Habré: la défense boycotte les Chambres africaines

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Le pool des avocats conseils de l’ancien Président tchadien, Hissène Habré décide de boycotter tous les travaux des commissions des Chambres africaines extraordinaires et charge la Garde des sceaux, ministre de la Justice, Aminata Touré et le procureur général près lesdites Chambres. Me El hadji Diouf et Cie l’ont fait savoir hier, mercredi 3 juillet, à l’occasion d’un point de presse.

Qualifiant de «forfaiture» la procédure utilisée par le procureur général près les Chambres africaines extraordinaires, Mbacké Fall, le pool d’avocats de l’ex-président tchadien, Hissène Habré, a décidé de ne plus participer aux travaux des différentes commissions desdites Chambres. Elle a dévoilé cette position hier, mercredi 3 juillet 2013, à lors d’un point presse.

«C’est une décision du président Habré qui considère que la procédure menée par les Chambres africaines est inéquitable. Elle a conduit à une arrestation absolument inégale. Un véritable kidnapping. La défense n’a pas pu s’exprimer, ni organiser ses arguments, avoir accès aux dossiers, afin de voir qu’est ce qui a été retenu contre lui. C’est une procédure sans avocats, donc policière. On ne peut plus participer à la procédure», a déclaré Me François Serres, face à la presse.

Les conseils de l’ancien président tchadien n’entendent pas changer de position en attendant «la décision de la Cours de justice de la CEDEAO qui va se prononcer sur la façon dont les autorités sénégalaises se comportent. Nous avons la décision de la CEDEAO sur les conditions d’organisation des Chambres, la nationalité et nous sommes devant des Chambres nationales», a précisé Me Serres.
Et Me François Serres d’ajouter : «il se permet de faire une sortie parlant de la procédure pénale. C’est un désarroi profond pour essayer de manipuler».

A sa suite, Me El Hadji Diouf, n’a pas mâché ses mots pour charger la Garde des sceaux, ministre de la Justice, Aminata Touré et le procureur général près les chambres africaines extraordinaires, Mbacké Fall. Expliquant le film de l’arrestation, Me Diouf a souligné que «Habré a été cueilli et séquestré sans nous indiqués le lieu de détention. C’est extrêmement grave. Nous avons cherché 48 heures en vain».

Pour l’avocat de la défense, «les juges ont validé des enquêtes menés par des tchadiens. Le procureur a pendant huit jours été à Tchad et en Belgique pour les besoins de documents. Nous sommes en face d’une justice des vainqueurs, la victoire de Déby».

Estimant que la Garde des sceaux, ministre de la Justice, a été «imprudente» pour dire que Habré va être jugée à la fin du mois de décembre 2012, Me Diouf a précisé que cela «veut dire qu’elle avait son agenda en violation flagrante de tous ses droits. C’est grave».

La sortie de l’actuel président tchadien, Idriss Déby, pour se réjouir de l’arrestation de son ancien mentor et féliciter le travail de la justice sénégalaise, a soulevé un tollé chez les avocats de la défense. Suffisant pour que Me Diouf, note qu’il (Déby) «est soulagé depuis l’arrestation, l’emprisonnement et la liquidation de Hissène».

Pour rappel, l’ex homme fort de Djaména, qui vit en exil au Sénégal depuis la chute de son régime en 1990, est poursuivi pour «Crimes contre l’humanité, crimes de guerre et tortures». Il a été placé en garde à vue dimanche dernier et placé sous mandat de dépôt au pavillon spécial de l’hôpital Aristide Le Dantec.

Le parquet des Chambres africaines a aussi requis l’inculpation de cinq responsables du régime Habré à savoir Saleh Younous et Guihini Korei, deux anciens directeurs de la Direction de la Documentation et de la Sécurité (DDS, la police politique de Hissène Habré). Guihini Korei est le neveu de Hissène Habré et fait l’objet, comme Abakar Torbo, ancien régisseur du service pénitencier, d’un mandat d’arrêt international émis par le Tchad en mai 2013.

Mahamat Djibrine dit «El Djonto», actuellement en détention au Tchad et Zakaria Berdei, ancien conseiller spécial à la sécurité de la présidence et l’un des responsables présumés de la répression dans le Sud du Tchad en 1984, font aussi partie de la liste retenue par le parquet des Chambres. Aucun d’entre eux ne se trouve au Sénégal pour le moment.

Le parquet a aussi demandé «des mesures conservatoires sur les biens des inculpés», notamment l’identification des biens et meubles et immeubles pour un éventuel dédommagement des victimes.
sudonline

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