Docteur Abdourahmane Diouf  » le face à face entre Idrissa Seck et Macky Sall est politiquement logique et souhaitable »

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1. Dr la grande inquiétude dans le landerneau politique sénégalais, c’est le silence de Idrissa Seck. On ne l’entend presque plus depuis l’affaire Bakka et Makka. Qu’est-ce qui se passe avec votre leader ?

Il faut d’abord savoir qui est inquiet du silence de Idrissa Seck ? Ses militants ? les potentiels électeurs sénégalais ou ses adversaires politiques déroutés par tant de maitrise dans ces moments politiques agités ? Ces derniers peuvent être rassurés : leur adversaire leur reviendra plus redoutable que jamais. Et comme envisagé depuis notre sortie de la Coalition BBY en Septembre 2013, ils savent que s’il ne devait en rester qu’un seul, ce serait Idrissa Seck.

Pour nos militants et sympathisants, je les rassure. Ils ne sont pas inquiets outre mesure. Ils comprennent les ressorts de notre communication et s’y font. Ce n’est pas parce que la scène politique sénégalaise est agitée qu’ils nous exigeront un alignement sur des pratiques ou des angles de communication qui ne sont pas les nôtres.

Pour tous les autres qui s’intéressent à la vie politique sénégalaise, nous les remercions de leur intérêt et leur demandons un peu de patience. Nous travaillons sur une offre crédible qui leur sera communiquée en temps opportun. Il y a une réalité politique nouvelle qu’il ne faut pas occulter. C’est l’insertion du parrainage dans le processus électoral qui a un impact sur le tempo et sur l’agenda des candidats à l’élection présidentielle.

Depuis 2012, nous sommes dans une constance politique de principe, adossée à une logique de communication simple, articulée et logique. Il n’est pas inutile de le rappeler à l’opinion face à vos questions légitimes.

Nous avons vécu le temps de la gouvernance solidaire et de la retenue républicaine. Nous étions dans un gouvernement et nous avons été fidèles et loyaux. Cela a duré du 3 Avril 2012 au 31 Janvier 2013. Nous y sommes restés en gardant à l’esprit que notre trajectoire politique ne nous autorisait pas certaines compromissions. Il ne faut pas oublier que nous avons porté la dynamique qui a emmené le Président Macky Sall au pouvoir. Nous l’avons accompagné dans les balbutiements de sa gestion de l’Etat. Les prémices n’ont pas été convaincants et nous avons pris nos responsabilités de proposer aux sénégalais une autre offre politique. Nous sommes l’un des rares cas au Sénégal de renonciation volontaire à l’exercice du pouvoir, alors même que nous faisions partie de l’équipe gagnante. C’est dire que notre idéal républicain n’est pas négociable.

Nous avons vécu le temps du doute et de l’observation critique. Nous étions dans un gouvernement qui posait déjà les jalons de ses reniements. Nous sommes restés loyaux, jusqu’à ce que les signes ce reniement deviennent irréversibles. Quand Macky Sall a commencé à dévisser, nous sommes partis de nous-mêmes. C’est la période 31 Janvier au 11 Septembre 2013.

Nous avons vécu le temps de la certitude des échecs du régime en place, période longue et douloureuse pour les populations sénégalaises. Cette période a duré de Septembre 2013 à la fin du premier semestre 2018. C’est le temps des désillusions. Nous nous sommes efforcés, à côté de nos compatriotes, à mener un travail de déconstruction et de détricotage des politiques publiques mises en œuvre par le gouvernement. Nous leur avions dit, dès l’entame, que le PSE, programme de substitution qu’il se proposait de mettre en œuvre, avait des plaies congénitales qu’il fallait cicatriser d’urgence pour espérer un succès. Nous leur avions dit que la principale faiblesse du PSE est de ne pas résulter d’une stratégie autonome d’un gouvernement qui conçoit, peaufine, oriente et décide d’un Programme de développement. Qu’il était le point d’atterrissage d’une longue période de tâtonnements durant laquelle ils n’ont jamais démêlé les écheveaux. Nous leur avions dit que le PSE était frappé de cinq aléas majeurs : Un aléa congénital lié à une conception au forceps basée sur des échecs antérieurs ; un aléa systémique lié à un environnement des affaires du Sénégal pas favorable à l’émergence ; un aléa sectoriel lié à la faible prise en compte des intérêts du secteur privé ; un aléa régional lié à la difficile adaptation du PSE au contexte régional à travers l’Accord de Partenariat Economique (APE) ; et un aléa de la gouvernance interne lié à un « Nouveau » modèle de développement et de gouvernance aux antipodes de l’émergence recherchée.

Ces aléas n’ont pas été pris en charge correctement. Et le résultat aujourd’hui n’est pas fameux. Depuis lors, les sénégalais vivent sous le poids d’une économie désincarnée, des réformes sociales sans aucune consistance empirique et des programmes d’urgence dans tous les secteurs, sous forme de macro-structures veules et inefficaces.

Tout cela a été dit et répété par Idrissa Seck et par le parti Rewmi. Maintenant, nous pensons qu’on est arrivé au Sénégal à un stade où le pouvoir en place n’a besoin de personne pour mesurer la profondeur de son échec. Ce n’est pas tant que l’opposition que nous sommes doit décélérer sa cadence, mais que les populations, elles-mêmes et sans gymnastique intellectuelle, constatent la déliquescence de leur niveau de vie et la difficulté des autorités à prendre en charge ses attentes socio-économiques les plus légitimes.

Notre conviction est que les sénégalais ont compris qu’ils n’ont plus grand-chose à attendre de ce régime. Ils ont perdu leurs illusions sur la bonne gouvernance, sur la gestion de la commande publique, sur la vision économique, sur l’élan social promis et escamoté. Ils placent leurs espoirs en d’autres hommes et en d’autres offres politiques.

2. Des responsables de votre parti ont essayé d’expliquer ce mutisme par une réflexion profonde sur un programme de gouvernance à proposer aux Sénégalais. Mais à quand la prochaine sortie de Idrissa Seck ? En tant que porte-parole du parti, il doit certainement vous en dire quelque chose ?

Exactement, et cela est le quatrième temps de notre « septennat » sous Macky. C’est le temps de la proposition alternative. La rentrée politique du candidat Idrissa Seck est pour bientôt. Il est prêt à aborder la dernière ligne droite qui mène à l’élection présidentielle. C’est pour lui le moment d’entrer de plain-pied dans le temps de la proposition alternative. Après nous avoir dit ce que le Président Macky Sall n’aurait jamais dû faire pendant des années, il va décliner les outils, voies et moyens de placer le Sénégal dans les rampes du développement, au moins pour le prochain quinquennat 2019/2024. Nous allons nous déployer en trois temps.

D’abord, à travers un discours programmatique qui permettra au candidat Idrissa Seck de décliner sa vision. C’est la troisième fois qu’il est candidat à l’élection présidentielle. Il a exercé des responsabilités au plus haut sommet de l’Etat. Il a une fine connaissance des enjeux du monde moderne et des interactions entre les besoins nationaux et les exigences des engagements internationaux. Il a initié plusieurs tournées nationales qui lui permettent de confronter les théories sociales et économiques avec les réalités de la vie quotidienne. Il a travaillé à bien appréhender la commande citoyenne avec le moins de biais possible, avec le plus de réalisme et de pragmatisme possible. Il a interagi avec sa jeunesse et a tenu compte de ses exigences. De tout cela est née une vision nouvelle, adaptée, progressiste qui sera présentée à l’opinion très bientôt. Le fil d’Ariane de cette vision sera, à coup sûr, la priorité accordée à la défense et à la préservation des intérêts du Sénégal, en toutes circonstances.

Ensuite, nous déclinerons, de façon séquencée et fragmentée, certaines de nos politiques sectorielles. Cela se fera au fur à mesure de l’évolution de l’actualité économique et politique. Nous travaillons de façon étroite avec beaucoup de partenaires sociaux dont les intérêts intrinsèques sont bafoués par la gouvernance actuelle. Nous avons recueilli leurs doléances et leur avons proposé des solutions de politiques publiques qui allient l’expertise de nos cadres et le pragmatisme des marchés locaux.

Enfin, nous déclinerons le Programme du Candidat Idrissa Seck, dans son entièreté. Il sera mis à la disposition de l’opinion et soumis à son analyse. Il sera un résultat fiable de la commande citoyenne. Il est participatif dans sa conception et dans son élaboration. Nous espérons que les sénégalais se l’approprieront pour une mise en œuvre solidaire dès 2019.

Ces trois séquences de propositions alternatives font l’objet de toute l’attention nécessaire de la part des instances du parti Rewmi et de nos alliés. Le timing et les formats de présentation leur reviennent.

3. Pensez-vous sérieusement que le peuple sénégalais croit encore à l’alternative Idrissa Seck pour remplacer Macky Sall à la tête du pays ?

Le peuple ne se réunit pas dans une chambre pour désigner le Président de la République. Son intention est diffuse. Ses motivations diverses au point qu’il est difficile d’en dégager une vérité absolue qui conditionne un avenir. Même les sondages qui permettent de se projeter sur une élection sont des instantanés qui peuvent être contrariés d’une semaine à l’autre. Rien ne nous est impossible. Aucune opportunité ne nous est fermée.

Nous travaillons sur la candidature de Idrissa Seck depuis longtemps. C’est une candidature qui découle de ses expériences passées de 2007 et 2012 ; comme elle découle de son parcours et de son ambition pour le Sénégal. C’est une candidature qui est arrivée à maturité et qui mérite d’être soutenue par la majorité des sénégalais. Mais nous sommes conscients de la situation politique actuelle et de ses exigences.

Aujourd’hui, nous pensons que politiquement, objectivement et logiquement, Idrissa Seck est le principal challenger du Président Macky Sall.

Le Sénégal a organisé dix élections présidentielles à ce jour, élu 4 présidents de la République. En valeur absolue, sur les dizaines de candidats qui se sont présentés depuis la première élection au suffrage universel de 1963, seuls cinq candidats ont atteint la barre des 500 milles électeurs. Il s’agit des 4 présidents que le Sénégal a connus – Senghor, Diouf, Wade et Sall – et Idrissa Seck qui est le seul sénégalais à avoir engrangé 500 milles électeurs sans avoir été président. Il est donc l’homme politique qui a le plus cristallisé les espoirs des sénégalais en un moment donné en dehors des 4 présidents élus. Il est surtout le seul candidat avec un tel vécu populaire à faire face à Macky Sall en 2019.

En valeur relative, ils sont six hommes politiques sénégalais à avoir titillé la barre des 15%. En plus des 4 présidents élus, il s’agit de Moustapha Niasse (16.77% en 2000) et de Idrissa Seck (14.92% en 2007). Les 3 anciens présidents sont hors course. Moustapha Niasse est atteint par la limite d’âge et ne peut pas être candidat. Macky Sall et Idrissa Seck restent les deux seuls candidats de 2019 à avoir jamais atteint un tel niveau de popularité. Leur face à face en 2019 est politiquement logique et souhaitable.

Ces deux candidats sont de la même génération. Ils se connaissent. Ils n’ont pas la même conception de la gestion d’un Etat. Ils n’ont pas la même vision de l’avenir du pays. Ils n’ont pas les mêmes visions. Pas la même approche de gestion des ressources humaines. Ils n’ont pas le même niveau de préparation. L’un est prêt. L’autre toujours pas. Idrissa Seck est prêt pour le Sénégal !

A mon avis, la prochaine élection présidentielle est celle qui permettra à Idrissa de se déployer à son maximum, de façon optimale ; ce qui n’a jamais été le cas auparavant. Idrissa Seck n’a jamais été battu à une élection présidentielle en jouant sur ses valeurs propres. Il ne s’est jamais réellement déployé. 2019 est le temps de Idrissa Seck! Aujourd’hui, il est prêt en termes de mobilisation et de sacrifice de soi, de la gestion de son temps et du calendrier, de son excellente sensibilité sociale, de son leadership qui légitime ses ambitions. Il est prêt. Et pour nous, c’est maintenant !

4. Après le parrainage, de nouvelles coalitions vont certainement se former, des pôles dégagés. Pour vous comment devrait s’y prendre l’opposition ? Est-ce votre parti a déjà fait la cartographie de partis avec qui vous êtes prêt à nouer une alliance ou non. Ou bien tous les partis sont le bienvenu au Rewmi ?

Il est intéressant de remarquer que l’introduction du parrainage induit un changement de tempo dans le processus électoral. Nous l’avons bien compris et cela a des répercussions importantes sur notre agenda. Par exemple, pour préparer l’élection présidentielle de 2012, nous avions officialisé notre Directoire de campagne le 15 octobre 2011 ; ce qui n’a pas encore été fait pour cette année à la fin du mois d’octobre 2018.

Pour notre part, nous avons le privilège d’avoir d’ores et déjà résolu la question du parrainage. Notre maillage parfait du territoire national, ajouté à une parfaite organisation, nous ont permis de boucler 66.820 signatures qui qualifient notre candidat.

Beaucoup de candidats restent dans une période d’incertitudes jusqu’au 12 Janvier 2019, date de notification aux mandataires des dossiers déclarés invalides pour cause de parrainage. Cela a des conséquences sur les alliances possibles. Certains renonceront d’eux-mêmes. D’autres renonceront du fait de la loi ou du prince. Ils devront se redéployer.

Sans préjuger sur les noms des concernés, je pense qu’il faut une conscience forte, de la part des candidats potentiels, des opportunités qu’offrirait au Sénégal la simple compression de leur égo. Beaucoup ont la carrure pour être président. Mais chacun doit faire une analyse lucide sur son propre Momentum et en tirer les conséquences. Certaines candidatures de témoignage peuvent être préjudiciables à l’opposition, par l’éparpillement de ses voix. Pire, elle peut tuer dans l’œuf un élan présidentiel crédible, mais prématuré ou mal préparé. C’est pourquoi il me parait utile de pousser les candidats potentiels de l’opposition à une rationalisation de nos offres politiques. L’impression d’un renoncement sacrificiel pour certains pourra être compensée par le primat de l’intérêt général et du don de soi pour la nation.

C’est l’occasion de se désoler de la situation des candidats Karim Wade et de Khalifa Sall. Ils ont le soutien d’Idrissa et du parti Rewmi. J’associe ma modeste voix à cet élan de solidarité. Les procédures qui les affectent sout toutes teintées de manigances politiciennes et le droit s’en sort considérablement affaibli. Je ne crois pas que le délit d’ambition puisse prospérer au Sénégal. Vous comprendrez donc que l’offre politique de notre parti et de notre candidat ne peut pas se faire sur le lit des malheurs des autres. Notre combat constant est de travailler à leur rendre leur dignité citoyenne bafouée et niée. Seul le bloc électoral sénégalais est en mesure de les sanctionner, positivement ou négativement. Pour nous Karim Wade et Khalifa Sall sont dans le jeu ! Nous les traitons comme des candidats potentiels et non comme des objets électoraux de convoitise. Nous n’allons pas organiser une danse autour des scalps de Karim et de Khalifa.

En tout état de cause, notre candidat, Idrissa Seck, nous donne envie à nous-même et à tous les autres, de bâtir un avenir politique pour le Sénégal. Sa longue expérience politique lui a donné de la maturité et la patience nécessaires pour penser et mettre en œuvre des réformes, sans la frilosité ou l’extrême fougue du novice. Il a appris dans le système. Et il a énormément appris en dehors du système et des rigueurs endurées pendant ses longues années d’opposition. Il a gagné une vraie capacité d’empathie et une expérience de l’altérité loin de l’insensibilité sociale due à un exercice trop prolongé du pouvoir. En dehors du candidat Macky Sall, nous tendons la main à tous les autres. Et cette offre est valable pendant et après le parrainage.

5. Que pensez-vous du phénomène Ousmane Sonko qui est en train de supplanter sur le plan médiatique votre leader grâce à une présence ininterrompue et réfléchie sur le terrain politique ?

Nous sommes exactement à quatre mois de l’élection présidentielle. Chaque candidat y va de sa stratégie, avec des fulgurances et des moments de ventre mou. Je vous ai déjà dit que le parrainage implique des variations de tempo dans la déclinaison des différentes stratégies. Je considère qu’il y a deux choses à prendre en considération.

D’abord, notre approche vers l’élection présidentielle ne se fait pas suivant une démarche réactive. Nous sommes dans notre action, indépendamment des initiatives des uns et des autres. Nous avons l’expérience des campagnes électorales et nous ne mirons pas dans la glace des autres. D’ici au 24 Février 2019, tout ce que nous ferons sera le résultat de notre propre évaluation de la situation concrète du terrain.

Ensuite, l’opposition sénégalaise ne doit pas se laisser divertir. Elle ne doit pas tomber dans le piège de la division posé par notre adversaire unique. Nous avons un point de convergence qui doit impulser nos actions ; c’est le rejet raisonné de la politique du Président Macky Sall. Nous avons un objectif commun raisonnable qui est de créer les conditions d’une alternance au plus haut sommet de l’Etat. Ces consensus immuables doivent être nos forces motrices, au moins jusqu’au 24 février 2009, date du premier tour de l’élection présidentielle. Ceux qui travaillent à nous diviser ont l’objectif de nous confiner dans des batailles d’égos, précoces et inutiles, pour s’extirper de la mêlée et tirer leur épingle du jeu. Il nous faut rappeler la logique implacable d’une élection présidentielle à deux tours. Au premier tour on choisit, au second tour on élimine. Dans la phase du choix du premier tour, les candidats de l’opposition ne devraient pas se voir en adversaires, mais plutôt en alliés objectifs pour mettre fin à une gouvernance qui a montré ses échecs et ses limites. Chacun puisera dans son réservoir. Et plus son grenier électoral est large, mieux c’est pour l’opposition dans la perspective du second tour. Une opposition forte, avec des pôles solides capables d’engranger une proportion importante d’électeurs affaiblit le camp présidentiel, le contrait à un face à face final et l’élimine par le jeu de solidarité entre candidats de l’opposition. C’est pour cela que nous considérons que l’émergence de candidats forts et bien ancrés dans l’opposition est une bonne chose pour la démocratie sénégalaise. Il ne faut pas compter sur nous pour les affaiblir ou les combattre. Ils sont nos alliés dans notre commun vouloir d’un Sénégal géré autrement, hors des échecs récurrents du régime actuel.

En gros, nous pensons que Ousmane Sonko est une bonne nouvelle pour la démocratie sénégalaise. Il nous en faut d’autres d’ailleurs. Nous sommes pour une pluralité de candidatures, rationnalisée en pôles forts qui garantissent à chacun un score au-delà de 10%, qui grève au maximum le réservoir électoral du camp présidentiel et qui lui impose un deuxième tour perdu d’avance.

La responsabilité de notre opposition est énorme. Nous ne devons pas décevoir les espoirs placés en nous. Nous devons donner les garanties de notre capacité à faire face aux défis majeurs de la nation. Notre opposition, tous les pôles de candidatures réunis, doit donner le gage aux sénégalais que nos ambitions ne s’appuient pas sur la haine, la rancœur ou le besoin d’accaparement des ressources du pays. C’est pourquoi j’insiste toujours la nécessité pour notre opposition d’avoir une colonne vertébrale, solide, articulée, conquérante et qui s’adosse sur un programme pro-développement inclusif, réaliste et concret.

6. Récemment, votre parti a fait le lancement de la collecte de fonds pour la campagne de 2019, avec comme objectif la somme de 2 milliards CFA. N’est-ce pas exagéré de la part d’un parti qui peine à vendre ses cartes de membres ?

Nous avons effectivement lancé notre campagne de collecte des fonds pour le Candidat Idrissa Seck. Cela se fait sous la houlette de la Commission de Collecte des Fonds (CCF) que j’ai le privilège de co-présider avec notre frère Aly Saleh Diop. Cette initiative que nous avons formalisé vient des militants et sympathisants du candidat Idrissa Seck. C’est une requête de la base qui s’inscrit dans une logique de rupture des financements de nos campagnes électorales. Nous avons toujours opté pour un leadership éclaté dans notre parti. Nous avons aussi fait l’option de son corollaire sur le plan financier. Les ressources financières qui servent à notre fonctionnement et à la conquête du pouvoir doivent être réparties équitablement entre les parties prenantes de notre projet présidentiel.

L’objectif est plus que réaliste. Si nous partons du principe que les 212.853 électeurs qui ont voté pour notre candidat lors de la dernière présidentielle sont des fidèles affectifs qui ont adhéré au projet, sans marketing politique, sans campagne électorale et sans aucune stratégie de collecte des suffrages, nous validons l’hypothèse qu’ils sont prêts à nous renouveler leur confiance, et à donner une contribution financière de 9396 CFA, moins de 10.000 Francs CFA. Cela nous fera les deux milliards escomptés. En réalité, nous visons plus loin. Nous explorons plusieurs produits financiers que nous avons commencés à exploiter. Les modes opératoires sont définis et la campagne est en cours.

Je dois préciser qu’il s’agit d’une campagne adossée à une candidature et non au parti Rewmi. Elle se veut novatrice et pose les jalons d’une gestion financière autonome, hors de la prédation des ressources publiques à des fins privées. Parce que ce que nous faisons est aussi le contrepied et une condamnation explicite de l’utilisation des moyens de l’Etat à des fins de campagne électorale par le parti au pouvoir. L’argent liquide distribué pour l’achat des consciences, les voitures, le carburant et autres commodités publiques privatisées sont autant de ponctions au préjudice du contribuable sénégalais. Nous les combattons.

7. Parlons un peu d’économie. Quelle est la position de votre parti sur le taux d’endettement du Sénégal qui fait l’objet de débats ?

Je pense que tout le monde se rappelle du discours précoce de Rewmi et du président Idrissa Seck sur les taux d’endettement, à l’aube de la deuxième alternance. Alors que nous étions encore au pouvoir, nous avions attiré l’attention sur la bonne signature du Sénégal, qui était en contradiction avec notre frilosité sur l’accès aux financements internationaux. A l’époque, nous étions autour des 40% avec une marge de progression vers un endettement utile de 30% supplémentaire, environ, en sachant que seuil fatidique fixé par l’UEMOA est à 70%. Donc nous avons très compris que la gestion de la dette est un instrument de politique économique qui peut être utilisé à bon escient, s’il est déployé de façon rationnelle et saine. Mais le régime actuel est toujours resté confiné dans des positions extrémistes, trop frileuses ou trop prudentielles (2012/2013), sans la bonne lecture de l’instrument d’endettement qu’il a à sa disposition. Dès lors qu’il a commencé à s’endetter, il ne parvient pas à s’autolimiter (situation actuelle) ; ce qui aurait été le premier instrument d’ajustement.

Au-delà, le rythme d’endettement nous pose deux problèmes. D’abord, la nécessité d’ajustement interne s’impose à nous. Ensuite, nous devons prendre des engagements par rapport à notre capacité intrinsèque de remboursement, dans le respect de la viabilité de l’héritage que nous laissons aux générations futures. Sur ces deux points, nous sommes en danger, surtout que l’argent emprunté n’est pas investi dans des projets durables, rationnels et qui créent les richesses aptes à son propre remboursement.

Maintenant le fait que la sollicitation des prêts perdure n’est pas un indicateur de finances publiques saines comme on veut nous le faire croire, mais une garantie de créances pérennes pour les partenaires, récupérables à échéances lointaines avec une totale certitude. L’endettement au-delà de nos réelles capacités prend en otage les générations futures et compromet, ab initio, les politiques publiques volontaristes des futurs dirigeants de notre pays.

Je voudrais réaffirmer ici la cohérence de notre parti qui a fustigé l’attitude attentiste d’un sous endettement chronique qui favorise un statu quo économique catastrophique (2012/2013), tout en n’encourageant pas d’aller au-delà des normes qui nous lient à nous-mêmes et aux autres institutions communautaires et internationales partenaires (2014/2019).

Lobservateur.sn

7 Commentaires

  1. Le paradoxe du parti REWMI est que les lieutenant du président Idrissa Seck (Diouf, Diattara, Fall…), ont une crédibilité plus grandes etfont des analyse plus lucides.
    Idy à intérêt à ne pas parler car il risque de faire des bourde comme le Calife des tidjanes.

  2. des constantes se dégagent de ces dernières présidentielles :

    .L’obstination permanente et persistante d’Idrissa Seck à vouloir la vraie alternance et le vrai « Sopi ». L’alternance dévoyée d’Abdoulaye Wade suivie de l’alternance trahie de Macky Sall. Le tout dans une continuité sidérante dans la non-rupture d’avec la politique d’accaparement des maigres ressources du pays au profit de clans et clientèles politiques susceptibles de les maintenir au pouvoir. Une poursuite néfaste dans la politique gabegique et partisane toujours éloignée des réelles préoccupations des populations.

    . Son opposition systématique à toutes les dérives des pouvoirs successifs et leurs déviances par rapport aux intérêts des sénégalais. D’abord avec Abdoulaye Wade pour dénoncer la gestion familiale du pouvoir et la patrimonialisation des ressources du pays. Ensuite avec Macky Sall pour les mêmes raisons en pire copie sans avoir les performances de la photocopieuse. De 2004 à2019, il aura été le « Niani bagne na » le plus farouche et l’opposant le plus résolu, renonçant aux faveurs et privilèges du pouvoir pour signifier assidûment que seule la résolution des aspirations populaires est son crédo : «Si le pouvoir que je cherche ne devrait pas profiter aux populations, que le tout puissant m’en prive » dit-il. Une affirmation qui dénote chez ce fervent musulman une hauteur d’esprit éthique inhabituel dans les milieux politiques. Tout comme ce défi lancé il y a 12 ans aux pouvoirs successifs incapables de le relever autrement que par la calomnie : « Jusqu’à l’extinction du soleil aucun centime de détourné ne pourra m’être reproché ».

    . Sa longue traversée du désert qui bonifie d’ailleurs son endurance et sa capacité de résistance à la dimension des martyrs soufis, face aux pires attaques injustes et injustifiées qu’a connu un homme politique sénégalais depuis l’indépendance. Exceptionnellement le contexte politique le place dans une situation au-dessus du lot des opposants : Il fut Ministre sous Abdou Diouf, Directeur de campagne victorieux de Wade en 2000, Ministre d’Etat-Directeur de cabinet tout puissant du Président Wade puis son Premier Ministre, Maire de Thiès, Président du conseil régional de Thiès et enfin Président du Parti Rewmi 2e parti d’opposition après le PDS. Il est en prime le plus ancien dans son positionnement d’opposant parmi ses « confrères » de l’opposition. Avec un tel palmarès et un tel parcours, nul besoin d’aller chercher ailleurs un porte-drapeau ou un porte-étendard dans l’adversité face à Macky Sall. Ce même contexte politique le place comme le « Survivor » que la grâce divine aura épargné des affres de Macky, après les éliminations politico-judiciaires de Karim Wade et de Khalifa Sall. Incontestablement il représente le meilleur pion et atout pour être à la tête d’une dynamique unitaire.

  3. Nous sommes censés être en Démocratie (même si elle est sérieusement malmenée et piétinée par le Président Politicard Macky SALL) : tout un chacun a le Droit absolu de dire ses pensées et ses vœux… Le dernier mot devant revenir au Peuple sénégalais souverain qui a gagné en maturité politique et qui comprend parfaitement les raisons objectives qui font que le Sénégal végète parmi les 25 pays les plus pauvres de la Planète Terre : l’action prédatrice et néfaste depuis toujours des Politicards qui se sont succèdés à la tête du Pays.
    Par Politicard il faut entendre un Homme (ou une Femme) qui se dit Politique c’est-à-dire qui oeuvre pour le progrès de le bien-être de tous mais qui en réalité utilise sa position dans l’appareil d’Etat pour s’enrichir lui et sa famille…Et dans le landernau politique sénégalais plus de 90% sont de misérables Politicards à dénoncer et à combattre à défaut de pouvoir les fusillés (ce qu’ils méritent amplement au regard de leurs fofaits monstrueux et impardonnables…).
    Franchement, en Octobre 2018, vouloir faire la promotion du Politicard bien connu Idrissa SECK, c’est quelque part manquer de respect aux Sénégalais qui ne sont pas des demeurés eux qui vivent dans la douleur les affres de la pauvreté et de l’inorganisation induites par la mal gouvernance criminelle des Politicards bien connus.

  4. Abdou: Le dernier mot revient au peuple qui n’est pas un peuple de demeurés, n’est-ce-pas? pourtant c’est ce peuple qui a élu Abdou Diouf, Abdoulaye Wade et Macky. D’autres disent que les peuples n’ont que les dirigeants qu’ils méritent. Idrissa n’avait fait qu’accompagner Wade (4 ans) qu’il a quitté à cause de ses dérives monarchiques. Depuis 2004 il a refusé de participer à « l’action prédatrice et néfaste des politicards… » Attendez qu’il soit élu et qu’il préside le Sénégal pour voir s’il est effectivement de la race des politicards. Sinon tout jugement fondé sur les « fantasmes irréels » est un jugement de politicard. CBAN

  5. EH LINGABEUG MO YOMB IDY NA SETI MOROM PRÉSIDENT MACKY DOU MOROM , AKA BEUG BUZZ SETILENKO FENENN WAYE PROTOCOLE DE REUBEUSS DEALER BOROM BAKKA AK MAKKAH KENN KHAMOUL FOUMOU BOKK DOU MOURIDE DÔU TIDIANE .

  6. Debatre de Quoi les choix economique Pour Macky on sait on a vu et on continu de voir .Pour lui et ses lieutinants on ne sait rien sauf les bourdes les blas blas les invectives la sufisance et leur ego surdimensionné. Wade l’a deja detruit politiquement et c’est triste pour lui car il peine a retrouvé une autre strategie .

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