L’hebdomadaire sénégalais Nouvel Horizon se demande si l’ancienne région du Sine-Saloum (centre) serait devenue un « vivier de Premiers ministres » du Sénégal en donnant, avec la nomination d’Abdoul Mbaye, cinq des onze chefs de gouvernement de l’histoire du pays.
‘’La région du Sine-Saloum, découpée en deux régions administratives (Fatick et Kaolack) depuis 1984 a offert au Sénégal cinq Premiers ministres contre trois pour la région de Thiès, deux pour Saint-Louis et un pour Louga’’, analyse la publication qui met l’accent sur les origines de divers PM.
Originaire de l’actuelle région de Matam, Mamadou Dia, natif de Khombole (Thiès), a été le premier à occuper le poste avec le titre de président du conseil du gouvernement (équivalent du Premier ministre) du Sénégal indépendant jusqu’à la crise du 17 décembre 1962 qui a entraîné sa disgrâce.
M. Dia fut un ancien directeur d’école à Fatick, tandis que son futur successeur à la Primature, Abdou Diouf (Louga), a été un ancien gouverneur de la région du Saloum-Saloum. Par la suite, celle-ci a envoyé, le plus fréquemment, ses enfants au 9ème étage du Building administratif de Dakar.
Puis, le poste est revenu à Habib Thiam (Saint-Louis), Moustapha Niasse (Kaolack), Mamadou Lamine Loum (Kaolack), Mame Madior Boye (Saint-Louis), Idrissa Seck (Thiès), Macky Sall (Fatick), Cheikh Hadjibou Soumaré (Thiès), Souleymane Ndéné Ndiaye (Kaolack) et Abdoul Mbaye (Kaolack).
Nouvel Horizon a noté le poids économique, la démographie et les facteurs électoraux, ainsi que les explications de l’historien sénégalais Ibrahima Thioub pour sonder les raisons de la récurrence du choix d’un chef du gouvernement sénégalais qui tombe 5 fois sur 11 sur un fils du Sine-Saloum.
En termes d’électorat, la région de Kaolack compte pour 6,6% et 4,5% pour Fatick, derrière les régions de Dakar (30,4%), de Thiès (13,1%), de Diourbel (8,8%), Saint-Louis (7,5%). La suivante est celle de Louga où sont inscrits 6,4% électeurs sénégalais.
Dans la coïncidence du fait, l’hebdomadaire met en exergue les origines territoriales ou des contingences politiques favorables aux différents PM et passe sous silence les compétences et autres valeurs propres aux titulaires du poste. Cet angle de vue occulte le choix du mérite des hommes.
Chez les PM issus du Sine-Saloum, le journal série les politiques Moustapha Niasse (administrateur civil et homme d’affaires), Macky Sall (ingénieur) et Souleymane Ndéné Ndiaye (avocat) et les technocrates Mamadou Lamine Loum (inspecteur du Trésor) et Abdoul Mbaye (banquier).
Les nominations de M. Loum et de M. Mbaye seraient guidées par des raisons de conjoncture. ‘’(…) Leur choix peut être expliqué par un souci de redressement de la politique du Sénégal. Ces derniers sont des technocrates, on ne leur connaît aucune coloration politique (partisane).’’
Nouvel Horizon cite aussi d’illustres fils du Sine-Saloum qui, certes n’étaient pas PM, mais ont pu occuper des fonctions primordiales dans l’Etat ou les formations au pouvoir, le Bloc démocratique sénégalais (BDS), qui est devenu Union progressiste sénégalaise et Parti socialiste.
Parmi les dignitaires de Kaolack, il y avait le président de l’Assemblée territoriale sénégalais entre 1952 et 1959, Ibrahima Seydou Ndaw. Il est élu quatre ans plus tard, en 1963, président honoraire de l’Assemblée nationale du Sénégal indépendant.
Un ressortissant de cette région lui a succédé, le docteur Amadou Cissé Dia, président de l’Assemblée nationale de 1968 à 1983. Il y avait aussi l’avocat Valdiodio Ndiaye, ancien ministre de l’Intérieur et compagnon de Mamadou Dia dans la disgrâce avec Léopold Sédar Senghor.
SAB/OID