Journée mémorable pour les policiers

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À coup sûr, la journée d’hier restera gravée pour longtemps dans la mémoire collective des éléments de la Police nationale, dirigés par le commissaire Arona Sy et chargés de garantir l’ordre à l’Assemblée nationale et environs. En effet, désarmés par le ministre de l’Intérieur et impuissants devant l’armée de Farba Senghor, bénie par Wade, et qui n’hésite pas à appuyer sur la détente, avec à la clé des balles réelles, les troupes dudit commissaire ont broyé ce jeudi du noir. Piment sur le gâteau : des milliers de citoyens prêts à troquer leur vie contre le retrait du projet de loi constitutionnelle ont donné du fil à retordre aux forces de l’ordre. Heureusement, le commissaire a fait preuve d’une sérénité à toutes épreuves, dans sa gestion de la foule.

Ce fut tout simplement surréaliste ! Car hier, des milliers de manifestants, excédés par le tristement célèbre projet de loi constitutionnelle instituant le « ticket », ont rallié l’Assemblée nationale, en étant disposés à payer au prix de leur vie, pour que ledit projet ne soit pas voté par les députés. Et pour contenir le trop-plein de frustrations des citoyens au bord de la crise de nerfs, les forces de l’ordre ont souffert le martyre pour contenir vainement une marée humaine déferlante.

Vers 9 heures, c’est d’abord le socialiste Serigne Mbaye Thiam qui discute avec le commissaire Arona Sy. Pour se plaindre du fait que ce dernier et ses hommes aient laissé le chargé de la propagande du Pds franchir la zone exclusivement réservée à la presse et interdite au reste du public. Le très aimable commissaire passe aux aveux, pour calmer le responsable socialiste : « Serigne Mbaye, vous avez raison, mais cela nous a surpris ; maintenant, calmez vos militants, je vais m’occuper du reste ; et de grâce, faites moi confiance pour ça ».
Serigne Mbaye Thiam, très prompt au compromis, accepte son mea culpa, mais souhaite que plus jamais ni Farba Senghor, ni un quelconque autre responsable libéral n’investissent les lieux pour faire leur show. Sinon, lui et ses troupes feront de même.

Un manifestant aux policiers : « quand je vous vois manipulés par Wade, j’ai honte »

Plus les minutes passent, plus la foule menace d’investir l’espace situé entre le portail de l’Assemblée nationale et l’esplanade. Arona Sy se retourne du côté de Serigne Mbaye Thiam : « si je vous laisse ici, c’est pour que vous m’aidiez ». Le socialiste accepte de jouer le jeu, prend le micro central et tente de s’adresser aux manifestants. Dans la foulée, un jeune lance au commissaire et à ses troupes : « quand je vous vois manipulés par Wade, j’ai honte de vous ; ressaisissez-vous ».
Un gradé de la Police d’avertir : « si vous nous agressez, nous serons obligés de réagir ». Arona Sy de se montrer ferme : « arrêtez ce gars et gardez-le au Commissariat du Plateau jusqu’à ce que j’arrive ». Visiblement excédé par le mauvais tour que Farba Senghor a joué aux éléments des forces de l’ordre, un autre gradé lâche : « ce que je regrette, c’est qu’on n’ait pas laissé les manifestants lui (Ndlr : l’élément hors du commun) casser sa grande g… ».

Abdoulaye Bathily au commissaire Sy : « on ne bougera pas d’ici, car… »

Quand Abdoulaye Bathily et Ousmane Tanor Dieng investissent les lieux, Arona Sy tente de les bloquer. Après moult échanges, le patron de la Ligue démocratique fait comprendre au commissaire que personne ne peut l’empêcher d’accéder sur les lieux. « Malgré notre respect pour vous, on ne bougera pas d’ici, monsieur le commissaire, car il est de notre droit de manifester contre ce projet de loi ». La tension monte et un militant craque : « commissaire, si tu souhaites la confrontation, nous voilà ».
Le commissaire pique une colère noire, menace de faire vider les lieux et appelle ses éléments à charger les récalcitrants. Avant de revenir à de meilleurs sentiments. Pendant ce temps, des manifestants font tomber une pluie de pierres. Arona Sy s’attache les services du maire du Point E, afin qu’il l’aide à amener les lanceurs de pierres au cessez-le-feu. Ce dernier propose sa médiation, mais la masse lui demande d’aller voir ailleurs.

Serigne Mbaye Thiam à Arona Sy : « vous avez la force publique, mais vous n’êtes pas un va-t-en guerre ; on se connaît »

Le commissaire du Plateau fait appel à Me Aïssata Tall Sall, pour qu’elle joue sa partition. « On s’est parlés ce matin ; aidez-moi à calmer vos troupes », lui dit-il. Serigne Mbaye Thiam de rappeler à Arona Sy : « vous avez la force publique, mais vous n’êtes pas un va-t-en-guerre ; on se connaît ». Le commissaire se met hors de lui : « vous ne faites rien pour m’aider, je n’accepte plus ça, je vais vous expulser », dit-il. Le socialiste rit, convaincu que le commissaire a besoin de lui pour lui prêter main forte.

Kilifeu au commissaire : « sachez que nous irons droit au Commissariat pour libérer nos amis »

Kilifeu, le rappeur et membre du Mouvement « Y en a marre », dont le chef de file a été arrêté la veille, apostrophe Arona Sy à son tour : « après qu’on aura empêché ce projet de loi, sachez que nous irons droit au Commissariat, pour libérer nos amis ». Le commissaire lui rétorque : « tu ne peux pas me parler comme ça ; on se connaît Kilifeu. Mieux vaut calmer tes camarades ». Mais le rappeur de marteler : « faites sortir d’abord Thiatt, Fou malade et les autres si vous voulez qu’on se calme ». Arona Sy, pour calmer les nerfs de Kilifeu, lui promet : « on va le faire ». Mais Kilifeu décline la proposition du commissaire, qui fait monter à son tour les enchères : « tout a une limite ; je vais demander à mes hommes de charger les manifestants ».

Aïssata Tall Sall à Arona Sy : « je vais rompre le pacte que nous avions signé »
Subitement coléreuse pour on ne sait quelle raison, Me Aïssata Tall Sall surgit et déclare au commissaire : « je vais rompre le pacte que nous avions signé, car… ». Arona Sy, pour étouffer la contestation de la mairesse de Podor, lui dit : « viens, on se voit en tête-à-tête ; ne rompez pas le pacte ; ne soyez pas fâchée ». Après quelques échanges, les deux « dealers » tombent d’accord et le commissaire peut à nouveau griller une clope (Marlboro light).

Arona Sy à propos des coups de feu de Farba Senghor : « j’ai vu les cartouches ; d’ailleurs, j’en ai gardé une dans ma poche »

Alors que ses hommes ont du mal à contenir les manifestants, Arona Sy se heurte à une métastase cancéreuse : Farba Senghor. L’élément hors du commun constitue tellement une équation nationale qu’il a été hier à la tête d’une meute de « tireurs d’élite », qui ont usé de balles réelles contre les manifestants. Le patron du Commissariat central, visiblement dépassé par la tournure des évènements, marche dans tous les sens. Certains manifestants exhibent sous ses yeux les cartouches des balles réelles, et Arona Sy ne peut que constater les dégâts. « J’ai vu les cartouches, d’ailleurs, j’en ai gardé une dans ma poche », reconnaît-il.

Le commissaire désire s’en ouvrir à ses supérieurs, mais n’a pas un téléphone cellulaire, le sien étant hors d’usage. Il sollicite celui de l’ex-maire des Parcelles assainies, Mbaye Ndiaye, qui le lui file généreusement. Malheureusement, Arona Sy a du mal à faire usage de l’appareil de l’ex-député. Votre serviteur finit par mettre son téléphone à la disposition du commissaire, qui réussit enfin à joindre son supérieur hiérarchique. « Il semblerait que des coups de feu aient été tirés à partir de la maison de Farba Senghor et qu’un homme ait été atteint », dit-il au bout du fil. Réponse de son interlocuteur et Arona Sy de renchérir : « ah bon ! ça s’est passé devant vous ? ». Avant de mettre fin à sa communication.

Arona Sy : « je ne peux pas engager mes hommes sans armes face aux auteurs des coups de feu »

Envahi par certains manifestants qui se plaignent de la passivité des forces de l’ordre face aux tireurs de Farba Senghor, le patron du Commissariat central fait un aveu de taille : « je ne peux pas engager mes hommes qui sont sans armes, face aux auteurs de ces coups de feu ». Logique ! Car le ministre de l’Intérieur, pour parer à tout grabuge, avait décidé de désarmer ses troupes. Toutefois, il convient de dire chapeau au commissaire, qui a fait preuve de beaucoup de calme et de retenue, pour gérer une foule qui ne veut plus voir Wade, même en peinture.

Daouda THIAM
las quotidien

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