Hommage au peuple sénégalais, à SERIGNE MANSOUR SY DJAMIL et à SIDY LAMINE NIASSE Par ALIOU DIACK Président de la Communauté Rurale de MBANE

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Pour la mémoire d’une histoire politique récente du Sénégal qui n’appartient pas encore aux historiens, je voudrais chers compatriotes d’ici et dans la diaspora, rendre un hommage patriotique à Bennoo Siggil Sénégaal, aux mouvements et organisations de la société civile, particulièrement à la Raddho et à Alioune TINE martyrisé, ainsi qu’au mouvement y’en a marre. Mais permettez-moi surtout de décerner une mention spéciale à  Serigne Mansour SY Djamil, président du mouvement politique citoyen BES DU ÑAKK et à Sidy lamine NIASSE, pour les multiples symboles et actions militantes qu’ils incarnent.

 

Certains organes de presse et concitoyens ont regretté voire fustigé ce qu’ils considèrent comme un silence assourdissant des marabouts pendant ces moments déterminants de la résistance collective sénégalaise du 23 juin 2011.

 

Non, les marabouts n’ont pas été absents de la scène politique effervescente et ne se sont pas tus non plus, bien au contraire. J’avais eu par la Grâce de Dieu LE TOUT MISERICORDIEUX, la chance d’être au front et au cœur des évènements de cette mémorable journée, que j’ai vécue du début jusqu’à la fin. Du petit matin jusqu’à la délivrance du peuple sénégalais par la reddition du président de la république Abdoulaye WADE et la proclamation de l’armistice par son ministre d’état, ministre de la justice et garde des sceaux, Cheikh Tidiane SY, je n’ai pas quitté la place SOWETO, devenue si symbolique et si mythique à l’image de l’autre SOWETO (South Western Township) dans la proche banlieue de JOHANNESBURG, où un certain mercredi 16 juin 1976 (35ans au paravent), le lâche assassinat du jeune Hector PETERSEN âgé seulement de 12 ans par la soldatesque du sinistre premier ministre Balthazar John Vorster et du tristement célèbre Pieter Wilhelm Botha, ministre de la défense d’une Afrique du Sud profondément raciste, avait inéluctablement sonné le glas pour le régime fasciste de l’APARTHEID.

 

Serigne Mansour SY Djamil, marabout et fils de marabout, a été le premier leader de l’opposition à avoir foulé le sol de la place SOWETO tôt le matin du jeudi 23 juin. Il a été suivi en cela par Sidy Lamine NIASSE, marabout et fils de marabout, qui l’a retrouvé à la station d’essence qui jouxte la place SOWETO, assis modestement sur un banc en bois. Mansour SY Djamil a non seulement mobilisé massivement ses camarades du mouvement BES DU ÑAKK mais aussi ses milliers de talibés venus de toutes les régions du Sénégal. Il a abandonné sa voiture au rond point du marché SANDAGA, pour remonter à pied toute l’avenue du président Lamine GUEYE jusqu’à la place SOWETO, suivie d’une foule impressionnante.

 

Pendant les heures chaudes de la journée, suite à la provocation de Farba SENGHOR et les jets de pierres ciblés sur les forces de l’ordre par des éléments qu’il avait instrumentalisés pour saborder cette mobilisation politique jamais vue de mémoire de Sénégalais dans ce pays, Serigne Mansour SY Djamil n’a pas rasé les murs, mais a au contraire affronté les grenades lacrymogènes, en s’activant et en se démenant sur la place SOWETO pour calmer les forces de l’ordre visiblement débordées ainsi que les jeunes qui piaffaient d’impatience d’en découdre avec celles-ci. Les Sénégalais très nombreux sur les lieux, hommes, femmes, jeunes ou vieillards lui ont rendu un vibrant hommage par des slogans, du genre «Serigne nii laye mel» (voilà l’image que doit incarner un marabout), ou «Serigne bi dieuré dieuf» (Merci marabout).

 

Beaucoup d’autres marabouts dans le Sénégal ont prié dans le secret de leur retraite spirituelle rien que pour «Lou gueun çi rewmi»(le meilleur pour le pays), selon la formule consacrée. Mais «Lou gueun çi rewmi tay jii» (ce qu’il y a de mieux aujourd’hui pour le pays), c’est le départ sans condition ni délai du président de la république Me Abdoulaye WADE !

Serigne Mansour SY Djamil et Sidy Lamine NIASSE ont non seulement prié pour le Sénégal, mais ont également battu le macadam à côté du peuple debout, guidés tous les deux en cela par la fameuse sentence de Majmouth DIOP (en 1957), que je cite :

 

« Dans  l’histoire d’un pays, il sonne toujours une heure, grave entre toutes, qui fait se dresser dans un même élan irrésistible et enthousiaste, tous les fils d’un peuple, parce que la terre des aïeux est en danger, parce que la vague de honte qui monte risque d’éclabousser à jamais le front des générations mortes, vivantes et à venir ».

 

Oui, l’heure était très grave en ce jeudi 23 juin à la place SOWETO, dans un face à face explosif entre un peuple déterminé à en découdre d’un côté et de l’autre côté des députés sensés défendre les intérêts de ce même peuple, et des forces de l’ordre sur les visages desquelles on lisait la crispation et la tension.

 

Mais quand tout un peuple se lève pour se faire entendre, il constitue une déferlante irrésistible qui écrase tout sur son chemin. Un célèbre écrivain Tunisien disait (signe prémonitoire à l’image du printemps Tunisien ?), je le cite :

 

« Si le peuple un jour aspire à la vie,

Le destin devra impérieusement se plier,

Les ténèbres inéluctablement se dissiper

Et les chaînes n’auront alors d’autre choix que de se briser ».

 

Les chaînes qui menottaient le peuple sénégalais se sont effectivement brisées ce jeudi 23 juin 2011 à la place SOWETO et tous étaient là, quand le ministre Cheikh Tidiane SY lisait le texte de la capitulation du président Abdoulaye WADE, devant l’assemblée nationale du peuple souverain, sous l’œil vigilant de ce même peuple témoin et censeur : Serigne Mansour SY Djamil, Amath DANSOKHO, Abdoulaye BATHILY, Magatte THIAM, Moustapha NIASSE,  Ousmane Tanor DIENG, Macky SALL, Penda MBOW, Me Mame Adama GUEYE, Landing SAVANE, Charles GUEYE, Madieyna DIOUF, Mata SY DIALLO, Aïssata TALL SALL, Momar SAMB, Dr Diallo DIOP, Pr .Maguèye KASSE, Nicholas NDIAYE, Yéro DE, Mandiaye GAYE, Mody NIANG, Cheikhou Oumar SY, Cheikh Tidiane GADIO, Cheikh GUEYE, Ousmane SANE, Cheikh Bamba DIEYE, les Y’en a MARRISTES, Barthélémy DIAS, etc. J’ai cité juste ceux que j’ai vus, mais je sais que tous les leaders de BENNOO SIGGIL SENEGAAL  et des mouvements de la société civile étaient là ; j’en ai beaucoup identifiés que je connais de vue, sans pouvoir citer leur nom ici. Notre pensée va ici à Alioune TINE de la Rencontre africaine de défense des droits de l’homme (Raddho), digne et très courageux, lâchement agressé par des nervis armés à la solde de l’élément hors du commun. Qu’il nous revienne vite rétabli !

 

Dans le contexte politique actuel caractérisé par l’évanescence et la perte des repères, l’engagement courageux et affiché de chefs religieux comme Serigne Mansour SY Djamil  et Sidy Lamine NIASSE, aux côtés du peuple opprimé, est déterminant, mérite admiration et doit être mis en exergue, car, il s’inscrit en droite ligne dans une tradition révolutionnaire, démocratique et nationale, magistralement théorisée et rigoureusement appliquée à la société de son époque, par Thierno Souleymane BAAL, lui aussi marabout, promoteur et idéologue éclairé de la révolution historique de 1776 dans le premier ALMAMIAT du FOUTA TORO.

 

En effet, le Professeur Oumar DIOUME, éminent chercheur et mathématicien sénégalais de l’école polytechnique de MONTREAL, de l’université de PARIS 1 Panthéon Sorbonne, et de l’école polytechnique fédérale de LAUSANNE, qui fut mon collègue à l’école polytechnique de Thiès, nous rappelle dans un remarquable ouvrage intitulé « Lumières Noires de l’Humanité » ( IFAN Cheikh Anta DIOP 2010, ISBN 978-2-917400-15-9), les fameuses sept (7) directives de Thierno Souleymane BAAL, qui ont constitué les termes de références et le socle de la dévolution du pouvoir par des élections libres et transparentes (en fait, le premier code électoral sénégalais !), je cite le Thierno :

  1. 1. Choisissez un homme savant, pieux et honnête qui n’accapare pas les richesses de ce bas monde pour son profit personnel ou pour celui de ses enfants ;
  2. 2. Détrônez tout Imâm dont vous verrez la fortune s’accroitre et confisquez l’ensemble de ses biens ;
  3. 3. Combattez-le et expulsez-le s’il s’entête ;
  4. 4. Veillez bien à ce que l’Imâmat ne soit pas transformé en une royauté héréditaire ou seuls les fils succèdent à leurs pères ;
  5. 5. Choisissez toujours un homme savant et travailleur ;
  6. 6. Il ne faut jamais limiter le choix à une seule et même province ;
  7. 7. Fondez-vous toujours sur le critère de l’aptitude.

 

Thierno Souleymane BAAL, après avoir achevé la révolution, refusa de se faire élire ALMAMY DU FOUTA, ouvrant ainsi la voie aux FOUTANKOBE de choisir librement et démocratiquement pour la première fois dans l’histoire de notre pays en 1776, un ALMAMY, en la personne de Thierno Abdoul Kader KANE, il y a de cela 235 ans, exactement treize (13) années avant la révolution française de 1789 que beaucoup d’intellectuels et d’historiens africains aiment souvent et pompeusement citer, comme notre référence.

 

Avant d’accepter son élection transparente et démocratique, le professeur Oumar DIOUME nous apprend, que l’Almamy Abdoul Kader KANE avait exigé l’accord de tous ses électeurs pour le respect du principe de l’égalité de tous les FOUTANKOBE devant la loi : L’ALMAMY ABDOUL KADER KANE a aboli la Traite Négrière dans son pays, 13 ans avant la Révolution Française !

 

Et si notre cher président Abdoulaye WADE et le peuple sénégalais revisitaient les 7 critères de Thierno Souleymane BAAL  de 1776 ? Ceux-ci sont encore aujourd’hui plus actuels et vivaces que jamais. Tout comme le discours historique et prémonitoire de Serigne Mame Abdoul Aziz SY Malick DABAKH (RTA) en direction des députés représentants du peuple et des détenteurs du pouvoir temporel, diffusé en boucle pendant toute la journée du jeudi par une radio de la place.

 

Depuis le soir du jeudi 23 juin 2011, nous peuple sénégalais avons franchi un point de non retour dans la marche révolutionnaire de notre peuple vers l’émancipation, contre la mal gouvernance, les injustices, pour une citoyenneté majeure assumée.

 

Quand on interroge Mansour SY Djamil sur son engagement politique et citoyen aux côtés du peuple, à ce niveau de militantisme, il répond sobrement mais résolument : « Quand l’essentiel est en danger, s’opposer est un devoir ». Jeudi 23 juin 2011 à la place SOWETO à Dakar, le peuple sénégalais a bien compris ce message.

 

Suite aux secousses telluriques de mai 1968 en France et dans le monde entier, le général Charles De Gaulle Président de la 5ème République Française avait voulu répondre aux désirs de changements exprimés par les Français, selon sa propre lecture, et avait préparé une réforme du Sénat accompagnée d’une loi sur la régionalisation avec un engagement verbal mais républicain et solennel devant tout le peuple français, à savoir qu’il démissionnerait, si les Français votaient NON à sa proposition référendaire. Quand la victoire du NON fut proclamée le 28 avril 1969, le Président Charles De Gaulle âgé seulement de 79 ans (suivez mon regard !) rendit immédiatement sa démission, se retira définitivement de la vie politique française, pour ne plus se consacrer qu’à ses mémoires, jusqu’à son décès, le 9 septembre 1970 à Colombey-les-Deux-Eglises, un an et demi seulement après sa démission.

 

Dans notre cas de figure au Sénégal, le président Abdoulaye WADE avait l’obligation de saisir le peuple par référendum pour changer la constitution. Il a choisi la petite porte d’un parlement à majorité mécanique et  à sa dévotion. Il a essuyé un désaveu cinglant comparable à celui du rejet du référendum du Président Charles De Gaulle en 1969, parce que tout le peuple référendaire sénégalais était dehors sur la place SOWETO et a dit NON, en sus du NON de contrainte de l’assemblée nationale.

 

Je profite de cette occasion pour féliciter tous les députés de l’opposition comme ceux de la majorité présidentielle (Mously DIAKHATE, Me Elhadj DIOUF, etc..) qui se sont dressés contre la manipulation de la constitution par Abdoulaye WADE. La palme revient à mon humble avis cependant au député Samba Diouldé THIAM, un député patriotique, très discret, mais d’une grande efficacité. Il avait non seulement annoncé son refus de voter la loi, mais avait pris le temps d’une profonde réflexion anticipée, pour proposer aux sénégalais, un texte critique d’une très grande richesse, en vue d’améliorer notre système parlementaire et notre constitution. Permettez-moi de citer un passage de ce texte en date du 21 juin 2011 intitulé « Projet de loi constitutionnelle N° 13/2011 : Je vote contre » :

 

« Le passage des lois Wade par l’Assemblée nationale est une formalité, car celle-ci est une chambre d’enregistrement. Il en fut ainsi d’ailleurs dans les quarante années précédentes de vie républicaine du Sénégal. Jusque-là donc rien de nouveau.

La question qui est tranchée depuis longtemps et qui n’est pas relayée suffisamment par les luttes populaires et politiques, c’est, non pas la suppression de l’assemblée nationale, mais l’existence d’une véritable représentation des différents intérêts nationaux, populaires, régionaux et confessionnels à l’Assemblée.

En un mot, comment promouvoir une véritable représentation nationale, populaire et démocratique?

 

En cinquante années de présidentialisme renforcé, le Sénégal n’a gagné ni en développement économique national et régional équilibré, ni en développement social, culturel et intellectuel pour la promotion de plus de justice et d’équité. Dans ce régime, plus ou autant qu’avant, l’assemblée nationale et la Justice ont ployé sous la férule présidentielle. IL Y A LIEU D’EN SORTIR ». Fin de citation.

 

Le jeudi 23 juin correspond doublement à une motion de censure et à un référendum populaire. Après le retrait de la loi par Cheikh Tidiane SY, la place SOWETO, pour toute réponse, a demandé à haute et intelligible voix la démission pure et simple du Président de la République Abdoulaye WADE, dont l’échec est personnel, puisque, pour paraphraser Moustapha NIASEE, « il réfléchit seul, il décide seul, il se trompe seul ! » ; permettez-moi camarade NIASSE d’ajouter « et il doit assumer seul ! ». Le Président WADE avait récemment  et publiquement annoncé à haute et intelligible voix, qu’il partirait, si le peuple sénégalais descendait dans la rue pour le lui demander. C’est maintenant chose faite, Excellence Monsieur le Président de la République !

 

Un mot de la fin avec le grand écrivain et penseur Allemand Friedrich Von SCHILLER, qui disait: «Der Mohr hat seine Schuldigkeit getan, der Mohr kann gehen». Dans notre cas ça veut dire Monsieur le Président, «Askanou Senegal, môm dey diânam wathia na» (le peuple Sénégalais a fait ce qu’il avait à faire). A vous maintenant de jouer. Patriotiquement.

Dakar, le 27 juin 2011

Professeur ALIOU DIACK

Membre du Directoire National du

Mouvement Citoyen BES DU ÑAKK

Président de la Communauté Rurale de MBANE

 

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