Mali: l’indignation des artistes et intellectuels après les profanations de Tombouctou

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Les réactions sont unanimes au Mali après la profanation, vendredi 3 mai 2012 au matin, par des islamistes, du mausolée d’un saint de Tombouctou, Cheikh Sid Mahmoud. Dans un communiqué, lu samedi à la télévision nationale, le gouvernement de transition a dit avoir «appris avec indignation la profanation d’un mausolée perpétré par des individus sans foi ni loi». Le gouvernement a condamné «avec la dernière énergie cet acte inqualifiable qui foule au pied les préceptes de l’islam, religion de tolérance, et le respect de la dignité humaine» selon le communiqué. Dans la classe politique comme chez les intellectuels maliens, au delà de tout clivage et opposition, tout le monde se rejoint pour dénoncer cette ignominie.
«Acte de barbarie», «ignorance», «intolérance», les mêmes mots reviennent à chaque fois pour dénoncer ce sacrilège fait à l’identité malienne : samedi, à Bamako, les querelles autour de la transition ont cessé à l’évocation de la profanation du mausolée de Cheikh Sid Mahmoud.

Pour Abdou Sidibé, député de la région de Gao, en touchant au Patrimoine sacré de Tombouctou les islamistes ont commis l’irréparable : «Tombouctou a toujours été un phare. Le nom de Tombouctou est plus connu que le nom ‘Mali’. Tout le pays est consterné, cela dépasse l’entendement. C’est comme si le ciel tombe sur la tête» déclare le député.

Autre témoignage et même indignation, celle de Cheikh Oumar Sissoko, cinéaste mais aussi homme politique. Pour lui, cette profanation est le signe suprême de l’intolérance : «Ce mausolée fait partie du patrimoine culturel et spirituel de Tombouctou mais aussi de l’humanité. Engagement avait été pris de ne pas toucher au matériel spirituel, cet engagement est caduc et l’intolérance qui se développe aujourd’hui est une tragédie.»

Le professeur Baba Akib Haïdara est lui aussi choqué. Ce notable, originaire de Tombouctou a consacré toute sa vie à la restauration et à l’étude des manuscrits. Rappelons que Tombouctou est inscrite depuis 1988 au Patrimoine mondial de l’humanité pour ses trois grandes mosquées, mais surtout ses dizaines de milliers de manuscrits -dont certains datent de l’ère pré-islamique- et qui témoignent de l’âge d’or de ce grand centre intellectuel et religieux au XVIe siècle. Baba Akib Haïdara est un ancien ministre de l’Education nationale et il fut aussi le représentant de l’Unesco au Mali :

Baba Akib Haïdara : «Nous sommes touchés au plus profond de notre âme»

(01:05)

 
 

«Un des premiers actes des forces armées, lorsqu’elles ont investi la ville de Douentza, ça été justement détruire le monument Djina Dogon. On n’est pas dans l’islam, on est dans la dégradation de toute trace de civilisation et de savoir » renchérit Ismaïla Samba Traoré écrivain et éditeur. Pour certains artistes et intellectuels maliens, la guerre au nord du Mali ne remet pas seulement en cause l’intégrité territoriale, elle touche plus encore à l’âme malienne.

Ces intellectuels viennent de lancer un manifeste pour la défense des patrimoines des zones sous occupation.

rfi.fr

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