Dialogue politique avec l’opposition ou avec le Mouvement du 23 juin 2011 ?
Wade a certainement remercié du fond du cœur le Groupe des six. Leur démarche est assurément une sorte de bouée de sauvetage pour lui. Deux personnalités nous causent problème dans ce dit groupe : Ismaïla Madior FALL et Mansour KAMA. Mais vu leur posture de citoyens qui se sont jusqu’ici illustrés dans la défense de la démocratie, de la République et des intérêts du peuple, nous leur accordons notre confiance quant aux motivations saines de leur démarche. Toutefois, nous leur demandons d’être très vigilants car ils ont affaire à un vieux renard blessé et dont l’égo, pour lui, est au dessus de tout. Wade a certainement beaucoup remercié ce groupe qui vient de lui donner une occasion de se dire qu’il peut encore représenter quelque chose dans le débat national. Certes, le silence est parfois l’arme des forts mais il y a de ces silences nés de la honte inattendue qui consument à petit feu leurs victimes. Le silence de Wade ces derniers jours appartient à cette dernière catégorie. Le choc reçu par Wade le 23 juin 2011 l’a plongé dans les abysses de ce genre de silence et de la peur qu’il fait naître chez un tyran ; peur de ne plus être Président et de tomber dans les foudres des audits sans complaisance de son régime.
Le groupe des six nous parle de démarche pour un dialogue politique entre Wade et l’opposition. Sincèrement, nous pensons qu’il s’est trompé d’approche. Aujourd’hui, il ne s’agit pas d’un dialogue entre Wade et l’opposition ; les populations s’en foutent complètement. Le seul dialogue qui pourrait les intéresser c’est celui entre Wade et les forces vives regroupées au sein du Mouvement du 23 juin 2011. Autrement, cette démarche risque de plonger l’opposition dans un nouveau traquenard du vieux renard rusé et de l’éloigner des autres parties prenantes du Mouvement du 23 juin 2011.
Et, pour un tel dialogue entre le Mouvement du 23 juin 2011 et Wade, il est essentiel que ce dit Mouvement pose comme préalable une adresse à la nation de Wade demandant au peuple pardon et lui confirmant, en même temps, qu’il ne sera pas candidat en 2012 parce que la Constitution ne le lui permet pas. Ceci doit être le préalable à tout dialogue entre Wade et le Mouvement du 23 juin. Une telle adresse à la nation pourrait avoir comme effet bénéfique d’apaiser les tensions que la lettre arrogante de son fils vient d’exacerber. Il accumule les bêtises comme un petit ignorant. La dernière bêtise est son appel à l’armée française pour intervenir dans des émeutes au Sénégal, appel confirmé par l’intéressé lui-même, en l’occurrence Robert Bourgi, dans les ondes de la RFM. A l’oscar de l’idiotie, nous serions tentés de faire de lui notre candidat. Lorsqu’on ne connaît pas l’Etat, lorsqu’on ne connaît pas l’histoire d’un peuple, la sagesse recommande de ne pas agacer ses citoyens à tout bout de chemin. Nous n’en dirons pas plus sur cette fameuse lettre car son auteur ne mérite pas que nous nous y attardions.
Il est donc de la responsabilité de Benno Siggil Sénégal, de la société civile, du Mouvement Y’en a marre et de tous les autres membres du Mouvement du 23 juin 2011 d’être regardants et exigeants sur cet aspect du problème : le renoncement de Wade à sa candidature en 2012. C’est là où vous attend le peuple. Les agitations stériles et populistes des uns et des autres pour nous divertir ne nous intéressent pas. Si Benno part dialoguer en solo avec Wade, alors qu’il en assume toutes les conséquences devant le peuple et devant l’histoire.
Tafsir Ndické DIEYE
Auteur de polars et de poésie dont :
Odeur de sang (polar), Silence ! On s’aime (Poésie)
Editions Le Manuscrit Paris mars 2008
Horreur au palais NEI/CEDA Abidjan Novembre 2010
E-mail :[email protected]
