Deux ans après le meurtre atroce de Fama Niane, « L’As » a pris connaissance des différentes étapes de l’enquête de la Division des investigations criminelles (Dic). Une enquête ponctuée de rebondissements et qui s’est soldée, sans que beaucoup ne le sachent, par l’interpellation d’un Béninois. Faute de charge, il n’a pas été impliqué dans cet assassinat aux allures de sacrifice. Alioune Kandé, le meurtrier, a été suivi par les enquêteurs jusqu’à Rosso, avant qu’ils ne perdent sa trace. Révélations exclusives.
Le téléphone portable de l’assassin « géolocalisé » à Rosso
La police avait fait distiller des informations, selon lesquelles Alioune Kandé était en route vers la Gambie ou la Guinée. Or, au même moment, les enquêteurs suivaient à la trace le téléphone portable de l’assassin, qui signalait vers Rosso. Alioune Kandé, qui se savait traqué, avait changé de puce. Il ignorait que la géolocalisation permettait de suivre son « signalement », minute par minute. Aujourd’hui, l’hypothèse la plus probante est qu’il s’est réfugié en Mauritanie, d’autant que la Dic l’avait « retracé » jusqu’à la frontière. Mais comment en est-on arrivé là ?
Le travail était certes difficile, mais, grâce à leur professionnalisme, les éléments de la Dic ont pu percer le mystère. Contrairement à ce qui a été dit, c’est la Dic, par ses propres moyens, qui a identifié Fama Niane. Les enquêteurs, à la suite d’avis de recherches infructueux, ont pu reconstituer le corps, avant d’interroger la biométrie. La carte d’identité de Fama Niane a « répondu », avant que la Dic ne tire la photo. Son époux Baye Zale Diallo confirmera l’identité de la victime aux enquêteurs, qui l’ont informé du meurtre de sa femme. « Contrairement à ce qui avait été écrit, aucune partie ne manquait au corps », renseignent des sources autorisées. Pour autant, Baye Zale Diallo n’aura pas facilité le travail aux enquêteurs.
Interrogé par la Dic sur le lieu de travail de son épouse, il dira que cette dernière travaillait chez un avocat, sans connaître l’adresse. Tel n’était pas le cas, puisque la défunte travaillait comme employée de maison dans une modeste famille de la Médina. Avant de l’épouser, Baye Zale Diallo, alors chef d’équipe au Centre commercial « Quatre C », avait recruté Fama Niane. Cette dernière avait un enfant d’un premier mariage avec un sapeur-pompier. N’empêche, ils se marieront.
Ce n’est pas sans raison que les enquêteurs ont motivé, dans un premier temps, la garde-à-vue du mari de la défunte. Lors d’une descente au domicile de ce dernier à Rufisque, la Dic avait découvert des traces de sang sur le plancher. Interrogé, Baye Zale Diallo avait déclaré qu’il avait tué et dépecé un mouton sur les lieux, en compagnie d’un de ses amis. Mais ce dernier avait juré n’avoir pas connaissance de cela. Le Parquet décide alors, compte tenu de cette contradiction, de le « garder », le temps que des analyses scientifiques soient effectuées sur le sang. Finalement, celles-ci avaient conclu que le sang n’était pas d’origine humaine. Une preuve qui blanchit d’office Baye Zale Diallo.
Les preuves du crime sur une pierre
Mais entre temps, les enquêteurs « travaillaient » aussi sur le téléphone portable de Fama Niane. À la suite de réquisitions auprès des opérateurs de téléphonie, ils découvrent que la majorité des appels de la défunte convergeaient vers Petersen. Mieux, le jour du meurtre, Fama Niane avait été aperçue vers les Allées Papa Guèye Fall. Les enquêteurs de la Dic descendent dans la zone, la photo de la victime en main. C’est ainsi qu’on leur indiquera que « cette femme » est une « amie » de Alioune Kandé, qui habitait dans une baraque. Les éléments de la Police judiciaire passent la nuit dans la baraque, où était installé un petit commerce, jusqu’au petit matin à la recherche d’indices.
Sur le sol, ils trouvent, à la suite de recherches sur les lieux, des traces de sang sur une grosse pierre. Visiblement, c’est sur cette pierre que le corps avait été posé pour être découpé. La police scientifique confirmera plus tard qu’il s’agissait du sang de Fama Niane. Les recoupements de la Dic auprès du proche voisinage établissent que Kandé a quitté sa baraque le jour même de la découverte du corps de Fama Niane sur la plage.
Alioune Kandé ! Un personnage aux multiples facettes que les enquêteurs tenteront de cerner. Un témoin interrogé par la Dic confie son caractère violent et révèle l’avoir vu un jour frapper Fama Niane devant la baraque. Menant leurs investigations, les enquêteurs réussiront, d’ailleurs, à mettre la main sur son frère (même père et même mère). Ce dernier a été retrouvé à Keur Massar. De sa déposition, il ressort que Alioune Kandé était un marginal, à l’équilibre mental douteux. Il a fait la prison à deux reprises. La première fois, à Kaolack pour fraude ; la deuxième fois, à Mbour pour mort d’homme, lors d’un match de navétanes. À Petersen, Kandé est reconnu comme étant un charlatan, très discret dans ses fréquentations.
N.D, épouse du fils d’un dignitaire, entendue ; témoignage troublant de la prostituée K.D
Numéro de l’assassin en main, la Dic interroge tous ses appels émis ou reçus. Fait saillant : il disposait d’une clientèle composée en majorité de femmes. Parmi elles, N.D, mariée au fils d’un dignitaire. Elle sera entendue et confiera aux enquêteurs que Kandé faisait juste des prières pour elle. Les enquêteurs tombent aussi sur K.D, prostituée, qui leur fera un témoignage troublant. Quelques jours avant l’assassinat qui a défrayé la chronique, Kandé l’avait appelée à plusieurs reprises au téléphone pour qu’elle le retrouve chez lui à Petersen. L’assassin de Fama Niane avait insisté, malgré le refus de K.D. Les enquêteurs en ont conclu que Kandé cherchait une autre « proie », car, à ce moment-là, Fama Niane se trouvait à Tivaouane pour le Gamou.
Un Béninois interpellé pour ses « trous de mémoire »
K.D expliquera ensuite à la Dic avoir décliné l’invitation, parce que Kandé avait une particularité : il tordait le cou de ses partenaires, au moment de jouir. Tout le monde l’ignore, mais une interpellation et un défèrement ont eu lieu à la suite des investigations de la Dic. Les appels de Kandé ont aussi orienté les enquêteurs vers un Béninois, qui habite l’avenue Faidherbe. Entendu, ce dernier n’a pas été trop clair dans ses explications. Il reconnaît avoir appelé Kandé, comme le prouvent les réquisitions, mais dit oublier le motif de cet appel, pourtant récent et de longue durée. Les Services de l’immigration révèleront plus tard que le Béninois était entré clandestinement dans le territoire national. Faute de charges suffisantes pouvant le mêler au meurtre de Fama Niane, il sera déféré pour infraction au séjour et placé sous mandat de dépôt.
13, le chiffre du sacrifice
La thèse du sacrifice humain est la plus probable, dans la tête des enquêteurs. Dés le début de l’enquête, ils savaient que cette affaire était particulière, car rien ne justifiait une telle barbarie. Le fait même que le corps soit découpé en plusieurs morceaux intrigue. Car, d’habitude, un assassin, à moins d’être un maniaque, ne « perd » pas tout ce temps dans un meurtre classique. Le transport des morceaux du corps sur la plage est une autre bizarrerie. Des sources autorisées ayant suivi les étapes de l’enquête croient savoir, d’ailleurs, que ce n’est pas Kandé qui a transporté les morceaux du corps à la plage. Comme le révélait à l’époque « L’As », le corps a été découpé exactement en treize morceaux et jeté sur la plage un…vendredi 13. Un chiffre maléfique, selon une certaine croyance.
Alioune Kandé implore « l’invisibilité » par des écritures rouges gravées sur un mur
Sitôt l’horrible meurtre commis, Kandé a disparu donc. Mais, avant de fondre dans la nature, il a tenu à se couvrir « mystiquement ». Dans sa baraque, les enquêteurs ont découvert en lettres rouges une incantation qui, dit-on, permet à celui qui la formule d’être « invisible ». Le « traçage » de son portable renseigne qu’il a quitté Dakar pour se rendre à Diourbel, avant de retourner sur Rosso. « Nous l’avions presque ! », s’exclament encore des sources policières.
Cheikh Mbacké GUISSE
lasquotidien.info
voila un vrai salop ce kandé.
TRES BON TRAVAIL.
CECI EST UN FRUIT DE PURE RECHERCHE, MAIS AUSSI DE PROFESSIONALISME, DE VOLONTE’ DE VOULOIR INFORMER SERIEUSEMENT
BRAVO, DU COURAGE, DU COURAGE, DU COURAGE.
NE FAITES PAS COMME SENEWEB AVEC SES ADOLESCENTS-APPRENTIS JOURNALISTES, NE MAITRISANT MEME PAS LE FRANCAIS,