Après l’illusion du Sopi : Le mirage de la rupture ?

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Le président de la République, Macky Sall, après avoir promis une gouvernance sobre et vertueuse, semble vouloir faire marche arrière. Sa volonté d’augmenter le nombre de ses ministres le laisse croire. La matérialisation d’un tel projet serait un jalon vers la rupture du pacte de confiance qui le lie à son peuple.

«Chat échaudé craint l’eau froide», a-t-on coutume de dire. Et le président de la République Macky Sall, qui vient de manifester son désir d’augmenter la taille de son gouvernement, a fini de plonger une bonne frange de la population dans le doute quant au respect de ses engagements. En promettant aux Sénégalais une gouvernance de rupture, le président Sall est tenu d’aller jusqu’au bout au risque de voir le capital de confiance et de sympathie du peuple s’effriter avant de lui filer entre les doigts. D’autant que l’alternance du 25 mars est plus citoyenne que politique. Si les Sénégalais lui ont accordé 65% de leurs voix et une majorité confortable à l’Assemblée nationale, c’est pour qu’il puisse travailler sans entrave et remettre le pays sur les rails de la bonne gouvernance. Mais depuis un certain temps, le nouvel élu pose certains actes qui ne sont pas sans rappeler ceux de son «maître». Un «maître» dont l’accession à la magistrature suprême avait fait naître un formidable espoir chez des Sénégalais saturés par les 40 ans de règne des socialistes. Après avoir promis le Sopi (changement), il a fini par se métamorphoser au contact du pouvoir au point de vouloir faire 50 ans de règne, avant d’être congédié sans ménagement par les Sénégalais excédés par ses dérives. Pourtant, au début de son magistère, il avait posé des actes qui avaient fait rêver son peuple, avant que ce rêve ne vire au cauchemar. Ainsi, avait-il, au lendemain de son élection, promis la réduction du mandat présidentiel de 7 à 5 ans et son verrouillage à deux, de même que celle du train de vie de l’Etat, des audits sans complaisance, la suppression du Sénat, il avait aussi mis en place un gouvernement de 19 ministres, etc. Mais l’appétit venant en mangeant, il a fini par succomber aux délices du pouvoir avant de renier ses engagements et de se dédire publiquement.

Clientèle
En voulant servir sa clientèle devenue de plus en plus nombreuse et gloutonne, il a été obligé de mettre les audits sous le boisseau, de ressusciter le Sénat, d’augmenter la taille de son gouvernement, de ramener le mandat à 7 ans pour tenter de dépasser les deux doses prescrites par la Constitution. Finalement, le nombre de ministres d’Etat et de ministres simples ne se comptait plus. Grisé par le pouvoir, Wade aimait répéter qu’il était un «entraîneur» qui avait 11 millions de Lions à sa disposition et qu’il pouvait effectuer des changements autant de fois que de besoin. Seulement, ses Lions s’illustraient plus par leurs frasques en dehors du terrain et étaient surtout caractérisés par leur manque de vision et d’efficacité devant les buts. Ce qui a fini par irriter les Sénégalais qui ont fini par envahir le terrain le 25 mars pour limoger «l’entraîneur». Aujourd’hui, Macky Sall, qui est aux commandes, a promis la rupture en mettant en place une équipe sobre et efficace. Comme son prédécesseur, il a lui aussi mis en place un gouvernement restreint de 25 ministres, supprimé le Sénat, promis de réduire le train de vie de l’Etat de même que le mandat présidentiel de deux ans, mener des audits à leur terme, etc. Après seulement six mois d’exercice, le «nouvel entraîneur» semble vouloir marcher sur les traces de son «maître». Non seulement il envisage d’augmenter la taille de son gouvernement, mais il n’exclut pas aussi de ressusciter le Sénat sous une autre forme. Pourtant le président de la République a écrit noir sur blanc dans son programme intitulé Yonu Yokkuté : «Nous nous engageons à rassembler des femmes et des hommes de conviction et de talents dans un gouvernement resserré». Non sans préciser que ce serait un gouvernement de rassemblement de 25 ministres dont le rôle sera d’améliorer la vie de la population, notamment, en réduisant le train de vie de l’Etat. Donc le fait qu’il veuille élargir la taille de son gouvernement suscite forcément des interrogations et des suspicions.

Risques
A ce rythme, il donnera raison à ceux qui disaient que voter Macky, c’est faire du «Wade sans Wade». Malgré les raisons invoquées par le chef de l’Etat pour réaliser son projet d’agrandissement, certains esprits avisés y voient un moyen de servir certains proches dans le plat gouvernemental après que les inondations ont englouti le gâteau sénatorial. D’autant que ce n’est pas la quantité qui importe mais plutôt la qualité et l’efficacité. Après avoir fait miroiter la «rupture» à ses administrés, le président «apprenti», confronté à la dure réalité du pouvoir, ne sera-t-il pas tenté d’imiter le «maître» ? Un «maître» qui avait soutenu que «les promesses n’engagent que ceux qui y croient». Les audits annoncés à grand renfort de pub sont en veilleuse. Malgré les assurances données par le chef de l’Etat quant à leur poursuite jusqu’à terme, des doutes subsistent. Comme le soulignait Boris Diop dans l’entretien accordé à la Tribune le 17 septembre : «Macky a dans son entourage et parmi ses alliés, des personnalités qui ont puisé à pleines mains dans les caisses de l’Etat». Poursuivant, Boris de faire remarquer : «Ajoutez à tout cela que, dans notre pays, une notabilité peut convoquer le président et lui demander de ne pas toucher à telle ou telle personne et cela vaudra amnistie totale pour les concernés». En tout cas, le président de la République avait laissé entendre qu’il ne protégera personne. Toujours est-il que le peuple piaffe d’impatience de voir si Karim et sa sœur, qui ont toujours été cités dans des affaires de détournements, seront alpagués et priés de rendre gorge. Un peuple, souverain, qui est libre lui aussi de changer d’«entraîneur» quand il n’est pas content de ses prestations… Source : La Tribune

1 COMMENTAIRE

  1. Il est nul avec ses ministres qui ne savent pas où donner de la tête. Y’a – til un Ministre de la femme au Sénégal, un Ministre des Affaires étrangères, un Ministre du commerce, un Ministre de l’agriculture, un Ministre de la Jeunesse ? Franchement Macky tu nous a déçus toi le Président né après les indépendances

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