Le statut actuel de Touba vu par les intellectuels mourides : ‘Il faut le changer tout en gardant le côté religieux’

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La communauté rurale de Touba, deuxième ville du Sénégal sur le plan démographique, doit changer de statut. La question, qui est plutôt taboue dans le cercle religieux, a été agitée au cours de ce Magal par les intellectuels mourides.Et c’est pour défendre l’idée d’un changement de statut de la ville religieuse.Ce statut actuel bloque, selon eux, le développement de Touba.

(Envoyé spécial) – La question du statut de Touba est encore revenue lors de ce Magal 2011. Les intellectuels mourides agitent à nouveau la demande et pensent que la réflexion doit être poursuivie à tous les niveaux, afin de proposer quelque chose de concret aux autorités religieuses et gouvernementales. La ville de Touba, qui fait environ un million 200 mille habitants, répartis sur une superficie de 36 mille hectares, ne peut plus être une communauté rurale, selon eux. Pour l’ancien vice-président du conseil rural de Touba, si l’on se réfère au découpage administratif qui comprend la région, la commune et la communauté rurale, le village et le quartier, la communauté rurale est constituée de plusieurs villages.

Aujourd’hui, Touba est composé de milliers de villages. ‘C’est pourquoi, Touba ne peut plus continuer à être une communauté rurale. Si vous prenez le département de Mbacké, le chef-lieu de département qui se trouve être Mbacké est dans le territoire physique de Touba. Si vous voyez le village de Touba Boye, la dernière fois le ministre de l’Industrie était venu pour la pose d’une zone industrielle qui se situe après Mbacké ; une zone qui se trouve donc dans la ville de Touba. Vous voyez que Mbacké, qui est une commune, se trouve dans Touba. Alors que Mbacké ne correspond même pas à un quartier de la ville sainte. Je pense que, physiquement, Touba ne doit plus être une communauté rurale. Démographiquement, Touba, qui est la deuxième ville du Sénégal, ne doit plus être une communauté rurale. Les autorités religieuses doivent prendre conscience de ce fait’, lancera Serigne Fallou Touré, président du conseil de surveillance de l’Agence nationale pour l’aménagement du territoire.

Touba est, par essence, une ville religieuse. Les différents khalifes, dont Serigne Abdou Lahad Mbacké, qui a vu naître la communauté rurale, n’ont pas voulu changer le statut de la ville sainte. ‘Ils voulaient surtout protéger le côté religieux de Touba, rappelle M. Touré. A mon avis, en 2011, il faudra une générosité pour comprendre que Touba ne peut plus être une communauté rurale, même si l’essentiel est de garder ce côté religieux, comme l’ont compris ces religieux : il faut préserver les prérogatives du khalife. Parce que c’est un titre foncier. Ce qui fait sa spécificité, mais il faut penser au développement de la localité. Depuis une vingtaine d’années, il y a une croissance exponentielle de la ville de Touba. La communauté rurale n’a pas les moyens financiers, encore moins les compétences humaines et techniques pour accompagner ce développement. Il faut accompagner le khalife dans sa volonté de développer la ville sainte. Le développement de Touba doit être une priorité’, déclare Serigne Fallou Touré.

Poursuivant son argumentaire, l’ex-président du conseil rural dira que ‘Touba dispose déjà d’une gendarmerie et d’une police spéciale’. ‘C’est à Touba que l’on rencontre un sous-préfet qui gère plus d’un million 200 mille habitants. Le président Wade avait promis de faire de Touba une ville comme Monaco. On peut en faire une commune spéciale. Et la confier au khalife qui demeure le propriétaire du titre foncier de la ville ; ce qui lui appartient. C’est à nous qu’il incombe d’assurer le développement de Touba comme pôle religieux et économique. Mais cela passe nécessairement par un changement de statut administratif de la ville. Le statut actuel de Touba est un frein au développement. Il s’y ajoute que ce statut est un obstacle à l’intervention efficiente de nos partenaires au développement’, expliquera Fallou Touré.

A la grande famille mouride de proposer des voies au gouvernement

Le ministre des Affaires étrangères, Me Madické Niang, lui emboîtera le pas. Au cours de la conférence de presse du comité d’organisation, il a aussi brossé l’idée de changer le statut de la ville sainte. ‘Aujourd’hui qu’on a commencé à y réfléchir, même le président de la République, étant dans l’opposition, avait engagé la réflexion. Touba a une particularité. C’est un titre foncier confié à la famille du marabout. Maintenant, c’est à nous, qui appartenons à la grande famille mouride, d’engager des discussions, de voir quel statut pour Touba. Nous avons entamé les discussions quand nous étions dans le rassemblement des mourides qui s’appelait Tahfikh. Nous avions, à l’époque, réfléchi sur l’eau de Touba… Vous avez raison, Touba, la deuxième ville du Sénégal, du point de vue démographique, du point de vue économique, et pour d’autres raisons, ne peut plus continuer à être une communauté rurale. Mais nous devons réfléchir et proposer des voies au gouvernement’, déclare Madické Niang.

Au cours de sa dernière visite, le président de la République a plutôt préféré rappeler ses promesses de moderniser la ville de Touba. ’Je ferai de sorte que Touba ait la même dimension que les grandes villes de l’Islam’, a dit Wade au khalife. Avant d’indiquer : ‘Je l’avais promis à Serigne Saliou et je m’y attellerai’, avait dit le chef de l’Etat, il y a deux jours.

Najib SAGNA

walf.sn

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