Dr Abdourahmane Thiam Du Parti Socialiste Sur Les Luttes Fratricides Dans Les Partis: «Il y a l’aspect financier indirect des enjeux»

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Au moment où son parti se déchire avec la mise à l’écart de Me Aïssata Tall Sall, Abdourahmane Thiam se veut très clair. Pour lui, dans la guerre fratricide dans les formations politiques, il y a des enjeux financiers.

Quel pourrait être l’enjeu des renouvellements des instances du Parti socialiste ?

Il faut préciser que le PS expérimente la démocratie interne de parti à travers les opérations de renouvellements de ses instances de base. Ces compétitions visent à renouveler la légitimité des mandats des responsables au plan local. Il s’agit donc de positions de pouvoir auxquelles il faut accéder. En ce sens, les enjeux sont à la fois politiques et symboliques. Si vous êtes démocratiquement élu, vous devenez le répondant du parti à la base, et la position que vous occupez peut vous amener jusqu’au bureau politique. On comprend alors l’âpreté des luttes pendant ce moment. Les règles du jeu, notamment les dispositions de la circulaire de renouvellement, sont généralement violées. A Fatick département par exemple, le renouvellement de la coordination n’a pas été approuvé par la commission administrative (CA) qui est l’assemblée générale des militants. Il y a eu d’innombrables vices de forme et de procédure, le 23 février 2014 à Diouroup. Des recours ont été interjetés et apparemment le parti laisse faire depuis. Dans sa logique de forcing, le secrétaire général sortant de la coordination envisage de convoquer une CA ce samedi, 31 mai 2014 à Diouroup, pour faire voter les militants pour la désignation du SG du parti et le lendemain, dimanche, 1er juin 2014, monter l’Union régionale de Fatick.Tout ça est illégal ! Tant que les recours introduits ne sont pas vidés par le comité national de pilotage et d’évaluation des renouvellements, les actes posés violent les dispositions de la circulaire. Or, par principe, je refuse les forfaitures. Je me bats pour le respect de principes de gouvernance démocratique au sein des partis, et non pour des problèmes crypto-personnels. Au-delà de l’expression plurielle des idées à accepter dans les partis, nous devons éviter les démocraties internes de façade ! Aujourd’hui, les destins du Sine socialiste ont besoin de nouveaux cheveux pour leur direction !Tout cela explique l’enjeu des renouvellements car certains responsables s’agrippent à des postes depuis des décennies comme des chauves-souris, malgré leur panne de représentativité dans leur terroir. Voilà ce qui tue les partis, autrement dit lacrise de confiance des responsables qui s’accrochent. Ces derniers ne pensent qu’à leurs intérêts, la gestion de leur propre carrière politique. Ils savent que s’ils sont à la tête d’une instance, ils contrôlent par exemple l’élaboration des listes d’investiture aux élections. Le poste occupé après les renouvellements, selon le niveau de responsabilité, peut faire accéder à des positions électives de pouvoir comme celles de député, maire, conseiller, etc. D’où l’aspect financier indirect des enjeux.

La polémique est toujours vivace entre ceux qui parlent de l’inopportunité de la tenue du congrès et ceux qui soutiennent le contraire. Ne pensez-vous pas que ces positions antagonistes pourraient entacher la fiabilité du scrutin ?

C’est vrai qu’il y a eu une controverse autour de la date de tenue du congrès, surtout lors du dernier comité central du PS. Les dates des 6 et 7 ont été arrêtées. Mais un communiqué du parti vient d’annoncer l’arrêt du processus de désignation du futur S.G. Ce qui veut dire que la vérité n’est pas toujours du côté de la majorité. C’est ce qu’on a voulu faire croire à l’opinion après le dernier comité central, suite au nombre d’intervenants. Même les profanes en politique savent que c’est toujours risqué d’organiser de telles assises à la veille d’élections. On a constaté les dégâts que cela commençaient à accoucher. Le congrès étant l’aboutissement de la procédure des renouvellements, il ne faut jamais occulter les frustrations relatives. Or, on ne doit pas aller à des élections en trainant de telles casseroles. C’est comme des épines dans les pieds et vous voulez faire du cross à la UsainBoltavec.Par ailleurs, je pense que des irrégularités ont commencé à être signalées ; ce qui allait, bien sûr, entacher la fiabilité du scrutin. Même si le Comité national de pilotage a arrêté la compétition, une chose est sure : Tanor devra mieux écouter, trier et distinguer ceux qui viennent lui parler. Il doit politiquement lire les résultats qui sont déjà tombés et les réactions dans le parti et l’opinion. Ceux qui l’ont poussé dans cette voie doivent avoir honte et savoir qu’ils ne lui servent pas, ni ne lui indiquent la bonne voie. C’est aussi être mesquin que de vouloir leurrer son prochain dans le seul but de réaliser ses intérêts personnels. Ça me révulse !

M. Thiam, vous êtes juriste. Que pensez-vous de la liste non paritaire à Touba. Quelles pourraient être les antécédents si le pouvoir faisait fi de cette situation pour tenir les élections locales ?

Je précise que je suis politiste. Il faut rappeler que nous sommes dans une République et celle-ci a ses règles et principes fondamentaux. Le problème des statuts spéciaux des cités religieuses du Sénégal a longtemps été posé dans le débat public et électoral. Ce qui fait que même sans caractère officiel, on pratique cette spécificité. Il s’agit donc d’un problème complexe car on est en face d’une loi électorale qui ne prévoit pas ce genre de situation. Que faire ? Je pense que nous devons revoir la construction de nos démocraties en tenant compte de certaines logiques sociales. Du point de vue sociologique, cette question de la parité se heurte à des obstacles culturels. Elle a été à l’origine de très difficiles investitures par les partis et, surtout, les coalitions de partis pour ces prochaines élections locales.

A votre avis, quelle pourrait être l’attitude des autorités face à ce problème de non respect de la parité à Touba ?

C’est difficile d’imaginer l’attitude des autorités par rapport à cette liste non paritaire. A mon avis, il ne peut y avoir que deux alternatives : la validation et l’invalidation. C’est à elles maintenant d’apprécier.

Peut-on envisager un report des élections locales ?

Pour reporter des élections, il faut des motifs crédibles. Si des facteurs légitimes justifient un report, les autorités peuvent prendre la décision. Mais attendons de voir l’élément perturbateur, au-delà des discours de salon. En tout cas, des intérêts de parti ne doivent pas être à la base d’un report des prochaines élections locales.

Comment expliquez-vous aujourd’hui la multiplicité des listes pour les élections locales ?

Je pense que cette multiplicité des listes est une conséquence de la pléthore des partis qui, je pense, sont à environs 218 organisations légalement constituées. Au-delà de ce facteur explicatif, on peut ajouter la crise de la représentation politique longtemps monopolisée par les partis politiques au Sénégal. Le désenchantement noté à l’égard des partis est lié à un comportement hideux d’une partie de notre personnel politique. L’exemple typique aujourd’hui est la transhumance partisane. En somme, il y a beaucoup d’hommes politiques véreux, avec un faible coefficient d’éthique et de probité morale. On peut alors comprendre pourquoi il y a cette crise de confiance à l’égard des partis. C’est ce qui explique l’émergence, tous azimuts, de mouvements citoyens. Beaucoup de listes sont dirigées par des personnalités indépendantes sous le couvert de partis, puisque la loi électorale n’autorise pas les candidatures indépendantes aux élections locales.

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