Grand Yoff – Sans toit, sans nourriture et ni sécurité : Les habitants dans l’attente de Dieu

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Les Sénégalais ont l’habitude de dire que l’eau symbolise la paix, mais celle qui a visité le quartier de Grand-Yoff est loin d’apporter la paix à ses hôtes. Entre les vies sauvées de justesse, l’absence de nourriture et de sommeil depuis avant-hier en passant par les maisons menacées, le drame reste très profond.
Dressé sur un monticule de sable, Yadicone Diouf regarde les jeunes gens en pleine activité. Ce qui était sa maison jusqu’avant-hier avec des chambres bien délimitées n’est aujourd’hui que ruines. Munis de pioches et de pelles, les jeunes essaient d’enlever les briques pour, au moins, niveler le sol afin que les bagages puissent être rangés. La maison de ce sérère bon teint donne un aperçu très net de ce que les 156 mm de pluie d’avant-hier ont laissé comme lot de désolation dans le quartier populeux de Grand-Yoff.
A Arafat, précisément à un coin qui fait face à la station service Shell des Hlm Grand-Yoff, les dégâts ne se comptent plus. Riz, charbon, condiments, tout est mouillé et étalé en plein air. A première vue, plusieurs impressions se dégagent. Parfois, on a le sentiment d’assister à une foire, tellement le désordre est total. Tantôt, on a le sentiment que tous les résidents ont organisé un linge général de tout un quartier. Il n’y a pas un petit espace où un pantalon, un tee-shirt ou un pagne n’est accroché. Les habitants n’ont réussi à faire sortir aucun de leurs habits. Tout est mouillé. Certains sont même emportés par les vagues. Et il suffit de voir les traces laissées par l’eau sur les murs encore debout pour savoir que la population se souciait de choses plus importantes que des vêtements.
L’eau a atteint, en effet, 2 mètres de hauteur. Pour beaucoup, c’était d’abord la vie qu’il fallait sauver. «Quand la clôture de devant a cédé, trois jeunes enfants âgés de 2 et 5 ans étaient à l’intérieur. S’ils ne sont pas morts, c’est parce qu’ils étaient sur le lit. Des gens sont passés par l’autre maison. Ils ont escaladé le mur pour les sauver», raconte Yadicone Diouf qui se réjouit de n’avoir pas subi des pertes en vie humaine.
Pourtant, une hécatombe a failli se produire chez lui. Car, en dehors de ses trois enfants, lui-même était coincé dans sa chambre avec deux de ses petits-fils. «L’eau est venue obstruer la porte. On ne savait par où sortir. Finalement, les gens sont passés par la terrasse de la maison contiguë. Ils ont enlevé le toit de ma chambre pour nous faire sortir.»
Rien n’a été sauvé dans sa maison. Même pas un mur. Complè­tement dénudé et sans solution, il se réfère à Dieu tout en espérant de l’aide de la part de ses semblables.
Dans ce quartier, des dizaines d’histoires les plus poignantes les unes que les autres se racontent. Dans la maison de Paul Gomis, Ali­matou Mané a failli mourir. Quand les eaux ont attaqué directement la concession des Gomis, Alimatou était dans sa chambre, et c’est là où tout a commencé. Elle a été sauvée de justesse. Aujour­d’hui, il ne lui reste que les habits qu’elle porte, en plus d’avoir perdu les 250 000 francs de la tontine qu’elle gère. Même cas de figure pour M. Gomis qui dit avoir perdu ses épargnes des trois dernières années.

UNE PARTIE de la clôture du bassin S’EFFONDRE
Au quartier Djeddah II, la situation n’est guère meilleure. Au con­traire, la description s’avère même insuffisante pour rendre compte de ce qui s’y passe. Les jeunes ont passé la nuit à lutter contre l’eau sans succès. Tôt le matin, ils se sont remis à la tâche. Les murs sont troués, certains pans cassés, afin de libérer l’eau.
A 11h passées, un chef de famille qui a sa chaise dehors demande la situation. Réponse : «c’est comme si nous n’avons rien fait. Le niveau n’a même pas baissé», lui rétorque sa fille. «Allez vous reposer. Nous allons passer la nuit dehors et nous en remettre à Dieu», lance-t-il, impuissant.
Au même moment, le boutiquier Salif Dème et Aminata Saboura et sa famille pataugent dans l’eau. La force de celle-ci est telle qu’une partie de le clôture du bassin a cédé, entraînant une bonne surface. Actuellement, la sécurité des habitants des maisons d’à côté est compromise. «De­puis hier nous n’avons pas mangé. C’est déjà assez. Voilà que notre maison et nos vies sont main­te­nant menacées. Or, nous ne sa­vons pas où aller. Nous restons ici, peut-être que Dieu nous viendra en aide», déclare-t-on, fataliste.
Dans ce contexte de désastre et sans secours, Dieu reste le seul point de recours. Les Dakarois sont devenus des habitants de Khar Yalla.

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