François Hollande, élu candidat PS à la présidentielle, a rapidement mis le cap sur mai 2012, qualifiant sa large victoire à la primaire de « première étape d’un long cheminement », pendant que la droite, impatiente d’en découdre, lançait la contre-offensive.
Désireux de se mettre rapidement en ordre de bataille dans la foulée du succès de sa primaire, le PS était toutefois confronté à des interrogations sur une réorganisation de sa direction. Issue du congrès de Reims de 2008, celle-ci reste emmenée par la finaliste Martine Aubry, de retour à Solférino dès lundi matin.
Hollande élu, lyrique et enchanteur
Avec 56,6 % des suffrages, sur fond de participation en hausse de 7 % par rapport au premier tour (près de 200 000 votants de plus avec 2,86 millions de votants), François Hollande s’est félicité dès dimanche soir d’avoir obtenu la « majorité large » qu’il sollicitait, pierre angulaire du « rassemblement », son maître mot et celui de tous les socialistes.
« Investi » de ce « mandat » clair, le député de Corrèze s’est fait lyrique, désireux de « réenchanter le rêve français » (« Le rêve français », titre de son dernier opus, publié en août).
Ce résultat « est la première étape d’un long cheminement » et « je n’ignore rien de la dureté des combats qui nous attendent », a-t-il néanmoins relevé.
Une convention d’investiture pour lancer la campagne et officialiser le rassemblement
Dans un entretien à l’AFP, M. Hollande a assuré que « les leçons de 2007 » avaient « été tirées et apprises ». « Il n’y aura pas deux campagnes », pas plus qu’une seule campagne « avec double commandement » comme lors de la précédente présidentielle, a-t-il promis.
D’emblée, le candidat, qui sera officiellement investi samedi lors d’une convention spéciale à Paris, a voulu se démarquer de toute idée de solitude avec l’effet « perron » : grande photo de famille au siège de Solférino, Ségolène Royal et Martine Aubry à ses côtés, et tout autour Manuel Valls, Arnaud Montebourg, Laurent Fabius, Harlem Désir…
Vers une nouvelle gouvernance au PS
Façon de gommer les derniers cahots d’une campagne achevée au bord de la crise de nerfs, même si M. Hollande s’est voulu imperturbable. Malgré la conciliation affichée, plusieurs voix se sont élevées dès dimanche soir pour réclamer une réorganisation du parti.
Harlem Désir, numéro un par intérim le temps de la campagne de Mme Aubry, a jugé « normal et même nécessaire d’élargir la direction du parti à l’équipe de notre candidat François Hollande ».
« Débattre de la nouvelle organisation collectivement »
Selon un cadre du parti, il pourrait s’agir notamment du porte-parole -occupé par un tenant de l’aile gauche, Benoît Hamon- et de quatre postes de secrétaires nationaux.
Même demande de la part de proches de M. Hollande, François Rebsamen, Julien Dray ou encore Stéphane Le Foll, pour qui la direction ne peut « pas rester en l’état ».
Interrogée à ce sujet, Mme Aubry a répondu : « nous allons débattre collectivement de toutes les organisations avec François Hollande ».
L’UMP contre-attaque
De son côté la droite tente de riposter, elle qui se plaint d’avoir eu à subir un hold-up médiatique, comme l’a claironné sur tous les plateaux Christine Boutin.
François Fillon devait intervenir au 20 h 00 de France 2, à la veille d’une convention de l’UMP visant à mettre en pièces le projet socialiste.
D’ores et déjà, le secrétaire général du parti, Jean-François Copé, a fait feu sur François Hollande, « champion du monde de l’ambiguïté » et du manque de « courage ».
Copé en porte-flingues
L’UMP entend aussi souligner les divisions apparues à gauche durant la campagne entre « gauche molle » et « gauche sectaire », et couper l’herbe centriste sous le pied du député de Corrèze.
« La gauche réputée molle et qu’est censé incarner François Hollande n’est en rien la gauche que certains diraient fréquentable pour tel ou tel membre de notre famille politique », a clamé M. Copé.
