Une campagne insidieuse et sournoise tend, depuis quelques années, à amalgamer apprentissage du Saint Coran et enfants dans la rue. Il est vrai que, sous le couvert d’une hypothétique éducation coranique, des réseaux mafieux se livrent à une exploitation éhontée de la misère des familles dont sont issus la plupart des enfants qui traînent dans nos rues. Il s’agit, en fait, d’enfants… abandonnés(!) avec, en prime, la bonne conscience de les avoir mis entre de « bonnes mains. » Les parents ou tuteurs légaux de ces enfants, certainement envahis par une marmaille dont ils ont du mal à assurer la subsistance les jettent à la rue, pour ainsi dire, car ils n’apprendront jamais rien d’autre que de tendre la main. À chaque fois que j’en rencontre, je prends le temps de les interroger sur leur niveau d’apprentissage coranique. Ils écarquillent les yeux: ils ne savent même pas, pour la plupart, ce que cela veut dire! De plus, ils sont le plus souvent originaires de pays voisins et limitrophes… Ces enfants-là ne sont pas des taalibe au sens où, depuis des siècles, notre pays a produit des érudits, des hommes et des femmes de haute vertu sortis de nos foyers ardents. Tous les grands guides spirituels du Senegal sont sortis des daaras. Ils ont tous eu à effectuer l’apprentissage de l’humilité en allant mendier leur pitance quotidienne. Rien à voir avec ces hordes de gamins déguenillés qui déambulent dans nos rues. Ignares, sales et souvent impolis, les enfants de la rue ne sont pas des Taalibe. Pas au sens où l’entend l’Islam en tous cas.
Et, fort opportunément, l’occasion nous est donnée de rendre hommage aux daaras qui ont formés les deux taalibe qui ont valu au Sénégal une couronne mondiale et une troisième place en récitation du Saint Coran! À cette occasion, tous les médias du pays se sont braqués sur les daaras et leurs centaines de milliers d’apprenants. Dans leur tenue comme dans leur retenue, Mamadou Moujtaba DIALLO et Mame Diarra NGOM symbolisent le produit achevé du daara authentique. Polis et policés, ils honorent le système d’éducation islamique de notre pays qui produit des hommes et des femmes droits et productifs. Et si peu vindicatifs! Aucune grève à signaler dans les daaras Sénégalais pour cause de bourses non payées ! Il serait d’ailleurs temps que l’on mesure l’apport des citoyens qui s’investissent dans la construction d’écoles coraniques et d’éducation citoyenne sans un soutien quelconque de l’Etat. Sans subvention ni facilitation. Et sans pétrodollars! Et pourtant le budget de l’Education nationale est l’un de plus consistants du gouvernement. Je pourrais, par ailleurs, donner des tas d’exemples de Taalibe devenus cadres supérieurs dans plusieurs spécialités après avoir mémorisé le Saint-Coran . Il serait bon que la presse mette autant de rage à les présenter qu’à mettre en exergue les contrefaçons qui déshonorent l’Islam.
Guérissons de nos complexes et mettons en lumière l’héritage moral et spirituel de nos pieux devanciers. Qui était meilleur citoyen que Serigne Abdou Aziz Sy Dabaakh pour ne prendre qu’un seul exemple connu de tous? Il a fait toutes ses humanités dans les daaras du Sénégal. Si notre pays est un havre de Paix et de dialogue, si les Sénégalais sont, majoritairement, tolérants et hospitaliers, nous le devons à des générations d’illustres personnes sortis des daaras et qui siègent au Panthéon de notre mémoire collective. Ne les oublions pas. Célébrons-les! Inspirons-nous de leurs exemples. Ils ont les mains pleines de présents pour notre futur. Dewenetti !
Amadou Tidiane WONE
PS: j’apprends à l’instant le rappel à Allah de Son Excellence l’Ambassadeur Moustapha CISSE. Un pur produit du daara Sénégalais devenu un des plus grands Ambassadeurs du Sénégal. Son urbanité et sa grande culture, mais aussi sa générosité et sa modestie, forçaient l’estime. Que la terre de Pire lui soit légère!
belle contibution, le problème s’est que nous avons confiés le pouvoir à des Hommes colonisés jusqu’au dernière neurone du cerveau. Pour exemple regardez comment Macky Sall s’est précipité comme une poule affamée pour aller prendre une photo avec le jeune président français fraichement élu.