Les dernières décisions du directeur général affectant des reporters aux services de la direction de l’information de l’APS dévoilent ce qu’elles étaient censées cacher

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Thierno Ahmadou Sy a échoué à doter notre rédaction des ressources humaines dont elle a tant besoin. Au lieu de bien étoffer la rédaction, le coeur de l’entreprise, il s’est contenté de massifier l’administration et le service audiovisuel. Comment peut-on se permettre de doubler l’effectif du personnel de l’APS (de 72, voire 73 agents en octobre 2022 à 149 agents en décembre 2023) en un an et demi seulement, et que les services de la direction de l’information (santé, éducation, économie, culture, politique…) se retrouvent chacun avec deux reporters au maximum ?

À la fin d’un audit effectué il y a quelques années, le Bureau Organisation et Méthodes avait jugé l’effectif des journalistes de l’APS trop faible et avait recommandé un rééquilibrage des effectifs entre les démembrements de l’entreprise. Cet écart défavorable à la rédaction s’est creusé davantage, malheureusement.

Il ne sert à rien de créer des services sans les doter des ressources humaines dont ils ont besoin. Allez voir ce qui se fait dans les autres entreprises de presse et comparez cela avec ce qu’il y a à l’APS. Par exemple, le service Économie du journal Le Soleil fonctionne avec cinq à six journalistes, celui de l’APS n’en a que deux.

Thierno Ahmadou Sy ne s’est préoccupé que de deux choses :

  1. gonfler l’effectif des agents de l’audiovisuel de l’APS et tuer le journalisme d’agence, la spécialité de l’entreprise ;
  2. hypertrophier les effectifs de l’administration avec des recrutements ne tenant nullement compte des besoins.

Aujourd’hui, la rédaction de l’APS – je parle bien de l’activité d’agence de presse – a perdu deux de ses meilleurs journalistes. Le directeur général les affecte à l’animation d’un mensuel et d’un hebdomadaire créés sans aucune préparation éditoriale et administrative. Le mensuel n’est pas paru depuis… trois ou quatre mois. L’hebdomadaire n’a en vérité de journaliste que son coordonnateur et se contente de reprendre… les dépêches du fil de l’agence. Tout comme le service Économie que je dirige n’est constitué que de deux journalistes, dont moi-même.

Pendant ce temps, Thierno Ahmadou Sy reçoit des messages de félicitation de toutes parts pour ce qu’il a fait pour le digital et l’audiovisuel de l’APS, lesquels ne sont que des services d’appoint et doivent le rester.

Je reconnais le mérite de mon directeur général. Et, en ma qualité de membre du collège des délégués du personnel de l’APS surtout (jusqu’en novembre dernier), je ne manquais jamais l’occasion de le féliciter pour cela. Quand il est arrivé à l’APS, les agents de l’entreprise ne bénéficiaient d’aucune protection sociale. Quand eux ou les membres de leur famille tombaient malades, ils devaient se prendre médicalement en charge, sans aucune contribution de l’entreprise. Moins de trois mois après sa prise de fonction, Thierno Ahmadou Sy a signé un contrat avec une compagnie d’assurances pour alléger la prise en charge médicale des agents. Il a entrepris aussi un très important projet de rénovation et de construction de sièges régionaux de l’APS. Les rares bureaux régionaux qui existent étaient dans un état lamentable. Il les a rénovés.

Les ressources humaines de l’APS. C’est là que le bât blesse. À la direction de l’information surtout, que le directeur général continue de léser quand il s’agit d’affecter des ressources humaines (des journalistes surtout) et financières. La preuve, le service audiovisuel et son personnel – les enfants choyés de la famille ? – ont emménagé début avril dans un douillet immeuble du centre-ville de Dakar, l’APS continuant, à l’âge de 65 ans, à squatter la Maison de la presse – dont la vocation n’est nullement d’abriter une agence de presse.

La gestion de l’actuel directeur général a fait des malheureux chez ceux-là qui se préoccupent de l’avenir de l’entreprise, pas de leurs propres intérêts. Par sa gestion, le directeur général a ôté leur motivation à beaucoup d’entre eux. Il continue de diriger seul et n’a pas besoin des avis de ses collaborateurs. Quand un directeur général, devant les représentants des travailleurs (le bureau de la section SYNPICS et le collège des délégués du personnel), ose leur dire que « [sa] gestion ne [les] regarde pas », l’impasse devient vite inévitable.

Souleymane Faye, journaliste à l’APS

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