Eradication du paludisme au Sénégal: Un combat de longue haleine…

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La lutte contre le paludisme connait un franc succès au Sénégal. Cependant l’inaccessibilité des soins dans les zones reculées du pays compromet les chances d’éradiquer ce fléau.

« Le taux de mortalité et de morbidité du paludisme est réduit de 50% », déclarait récemment le Dr Moussa Thior. En annonçant que le taux de mortalité est passé de 18,17% à 4,4% (1.678 décès en 2006 contre 574 en 2009), le coordonnateur du Programme national de lutte contre le paludisme (Pnlp) se félicitait par la même occasion, de l’atteinte des objectifs d’Abuja consistant à réduire de moitié le fardeau du paludisme à l’horizon 2010. Stratégies de lutte efficaces, gratuité des médicaments ACT, distribution de moustiquaires imprégnées à grande échelle, test de diagnostic rapide (Tdr), traitement préventif intermittent (Tpi), apport technique et financier des bailleurs de fonds…, Les efforts ont payé.

En effet la lutte contre le paludisme se poursuit à un rythme satisfaisant avec à la clé des résultats probants. Hissant le Sénégal aux premiers rangs des pays engagés dans la lutte contre l’endémie. De 1,5 million de cas en 2006 à 174 mille en 2009, la régression est conséquente. Des chiffres qui sont la résultante logique d’une lutte diversifiée et un engagement sans relâche des divers acteurs. Autorités sanitaires et étatiques, partenaires étrangers, bailleurs de fonds, Ong, organisations communautaires de base…

Outre l’implication des acteurs et l’amélioration de la prise en charge des malades, le Sénégal doit cette évolution à l’introduction des médicaments Act (combinaisons à base d’artémisinine), à la généralisation des moustiquaires imprégnées et au traitement préventif intermittent (TPI).

Act, Tdr, Tpi : la recherche progresse

Grâce à l’arrivée des nouveaux traitements, le nombre de morts a considérablement baissé. En réalité jusqu’à la fin des années 90, le principal traitement reposait sur la nivaquine et la chloroquine. Mais la résistance à ces deux médicaments s’est accrue, poussant le Sénégal à finalement recourir aux ACT à partir de 2006. Aujourd’hui, leur gratuité et leur disponibilité sur l’étendue du territoire, ont redonné de l’espoir aux malades et réconforté dans leur tâche, tous les spécialistes qui s’affairent dans la prise en charge du paludisme. D’ailleurs, depuis cette décision les chiffres de la maladie ne font que chuter drastiquement d’année en année. Avec 1, 5million de cas en 2006, le Sénégal est passé à 1 million en 2007, puis 275 mille en 2008 avant de tomber à 174 mille cas en 2009. De plus, la mortalité a amorcé une chute vertigineuse avec 8000 cas en 1998 contre 1500 en 2007. L’autre effet bénéfique de ces actions (Act et Tpi), est que, les enfants et les femmes enceintes (couches vulnérables) sont de moins en moins touchés. Dans le même registre, les tests de diagnostic rapide, fortement encouragés par l’Oms, sont aussi venus comme un grand soulagement. Car pour mieux contrôler la maladie, ces tests permettent d’éviter l’utilisation systématique d’un traitement présomptif antipaludéen devant tout syndrome fébrile. En revanche il est important de reconnaître qu’ils ont des limites en fonction de leur condition d’utilisation que ce soit en pathologie d’importation, en zone d’endémicité comme test de diagnostic rapide pour un médecin isolé en dehors de ressource microscopique, en utilisation par le voyageur ou encore en zone d’endémie chez le sujet immun.

A toutes ces interventions, s’ajoutent également les aspersions intra domiciliaires et l’expansion des activités de prévention. De même, les recherches ont progressé au niveau mondial avec la mise au point d’un vaccin pour lequel plusieurs candidats sont en cours d’expérimentation. Mais en attendant que le RTS.S, seul candidat vaccin ayant atteint la phase 3 en essais cliniques, arrive à terme, la lutte anti vectorielle reste la principale mesure efficace.

Les pauvres toujours plus exposés

Ce sont autant d’efforts consentis, de thérapies disponibles et de méthodes de lutte anti-vectorielle qui s’avèrent payantes. Toutefois, le paludisme continue d’être une maladie de la pauvreté. Pour preuve, à l’instar de Kolda, Kédougou, Tambacounda, elle sévit le plus dans les zones dépourvues de système sanitaire bien structuré. Car, même si la maladie a fortement diminué, les niveaux de diminution ne sont pas les mêmes d’une zone à une autre. « Le paludisme reste une maladie de la pauvreté. Dans les zones urbaines la maladie recule. Dans les villages, les gens sont plus exposés aux accès palustres », rappelle le Dr Sokhna, paludologue à l’Ird. En comparant les taux de prévalence de Dakar nettement inférieurs à ceux de certaines zones rurales, le paludologue pointe du doigt le récurrent problème d’accès aux soins de santé primaires. Un grand obstacle à l’éradication de la maladie.

A quand l’éradication ?

Au moment où le Sénégal vient de réduire de moitié le fardeau du paludisme, la question de l’éradication semble encore trop prématurée. Aujourd’hui nombre de spécialistes s’accordent sur le fait que la faiblesse des systèmes de santé, l’inaccessibilité des populations aux soins, l’irrégularité des financements dans beaucoup de pays africains ne permettent pas encore de songer à l’éradication. D’ailleurs dans une de ses communications à l’occasion de la célébration de la journée mondiale du paludisme, le Pr Anta Tall Dia, directrice de l’Institut de santé et de développement (Ised) renseignait que « l’élimination du paludisme ne sera pas une chose aisée au Sénégal eu égard à la faiblesse du système de santé et à l’absence d’une standardisation des stratégies au niveau du continent ». Selon elle, « avant de parler d’élimination, il faut d’abord parler de contrôle de la maladie en passant par sa maîtrise parfaite et une mise en place d’initiatives inter-Etats et transfrontalières pour pouvoir inverser la tendance ».

Aujourd’hui, si les objectifs du dernier plan stratégique lancé par le Pnlp et couvrant la période 2006-2010 sont atteints, le prochain plan quinquennal 2011-2015 devra servir à consolider les acquis et à réfléchir davantage sur l’éradication du paludisme en vue de répondre positivement aux Objectifs du millénaire 2015.
En attendant, même si le bilan d’étape s’avère reluisant, le pari est encore loin d’être gagné. Et le chemin à parcourir dans la maîtrise du fléau reste parsemé de défis…

lagazette.sn

Dossier réalisé par Papa Adama TOURÉ et Ahmed DIAMÉ

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