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Gbagbo n’est ni un dictateur, ni un mégalomane, ni un criminel, mais un résistant ! Par Mouhamadou Bamba Ndiaye

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Les conflits d’aujourd’hui se caractérisent par certaine complicité qui empêche pratiquement de se ranger dans un camp, si on en a  une lecture globale (pluridimensionnelle) ; oui, c’est fini l’approche simpliste manichéenne, avec un bon d’un côté et un méchant dans l’autre ; c’est dire donc qu’il faut savoir relativiser : condamner, certes, les coupables, mais aussi chercher la part de responsabilité des victimes. Pour ce qui est de la douloureuse crise ivoirienne, il s’agissait essentiellement d’un contentieux postélectoral, ayant entraîné la nomination de deux présidents : l’un par le Conseil Constitutionnel, et l’autre par la ‘’Communauté Internationale’’ ; il ne s’agissait donc que d’un problème de Droit Constitutionnel ; c’est donc regrettable que les juristes ne soient pas sollicités, afin qu’ils apportent un éclairage décisif – et donc quasi irréfutable, pour convaincre aussi bien les protagonistes et leurs partisans que les observateurs neutres que nous sommes. Il fallait donc que tous les partis apportent leurs arguments et que le débat soit ouvert, sans détours  et totalement transparent. Incontestablement, il y a eu un problème de communication et la précipitation des grandes puissances et de la communauté internationale y est pour quelque chose ; tout laissait croire que l’on voulait imposer un point de vue unique par le fait accompli et la manipulation médiatique. En vérité, il y avait, au moins, une possibilité de recompter les voix et (ou) de reprendre partiellement les élections dans les zones ou les résultats étaient contestés ; on aurait, certes, perdu un peu de temps, mais on aurait peut-être épargné beaucoup de vies humaines et de souffrances au peuple ivoirien frère.  En tous cas,  la reconduction par Ouattara du Premier Ministre qui est le ‘’Chef de la rébellion’’ pouvait intriguer et être perçue comme une alliance avec le diable et une volonté de réactiver la rébellion ; et la mutation des ‘’Forces Nouvelles’’  en ‘’Forces Républicaines’’ ne conforte que les soupçons de collisions avancés par l’autre camp. Cette rébellion, à y voir de près, est à l’origine de tous les maux de la Côte d’Ivoire ; ainsi, le ‘’Rebelle en chef’’ qui joue le rôle de sapeur pompier depuis quelques années, auprès de l’un puis de l’autre protagoniste, est, en vérité, le vrai pyromane. Avec le recul, il est apparu évident que cette rébellion n’avait jamais désarmé – Bien au contraire, elle se renforçait avec la complicité et l’assistance de puissances étrangères. Et la communauté internationale qui le savait de science certaine devait s’attendre à des troubles électoraux ; d’ailleurs c’est ce fait qui était à l’origine des nombreux reports ; et c’était encore une raison d’y sursoir tant que cette condition n’était pas remplie. Et dans ce contexte de rébellion et de cohabitation, on ne pouvait pas reprocher à Gbagbo de ruser, alors qu’il avait en face des adversaires prêts à tout pour le débarquer (moyens armés, entre autres) ; il n’est ni un dictateur, ni un mégalomane, ni un criminel, mais un résistant – un vrai résistant ; en effet pendant tout son règne, il ne s’est jamais compromis avec les ‘’grandes puissances’’  (la France en particulier) ; et il vient de payer chèrement cette insubordination ; incontestablement, il a été ‘’exécuté, avec la complicité de la communauté internationale qui n’est en fait qu’un ‘’machin’’ (comme le disait le Général De Gaulle), au service d’une nouvelle classe d’impérialistes prétendant être les nouveaux ‘’gendarmes du monde’’, alors qu’ils ne sont mus que par des intérêts économiques et géostratégiques. Et leur traitement inique de la crise libyenne nous conforte dans nos convictions. Personnellement, jusqu’à preuve du contraire, je ne reproche à Gbagbo que son obstination sans bornes et vraisemblablement un manque de réalisme ; il devait abdiquer quand tout le monde s’était dressé contre lui, même s’il pensait qu’il était dans ses droits, en attendant que les historiens apportent la vérité un jour et le réhabilite. A l’évidence, les enseignements doivent être tirés, surtout en ce qui concerne la nécessaire démocratisation du Conseil de Sécurité. Au vu de tout cela, Gbagbo est autant responsable que Ouattara et son Premier Ministre (‘’rebelle en chef’’). Et donc un procès équitable n’épargnerait personne – même l’Onuci et la ‘’Force Licorne’’, pour complicité avec des forces rebelles ; c’est dire qu’il n’est jamais tard de rechercher une solution politique pour pacifier la Côte d’Ivoire ; l’étendue du désastre et de la responsabilité des uns et des autres est telle qu’il serait peut être nécessaire d’envisager une amnistie générale, pour faciliter la réconciliation. Voilà donc notre perception de cette douloureuse crise ivoirienne, en dépit de ce qu’en pensent ceux qui en ont une lecture mono – et donc une vision tronquée.

Docteur Mouhamadou Bamba NDIAYE

Ancien Interne des Hôpitaux de Dakar

Pédiatre à Thiès

Recteur de l’Université Virtuelle ‘’La Sagesse’’ de la Fondation Serigne Babacar SY Ihsaan – Bienfaisance (Thiès).

 

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