COMMENTAIRE DU JOUR Les raisons d’une démission Par Madior Fall

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Cheikh Tidiane Sy a rendu hier, jeudi 5 mai, au sortir du Conseil des ministres, le tablier. Il a ainsi pris de court, le chef de l’Etat et son Premier ministre qui ne s’y attendaient point aux dires de sources généralement bien informées. Ils ont ainsi du recourir à un palliatif à la va-vite en faisant assumer l’intérim du Garde des sceaux démissionnaire, par le chef du gouvernement lui-même.

Le « vieux » ministre d’Etat, Wade dixit, homme d’autorité, même d’autorité excessive qui n’a pas peur de boire chaque jour l’amer breuvage de l’impopularité une fois son intime conviction arrêtée ou sa décision prise, n’en pouvait plus de voir son autorité bafouée par des magistrats pour lesquels, il s’était investi corps et âme et s’était engagé à satisfaire le moindre des « caprices ».

Des magistrats qui le « poignardent » dans le dos en déclenchant le premier mouvement d’humeur effectif de l’histoire de la justice postindépendance, assurent certains, sous son magistère. Pourtant ce sont eux qui l’avaient tiré de sa semi retraite après un premier passage chez eux et au ministère de l’Intérieur et une défénestration retentissante, en réclamant son retour au ministère de la Justice, avait-on renseigné dans les milieux informés. Sollicitude que le chef de l’Etat s’était empressé de satisfaire au détriment de l’éphémère Garde des sceaux, l’avocat-militant El Hadji Amadou Sall, limogé sans autre forme de procès à la veille bizarrement d’un énième réaménagement ministériel.

Hier jeudi 5 mai donc, alors que les magistrats « grévistes » affinaient leur stratégie dans le bras de fer qui les oppose au gouvernement en tenant l’assemblée générale extraordinaire de leur association « culturelle », l’Union des magistrats du Sénégal (Ums), pour déterminer la marche à suivre, leur ministre de tutelle, de guerre lasse, démissionnait. Il se serait ouvert auparavant à certains de ses proches de sa volonté de rendre le tablier si d’aventure les magistrats persistaient dans leur mouvement.

Une démission donc préméditée, même si d’aucuns ont voulu la mettre sur le compte du fameux coup d’Etat de « minuit » à la veille du 19 mars dernier. Il n’en est rien, selon les mêmes sources, d’autant plus, soutiennent-elles, que le Garde des sceaux démissionnaire déférant à des ordres d’en Haut, avait souligné très clairement en ce moment précis aux téléspectateurs attardés, qu’il communiquait au nom du gouvernement. Il n’avait rien par conséquent à se reprocher, sinon le fait d’exécuter diligemment les instructions de sa hiérarchie. Même si son collègue de l’Information qui l’avait accompagné ce jour-là sur le plateau de la RTS pour délivrer le « message », s’est empressé par la suite pour atténuer certainement la contre-productivité de cette communication de minuit sur un prétendu coup d’Etat que s’apprêteraient à perpétrer des jeunes « bruleurs » de pneus, communication pour le moins gauche, de le démentir sans avoir l’air d’y toucher et de lui faire porter le chapeau du flop, alors que tout le monde savait que ces instructions de « minuit » provenaient du Palais où tout part et revient.

C’est aussi, sans état d’âme, que le désormais ex-ministre d’Etat, ministre de la Justice regardait sans broncher la procédure de l’affaire des chantiers de Thiès, notamment le procès Bara Tall se poursuivre et arriver à termes. Si l’entrepreneur était condamné même pour « raison d’Etat », il n’en dormirait pas moins du sommeil du juste, heureux d’avoir accompli son devoir. Il est ainsi hasardeux de penser que cette affaire l’a poussé à la démission. Les raisons de son départ du gouvernement si brusque ne sont à chercher que dans la grève de « ceux qui ne savent pas ce qu’ils veulent », aurait-il lancé derechef à des proches. Et pas ailleurs, indique-t-on chez les libéraux.

Cheikh Tidiane Sy parti cependant, ce n’est pas pour autant le remaniement ministériel que les observateurs attendaient depuis que le chef de l’Etat lui-même l’a annoncé en Conseil des ministres depuis plus de trois maintenant, si on en croit les confidences parues dans la presse et non démenties par la suite. Remaniement qui se justifiait dit-on par le fait que le Premier ministre ne pouvait pas cumuler son poste de directeur de campagne et celui de chef du gouvernement. On a oublié certainement que son prédécesseur, Macky Sall s’était acquitté de la double tâche sans que cela fasse tâche à l’époque, sinon un succès avec à la clé : une réélection dès le premier tour ! Il se susurre par ailleurs, qu’un intense lobbying est engagé pour ramener Me Madické Niang à la Justice, le ministère des Affaires étrangères faisant l’objet d’une convoitise exacerbée au sein d’une équipe où la grande qualité n’est assurément pas la solidarité.
sudonline.sn

1 COMMENTAIRE

  1. Les seuls à être surpris par la démission de Cheikh Tidiane SY sont les naïfs.
    C T SY était revenu au Ministère de la Justice pour exécuter une mission : faire condamner Latif Coulibaly et Bara Tall.
    Résultats : Latif perd son procès contre Cheikh ousmane SY fils de Cheih T SY et Bara Tall se voit condamner malgré un premier requisitoire favorable à un non lieu. C T SY aura réussi à tordre le bras et même le cou à la justice sénégalaise. Il n’avait plus rien d’autre à faire : Mission accomplie – repli à la base, comme disent les millitaires

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