNANTS

Du côté des effectifs d’encadrement, les pouvoirs publics ont également pris l’option d’enrichir le secteur de plus de 4000 nouveaux enseignants. Pour maintenir le cap des performances enregistrées par l’école (augmentation du taux brut de scolarisation de 2 points, résultats encourageants aux examens scolaires), « 2837 volontaires en langue française de la 16ème génération et 750 arabisants seront affectés dans les classes cette année, avec 186 volontaires qui seront mis à disposition de l’Agence de la Case des Tout-petits », révèle un communiqué du ministère de l’Education.

Dans l’enseignement moyen secondaire,1900 vacataires seront de même recrutés cette année pour combler les déficits détectés dans les différentes localités au cours du mouvement national. A ces vacataires, il faut ajouter les 975 sortants de la Fastef, ainsi que 43 professeurs d’éducation artistique, qui vont venir renforcer l’effectif de 17234 enseignants du Moyen secondaire, compte non tenu des 1242 professeurs d’EPS.

Cette option de recrutement massif d’enseignants s’accompagne d’ailleurs d’une politique de renforcement du ratio inspecteur- maîtres en vue d’améliorer la qualité de la formation des enseignants. A cet effet, 46 nouveaux inspecteurs de l’élémentaire en français et 6 inspecteurs en arabe, soit 14,3% d’augmentation de ce corps d’élite, sont mis à contribution. Le réseau du Moyen Secondaire s’appuiera pour sa part sur un effectif de 122 inspecteurs de spécialité et de vie scolaire pour booster la qualité des enseignements.

L’EQUATION DES CLASSES DE SIXIEME

La gestion dynamique des flux d’élèves dans l’école pour cette année scolaire 2010-2011 risque, selon certains acteurs, de porter largement préjudice au bon fonctionnement du système éducatif. Non seulement la campagne d’enrôlement au CI a permis de recruter un effectif record de 350 000 nouveaux écoliers, mais encore la réussite massive à l’entrée en sixième (95, 18%) augure de difficultés drastiques d’accueil au niveau des établissements d’enseignement moyen. L’année dernière, des effectifs de 100 élèves ont été notés dans certaines classes et, cette année, il est même envisagé de construire des abris provisoires pour accueillir les nouveaux collégiens, comme dans la région de Matam selon certaines sources. Plus préoccupant, les listes d’orientation de ces élèves ne sont guère encore disponibles, dans beaucoup d’établissements, comme au CEM Ogo Diop des Parcelles assainies de Dakar. Que dire enfin des manuels et intrants pédagogiques qui restent une véritable épine dans le pied de l’école sous dominante Nouveau curriculum, même si des efforts notables ont été notés en termes de disponibilité de manuels, grâce au concours de l’Usaid qui a permis de mettre sur la table quelque 500 000 ouvrages. Et encore de la formation des enseignants au contexte du curriculum de l’éducation de base, une formation jugée largement « insuffisante » par bien d’enseignants.

FIXATION ET SUPPRESSION DES FRAIS D’INSCRIPTION AU MOYEN GENERAL ET A L’ELEMENTAIRE

Une mesure respectée mais….

Après trois mois de vacances, les élèves du Sénégal retrouvent ce jour le chemin des classes. Pour cette année 2010-2011, d’importantes décisions ont été prises, notamment le plafonnement des frais d’inscription dans le moyen secondaire et sa suppression au niveau de l’élémentaire. Une décision respectée par les écoles sauf que, dans certains établissements, d’autres frais s’ajoutent aux frais d’inscription.

Face à ces mesures de fixation ou de suppression des frais d’inscription, bon nombre d’établissements comme le lycée des Parcelles Assainies ont privilégié de communiquer sur les frais d’inscriptions. C’est ainsi que dans cet établissement de la banlieue dakaroise, la question des frais d’inscription est clairement notifiée sur une feuille affichée devant la surveillance générale. Dans cette note, on peut lire que « Les inscriptions et réinscriptions démarrent le 20 septembre. Elles sont fixées à 10 000 francs ». Mais cela ne concerne que les classes de Seconde et de Première. Pour les classes de Terminale, les frais sont à 15500 FCfa parce que les frais d’inscription au baccalauréat y sont inclus. Au Collège d’enseignement moyen (Cem) Ogo Diop, la situation est la même. Le montant des inscriptions est fixé à 10 mille francs pour les classes de 5ème, 4ème et 3ème. Alors que dans les classes de 6ème, cette somme est fixée à 10300 Fcfa, à cause du dossier de baccalauréat. Toutefois, les responsables de ce collège nous ont signifié que « jusque là, les listes d’orientation en 6ème ne sont pas encore disponibles ».

Dans les écoles primaires comme P.A .Y et Serigne Niang, bien que les directeurs et les enseignants aient été absents des lieux, certains parents d’élèves riverains nous ont confié que, pour les inscriptions, la gratuité est assurée sauf pour une petite somme tournant autour de 2000 francs qui est réclamée en guise de participation à la coopérative. Coly Diouf, le Président du comité de gestion de l’école P.A.Y, par ailleurs membre de l’Association des parents d’élèves de Lycée des PA et de celui d’Ogo Diop, nous affirme alors : « Nous respectons la décision du ministre de supprimer les frais d’inscription et de transfert . Mais nous réclamons 2000 francs pour la coopérative ». Et de préciser : « D’ailleurs, pour être en conformité avec la loi, nous avons adressé une correspondance à l’inspecteur départemental de Guédiawaye pour l’en informer. Si toutefois, il nous l’interdit, on va respecter sa volonté et rembourser les sommes déjà perçues ».

FOURNITURES SCOLAIRES ET ACHAT DE MANUELS

Les vendeurs se frottent les mains

La rentrée scolaire 2010- 2011 a poussé les acteurs de l’école à se ruer vers les librairies par terre. Etudiants, élèves, parents : tous se sont précipités vers les vendeurs pour se fournir en manuels et en fournitures scolaires.

Il est 10h. Nous sommes à la rue Emile Badiane, rond point Sandaga en passant par l’avenue Blaise Diagne. Sandaga grouille de monde. Parents d’élèves, élèves, étudiants, tous se ruent vers les vendeurs de manuels et de fournitures scolaires. Les clients se bousculent devant les étalages où sont exposés des cahiers, des livres, des boîtes de stylos, de crayons et des craies entre autres. M. Guèye, teint noir habillé en chemise rouge, est trouvé sur les lieux en train de marchander. Il pense que les prix sont abordables. « J’avais beaucoup de problèmes l’année dernière. Je cherche un livre que je n’ai pas encore trouvé. Peut-être avec les librairies par terre, je l’aurais ». Et de faire remarquer : « Cette année, ça va. Les prix sont abordables. J’ai achetè18 cahiers et quelques fournitures scolaires. Tout cela m’a coûté moins de 20.000f Cfa sans la boîte de craies de 100 barres qui vaut 3000f Cfa ». Autre place, autre décor. Une table remplie de cahiers, de protèges, de manuels, de stylos, de crayons, d’ardoises, de compas, de doubles décimètres, de rapporteurs, d’équerres etc. Nous trouvons une dame sous une tente. Un stylo à la main, une liste devant elle, le sourire aux lèvres, la dame nous déclare sous couvert de l’anonymat, qu’elle ne partage pas cet avis. « J’ai 4 enfants et la liste des fournitures est longue Tout est cher. Un livre Ami et Rémi, grammaire Cm1, est à 4250Fcfa, c’est très cher. Je préfère les librairies par terre ». Et d’indiquer : « Avec la conjoncture, on utilise les moyens du bord ».

Aïssatou, une élève de Première, est venue au marché non pas pour payer des livres mais pour échanger ses anciens manuels contre d’autres qui figurent dans son programme. « Je suis venue échanger mes anciens livres contre d’autres. Je prépare mon bac et je ne peux pas acheter les nouveaux manuels. Ils sont chers ». Mais elle doit verser une petite somme au vendeur de livres. « L’échange dépend de l’état du livre. Je marchande pour les livres avant de donner l’argent. Le reste de mes livres, je les achète par terre, c’est moins cher ».

Des livres de mathématiques, sciences, physiques, de philosophie, de sociologie, des dictionnaires entre autres jonchent le sol. Des élèves et étudiants feuillètent les livres. Les vendeurs de par terre et de fournitures scolaires se frottent, quant à eux, les mains. « En période d’ouverture des classes, nos chiffres d’affaires augmentent. Bientôt la Tabaski, je dois acheter deux moutons. Nous souhaitons tous les jours que l’école ouvre ses portes. La cherté ne dépend pas de nous », a déclaré pour sa part le vendeur Amidou. Même son de cloche chez son pair Modou « Les cahiers, stylos, éponges, ardoises, craies, crayons et autres fournitures scolaires sont mieux vendus. Chaque rentrée scolaire, nos affaires marchent à merveille ».

sudonline.sn

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

CAN 2023

DEPECHES

DANS LA MEME CATEGORIE
EXCLUSIVITE

Les transhumants (Par Makane)

Du camp défait par les urnesEn rangs épars, temps...

Concession des chantiers de réparations navales de Dakar : Bassirou Diomaye Faye convoque l’ancien ministre de la pêche et le DG de la Sirn...

XALIMANEWS-Le nouveau gouvernement accorde une attention particulière aux contrats...