« La réduction du train de vie de l’Etat : un vieux serpent de mer difficile à apprivoiser mais, des solutions existent » (Par Alioune DIAWARA, juriste à Bordeaux)

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A peine arrivé aux manettes de l’Etat du Sénégal, l’attelage Diomaye-Sonko est confronté à une vieille antienne que l’on entend un peu partout dans le monde, dès lors que la gestion des affaires d’un pays change de main ; à savoir la réduction du train de vie « dispendieux » de l’Etat. Pour ce qui concerne notre pays, le Sénégal, cette idée est d’autant plus judicieuse que le pouvoir sortant, a été sans commune mesure avec tout ce qu’on a pu voir depuis l’indépendance du vieux pays de « Ndoumbêlane ». Un ami, qui a côtoyé l’entourage de l’ancien Président SALL, me disait que de mémoire de sénégalais, on n’avait jamais vu une pluie de milliards disparaître en fumée ou dépensé sans aucun impact sur les masses populaires. Et pourtant, maintes et maintes fois, la réduction du train de vie de l’Etat « mackysien » a été affichée à travers des discours et des plans qui n’ont abouti à rien, comme si une malédiction de la gabegie et de l’incurie s’était abattue en terre sénégalaise comme un feu de brousse. Les paysans de ma région natale, la Casamance, savent très bien qu’il est plus facile de localiser un feu de brousse que de l’éteindre, car il s’attaque avant tout aux brindilles et, attisé par le vent, monte très rapidement à la cime des arbres et devient incontrôlable, lorsqu’il sévit dans des zones inaccessibles aux soldats du feu, en l’occurrence les pompiers.

Compte tenu de l’engouement suscité par l’élection du président Bassirou Diomaye Diakhar FAYE, le 24 mars 2024, on peut légitimement espérer que la lutte contre la gabegie financière et le gaspillage de nos maigres ressources sera une priorité. En bons pères de familles, le duo Diomaye-Sonko, qui avait beaucoup fustigé la folie dépensière du régime SALL, doit avant tout veiller à retrouver des marges budgétaires pour répondre aux immenses demandes sociales des populations les plus démunies dans ce pays souvent comparé à celui de Cocagne. Non, le Sénégal n’est pas un pays de Cocagne, sinon comment expliquer le rang de 170è, parmi 190 pays et territoires (année 2022) qu’il occupe et qui le place dans la catégorie des pays à « développement humain faible » selon le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), et son indice de développement humain (IDH).

Et pourtant, il va falloir agir, car la réduction du train de vie de l’ Etat est un enjeu important pour améliorer la gestion des ressources publiques et lutter contre la corruption. Cela implique de réduire les dépenses inutiles, d’optimiser les budgets alloués aux différentes institutions et de renforcer la transparence et la reddition des comptes. Des mesures telles que la rationalisation des effectifs, la limitation des avantages et privilèges des hauts fonctionnaires, ainsi que la mise en place de mécanisme de contrôle et de suivi efficaces peuvent contribuer à atteindre cet objectif.

La réduction du train de vie de l’Etat au Sénégal peut présenter des similitudes avec les efforts entrepris dans certains pays comme la France, bien que les contextes politiques, économiques et sociaux soient différents. En France, des mesures telles que la réduction des dépenses publiques, la réforme des administrations et la lutte contre la corruption ont été mises en place pour rationaliser les dépenses de l’Etat. Au Sénégal, des efforts similaires peuvent être déployés en s’inspirant des bonnes pratiques internationales, en renforçant les mécanismes de contrôle et de transparence, et en impliquant la société civile dans le suivi des dépenses publiques. Il est également important de promouvoir une culture de responsabilité et d’intégrité au sein de l’administration pour garantir une gestion efficiente des ressources de l’Etat. On peut citer à titre d’exemples de pays qui ont réussi à réduire le train de vie de l’Etat et à améliorer la gestion des ressources publiques le Rwanda, La Nouvelle-Zélande et Singapour.

Le Rwanda a mis en place des réformes audacieuses pour lutter contre la corruption, rationaliser les dépenses publiques et promouvoir la transparence. Ces efforts ont permis au pays d’améliorer son classement dans les indices de la perception de la corruption et de gagner la confiance des investisseurs. Selon l’indice de perception de la corruption (IPC) qui mesure la corruption dans plus de 180 pays, Transparency International a classé le Rwanda au 53è rang, parmi les pays qui ont atteint des résultats probants en matière de lutte contre la corruption.

La Nouvelle-Zélande est également reconnue pour sa gestion rigoureuse des finances publiques, avec un système budgétaire basé sur la transparence, la responsabilité et la discipline fiscale. Le pays a réussi à maintenir des finances publiques saines tout en investissant dans des secteurs clés tels que l’éducation et la santé. Depuis 2021, ce pays est classé 13è à l’IDH à égalité avec la Belgique.

Enfin, Singapour est souvent cité en exemple pour sa gouvernance efficace, sa lutte contre la corruption et sa gestion prudente des finances publiques. Le pays a mis en place des mécanismes de contrôle strict et des incitations à la performance pour garantir une utilisation efficace des ressources de l’Etat. Singapour pointe au 10è rang à l’IDH pour l’année 2023.

Ces exemples montrent qu’il est possible de réduire le train de vie de l’Etat et d’améliorer la gestion des ressources publiques avec des réformes adaptées et une volonté publique. Au regard des premières mesures prises par le nouveau pouvoir on ne peut que nourrir des espoirs d’amélioration du train de vie de l’Etat. Il doit aller vite et loin, par exemple, avec la limitation des mandats électifs pour éviter le cumul, qui peut être une piste intéressante pour promouvoir une gouvernance plus transparente et responsable. En limitant le nombre de mandats successifs qu’un individu peut exercer, on favorise la rotation des élus, ce qui peut contribuer à renouveler les idées et les pratiques, à éviter l’enracinement du pouvoir et à limiter les risques de corruption. De nombreux pays ont mis en place des limites de mandats pour leurs élus, que ce soit au niveau national ou local. Cette mesure peut permettre de promouvoir la démocratie en favorisant la participation citoyenne, en encourageant la diversité des opinions et en renforçant la reddition des comptes des élus envers les électeurs. Le premier ministre Ousmane SONKO ne s’y est pas trompé, lui qui a vivement demandé aux ministres nouvellement promus, de renoncer à leurs mandats locaux ou nationaux pour se consacrer exclusivement et pleinement à leurs fonctions ministérielles.

Il y aura certainement des grincements de dents et des coups de gueule de certains militants du parti Pasteef, qui pensent que plusieurs de ces ministres étaient avant tout des gens de proximité avec les populations. Néanmoins, ils doivent accepter que leur parti regorge sans doute de talents capables de se substituer aux heureux élus dans ce gouvernement de la République et que l’immensité des missions qui les attendent commande que les ministres soient à leurs tâches, sans exagération, 24h/24 . Je considère d’ailleurs qu’il n’est pas sain d’être ministre le matin, conseiller régional ou départemental l’après-midi et maire d’une commune à l’autre bout du pays le soir. C’est humainement contre-productif.

1° – Réduire le train de vie de l’Etat, c’est mettre l’homme qu’il faut à la place qu’il mérite. 

Le nouveau pouvoir doit confier la gestion des affaires publiques à des hommes et des femmes aux compétences reconnues et avérées. On a beaucoup glosé récemment sur l’idée d’appels à candidatures pour occuper des postes de responsabilité ; idée qui avait été théorisée par l’ex-opposant Ousmane SONKO, pour fustiger le népotisme du régime de Macky SALL. Devenus Président et Premier Ministre, certains reprochent (un peu trop rapidement) au binôme Diomaye-Sonko de s’être débarrassé de cette prophétie, en procédant à des nominations partisanes hâtives, qui à s’y méprendre ressembleraient à une chasse aux sorcières qui ne dit pas son nom. Sans être membre de Pasteef, on peut conclure que ces premières nominations (sous réserve d’examen du profil des récipiendaires) reposent sur 2 critères : la confiance d’une part, et de l’autre, la  compétence. Le seul regret qu’on peut se permettre – et que je me permets d’ailleurs – c’est sans doute l’inexpérience de certains promus. Je ne parle pas de leurs âges, car la valeur n’attend point le nombre des années, mais tout simplement leur manque de bouteille, de background pour diriger certaines entreprises publiques ou para-publiques qui sont de véritables mastodontes de notre économie : Port Autonome de Dakar (PAD), la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), l’Aéroport International Blaise Diagne (AIBD), Dakar Dem Dick (DDD), l’Agence pour la Promotion des Investissements et des Grands Travaux (APIX), la Société Africaine de Raffinage (SAR), la Direction du Trésor, la Société Nationale de la Poste..pour ne citer que celles-là. Mais laissons du temps au temps et armons nous de patience pour permettre aux femmes et aux hommes qui viennent de s’installer de faire leurs preuves.

Il est cependant vrai que l’appel à candidatures pour occuper des fonctions dans la haute administration ou la gestion des entreprises publiques ou para-publiques est une pratique visant à promouvoir la transparence, l’équité et la compétence dans le recrutement des hauts responsables.

En lançant des appels publics, les autorités peuvent élargir le vivier de candidats potentiels, favoriser la diversité des profils et des compétences, et garantir un processus de sélection base sur le mérite. Cette pratique peut contribuer à lutter contre le favoritisme, le népotisme et la corruption en permettant à des candidats qualifiés et compétents d’accéder à des postes de responsabilité en toute équité. Elle renforce également la légitimité des décisions prises et la confiance du public dans l’administration et les entreprises publiques ou para-publiques.

Ici encore, des voix s’élèvent au sein du parti Pasteef pour dire que cette mesure pourrait profiter des enfants de « nantis » (comprenez par là ceux de l’ancien pouvoir) qui ont pu bénéficier de conditions favorables et des moyens indus de leurs parents pour accomplir des études de haut niveau et qui, en intégrant les hautes fonctions de l’administration ou des entreprises publiques ou para-publiques deviendraient des freins à la mise en place du PROJET, en reproduisant les mêmes tares que leurs parents malhonnêtes et autres sangsues de la République de Ndoumbêlane..

Etant issu de famille modeste (comme 95% des Sénégalais), je n’ai rien contre les gosses de riches, et je m’insurge contre cette discrimination sociale qui ne serait que le résultat d’une simple vue de l’esprit. Je ne vois pas ces enfants de « nantis » se comporter comme leurs parents qui, pour la plupart ne sont pas eux-mêmes issus de familles aisées, mais ont bénéficié d’un système totalement vérolé et incontrôlable qui sévit depuis l’indépendance, et auquel personne n’a osé véritablement s’attaquer; système contre lequel nous avons voté en élisant le président Bassirou Diomaye Diakhar FAYE. Celui-ci n’a t-il pas lui-même proclamé qu’il entendait bâtir un Sénégal nouveau où seules la compétence, l’éthique et la rigueur morale et intellectuelle seraient élevées en vertus cardinales pour refonder le socle social de la Nation ? Refuser à une catégorie de la population qui remplit les conditions (compétence, moralité et probité) de participer à ces appels à candidatures constituerait ni plus, ni moins qu’une rupture de l’égalité des citoyens devant les charges publiques et contreviendrait au Préambule de notre constitution qui proclame l’égal accès de tous les citoyens aux services publics.

En combinant la limitation des mandats électifs et l’appel public à candidatures, le gouvernement peut mettre en place des mécanismes solides pour promouvoir une gouvernance plus transparente, responsable et efficace. Et c’est ce qu’attendent les « goorgoorlou » de ce pays.

2% – Réduire le train de vie de l’Etat, c’est éviter le gaspillage et la gabegie financière qui gangrènent le pays depuis 60 ans. 

L’attelage Diomaye-Sonko doit rompre définitivement avec les pratiques d’un passé récent, à savoir la mise en place d’un gouvernement pléthorique composé de ministres, ministres-délégués, secrétaires d’état, et ministres-conseillers. Le dernier gouvernement de Macky SALL, nommé en 2019 (après sa réélection) comptait 83 membres (40 ministres avec portefeuilles, 3 ministres d’ Etat et 39 ministres-conseillers, en plus du Premier Ministre de l’époque). C’était hallucinant !…du jamais vu ! Ces pratiques révulsaient les Sénégalais et continueront à nous révulser, car elles induisent des dépenses somptuaires qui grèvent le budget de l’Etat. Les Sénégalais avaient applaudi la nomination de ce premier gouvernement resserré autour du PM Ousmane SONKO, même si les femmes n’y étaient pas suffisamment représentées. Mais, lorsqu’ils ont vu le président Diomaye nommer récemment un brillant communicant ministre-conseiller à la présidence, certains ont crié « au secours, Macky revient ! ». Si brillant soit-il, le titre de conseiller seul suffisait à récompenser les talents d’Ousseynou LY, en attendant de lui trouver un strapontin à la hauteur de ses ambitions. Pourquoi lui affubler le titre de ministre-conseiller ? N’est-ce pas là une manière de récompenser le zele d’un militant, comme le prétendent les souteneurs de l’ancien régime ? J’espère que non, et que ce type de nomination ne risque pas de se multiplier et peut-être de perdurer. Il faut mettre fin à ces mauvaises manières d’une époque révolue. Ceux qui ont élu Diomaye entendaient en finir avec ces pratiques ; ils doivent être écoutés.

3% Réduire le train de vie de l’ Etat, c’est éviter de superposer des structures pour résoudre des sujets ponctuels. 

Les Sénégalais savent depuis longtemps qu’une pléthore de directions et de services de l’Etat (agences, cellules, commissions, etc) sont logés à la présidence, si bien que le palais Léopold Sedar Senghor ressemble à un mammouth. « Il faut dégraisser le mammouth » selon l’expression d’un ancien ministre français, Claude Allègre, parlant du ministère de l’éducation nationale française en 1997. Ramenée à la présidence du Sénégal, dégraisser c’est supprimer les doublons et les services aux titres ronflants mais qui ne servent à rien, sinon qu’à recaser ou récompenser des amis ou des militants politiques. Dès lors, se pose la question de savoir à quoi va servir une direction de plus, comme celle des affaires religieuses que vient de créer le président Diomaye. Un esprit laïc comme le mien (au sens de l’article ler de la Constitution qui proclame que le Sénégal est une république laïque qui respecte toutes les croyances) a du mal à comprendre pourquoi la nouvelle direction des affaires religieuses ne peut échoir au ministère de l’Intérieur, qui en principe est le ministère des cultes dans un pays démocratique. En effet, le ministère de l’Intérieur est le réceptacle et doit avoir l’oeil sur toutes les activités religieuses qui se déroulent sur l’étendue du territoire national, à un moment où le terrorisme islamiste sévit dans la sous-région et constitue une menace pour nos frontières et peut-être un jour nos institutions.

Nous comprenons parfaitement la volonté du nouveau pouvoir de mieux prendre en considération l’apport des savoirs religieux dans la marche de la Nation, car l’Eglise (entendez par là les confréries musulmanes, le clergé catholique, etc…) s’est érigée depuis très longtemps en 5è pouvoir aux cotés des pouvoirs exécutif, législatif, judiciaire et de la presse. On sait aussi que l’un des alliés du président Diomaye, le Docteur Abdourahmane DIOUF, actuel ministre de l’enseignement supérieu plaide pour la reconnaissance et la valorisation des savoirs religieux. Il serait intéressant que ce dernier nous édifie sur l’apport de la religion dans le développement économique d’un pays. Qu’on ne nous dise surtout pas que l’Iran est l’exemple à suivre pour nous. Karl Marx ne disait-il pas que « la religion est l’opium du peuple » ?

En attendant, nous nous interrogeons profondément sur le bien-fondé de cette direction et nous pensons que c’est encore une manière de créer des dépenses supplémentaires à l’heure où le pays a besoin de retrouver des marges budgétaires pour prendre en compte les nombreuses demandes sociales de nos populations. Lors de la passation de services entre ministres, l’ancien ministre des finances n’at-il pas dit très clairement que les caisses de l’Etat étaient déficitaires ? Donc, plutôt que de récurer les fonds de tiroir pour financer des institutions philosophiques ou philanthropiques, il faut aller chercher l’argent partout où on peut le trouver et y compris avec les dents.

 Rappelons qu’en arrivant au pouvoir, l’ancien président SALL avait eu la fausse-bonne idée de prendre un décret accordant une indemnité de retraite décente aux anciens présidents de la République. En effet, le décret numéro 2013-125 du 17 janvier 2013, auquel pas grand monde avait prêté une quelconque importance – hormis les spécialistes des finances publiques, car pris sous le boisseau – attribue à tout ancien président des indemnités de retraite et des avantages en nature colossaux, pour ne pas dire indécents. Depuis 2013, les anciens PR coûtent cher au budget de l’ Etat, dans la mesure où ils sont richement payés pour services rendus à la Nation. Le 4 avril 2024, un communiqué paru dans la presse locale a révélé au grand jour le détail de ces largesses dont bénéficient les ex-présidents. On voit bien à travers ce document que le président sortant a bien préparé sa sortie en s’accordant une retraite a faire palir de rêve tous les « goorgoorlou » qui ont trimé toute leur vie, sans arriver à joindre les deux bouts, en plus d’être humiliés par l’ Institut de Prévoyance et de Retraite du Sénégal (IPRES) dont les caisses font l’objet de détournements et de pillages réguliers par leurs anciens gestionnaires. Ainsi, Mr SALL va percevoir la somme de 5.000.000F (cinq millions de francs) mensuels, en plus d’une assurance maladie étendue au conjoint, de 2 véhicules, d’un téléphone fixe, d’un logement et du mobilier d’aménagement. Il peut renoncer au logement de fonction en contrepartie d’une indemnité mensuelle de 4.500.000F (quatre millions cinq cent mille francs). Par ailleurs, le communiqué mentionne que « l’Etat du Sénégal prend en charge à hauteur de 40 millions de francs par an, le coût des billets d’avions de chaque ancien président et de son conjoint ». Il dispose en outre d’un « aide de camp dont le grade n’est pas supérieur à celui de commandant et qui remplit sa mission exclusivement à l’intérieur du territoire national, des gendarmes pour sa protection personnelle, un agent du protocole, deux assistantes, un standardiste, un cuisinier, une lingère, un jardinier et deux chauffeurs ». Si l’ancien président choisit de s’installer à l’étranger, il a droit à 4 collaborateurs de son choix, qui seront rémunérés dans les mêmes conditions que les personnels affectés dans les services de missions diplomatiques et consulaires du Sénégal.

Donc, en résumé, Macky, qui va certainement vivre en dehors de nos frontières pour des raisons que nul n’ignore (échapper a la vindicte populaire ou à la justice de son pays) va coûter au contribuable sénégalais : 60 millions de francs par an (5 millions par mois), 54 millions de francs par an (4,5 millions par mois) pour le logement, 40 millions de francs par an en billets d’avion ; soit 154 millions de francs par an, sans compter les salaires et avantages des personnels mis à sa disposition.

Songez que ces mesures s’étendant à nos 3 anciens PR actuels, cela représente au bas mot, la somme astronomique de près d’un milliard de francs cfa par an. N’oublions tout de même pas que ces 3 PR sont restés, chacun, plus d’une décennie à la tête de l’Etat et qu’ils ont usé et abusé des fonds spéciaux (voir ci-dessous) qui devraient leur permettre de mener une vie de pacha pour le reste de leur existence. Pourquoi faut-il qu’ils continuent à se gaver autant en leur octroyant des parachutes dorés pour leurs retraites ? Loin de nous l’idée qu’un ancien PR doit vivre de clopinettes, mais tout de même, qu’il bénéficie de privilèges hors de proportions pour 12 ans de travail (pour ne pas dire de règne) c’est tout simplement ubuesque pour un petit et pauvre pays comme le Sénégal.

5- Réduire le train de vie de l’Etat, c’est aussi diminuer considérablement le budget de la présidence de la République. 

En effet, le budget de la présidence est un véritable puits sans fond qui s’est accru à une allure vertigineuse depuis l’accession de Macky SALL au pouvoir en 2012. Il a été estimé à 74 milliards de francs cfa en 2023 contre 72 milliards en 2022. A quoi sert ce budget ? En réalité, une bonne moitié de ce budget est occupée par ce qu’on appelle les fonds spéciaux (environ 39 milliards de francs). Il s’agit de fonds laissés à la discrétion du président de la République sans aucun contrôle et qu’il utilise pour entretenir une clientèle politique et les services dits secrets logés à la présidence ou au ministère de l’Intérieur. Une autre partie de ce budget est affectée à la rémunération des agents qui gravitent autour du président de la République, soit 14 milliards. Le reste est dévolu à des structures telles que les fonds de solidarité africaine, les fonds d’intervention sociale, etc… Le budget de la présidence de la République nous fait tous fantasmer car il est l’objet d’une gestion totalement opaque, comme si cet argent descendait du ciel alors qu’il s’agit de l’argent du contribuable sénégalais.

Osons espérer que le nouveau président ne sera pas atteint de boulimie financière comme son prédécesseur et, qu’au contraire, il engagera une refonte de ce budget pour lui faire subir une cure d’amaigrissement et rassurer les Sénégalais sur son bon usage. Plus que la manière de gérer ce budget, c’est le symbole politique de son amaigrissement qui sera observé par nos concitoyens. On ne peut imaginer le duo Diomaye-Sonko reproduire les mêmes maux que ceux qu’ils avaient dénoncés alors qu’ils étaient dans l’opposition, il y a à peine quelques semaines.

6- Réduire le train de vie de l’ Etat, c’est encore mettre fin à l’impunité des dirigeants prévaricateurs. La vague de publication des rapports d’enquête de l’Office National de Lutte contre la Fraude et la Corruption (OFNAC), de la Cour des comptes, de l’Inspection Générale d’ Etat (IGE) entamée récemment par le nouveau pouvoir témoigne du désastre financier dans lequel le régime sortant a plongé le pays. Il est heureux que les Sénégalais puissent s’approprier ces rapports afin de comprendre les mécanismes de corruption et de detournement sans scrupules utilisés par les anciens dirigeants d’une part, et de l’autre, qu’ils réclament la fin de l’impunité et le retour des deniers extorqués dans les caisses de l’Etat. Macky SALL disait avoir « mis le coude sur ces dossiers pour éviter de faire sauter le pays ». On comprend pourquoi certaines voix s’élèvent déjà pour réclamer la traduction de Macky SALL lui-même devant la Justice, avec comme argument principal qu’il ne devait pas couvrir les malversations attribuées aux individus qu’il avait lui-même choisis pour diriger les affaires de l’ Etat. En effet, si Macky SALL n’est pas complice par aide et assistance, il doit être perçu comme complice par fourniture de moyens. En nommant un certain nombre de faussaires et de délinquants financiers à la tête de nos grandes entreprises publiques ou para-publiques, qui sont en quelque sorte les bijoux de famille du pays, il leur a volontairement fourni les moyens de commettre leurs forfaits au détriment du vaillant peuple sénégalais, qui aujourd’hui est prêt à tous les sacrifices pour aider le président Diomaye a redresser la barre du bateau « Sunugal ».

Vu l’ampleur des dégâts causés par l’ancien pouvoir, les Sénégalais se demandent si Diomaye et Sonko auront les reins solides pour aller le plus loin possible dans la traque des biens mal acquis, afin que les caisses de l’Etat lorsqu’elles seront à nouveau bien garnies, puissent aider à financer le PROJET. Si la politique est avant tout une œuvre de volontarisme, les premiers pas du nouveau maître du pays, Bassirou Diomaye Diakhar FAYE, nous obligent à penser que sa détermination semble sans faille et que sa main ne tremblera pas lorsqu’il faudra soulever le glaive de la République pour couper des têtes pourries par la corruption et la voyoucratie financière.

En conclusion, certes la réduction du train de vie de l’Etat ne sera pas l’Alpha et l’Omega d’un développement endogène de notre pays mais, elle sera à coup sûr la rampe de lancement vers un avenir meilleur et fructueux, dans lequel nous serons tous fiers de vivre, avec la conscience d’avoir retrouvé une réelle souveraineté sur le plan économique et financier. Ce sera bien évidemment un des marqueurs du quinquennat de Bassirou Diomaye Diakhar FAYE. Toutes les mesures politiques ci-dessus énoncées peuvent apparaître comme symboliques, mais comme le disait Max Weber, « les politiques symboliques sont, avec l’exercice de la puissance publique et l’action rhétorique, l’une des instrumentations utilisées par le pouvoir pour manifester sa présence et exercer son emprise ». En effet, l’impatience de nos compatriotes peut être tempérée par des mesures qui donnent l’impression d’un changement de cap, en somme d’une véritable rupture avec l’ancien monde.

L’Afrique nous regarde, la communauté internationale s’interroge, les Sénégalais s’impatientent de voir si la rupture pour laquelle nous avons votée et qui a porté une race d’hommes et de femmes politiques décomplexés à la tête du pays se réalisera et pourra servir d’exemple à d’autres nations.

Puisse Dieu nous entendre et bénir le choix que nous avons fait le 24 mars 2024.

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