MECQUE – Trafic sur le gap de 3 000 places du quota du Sénégal : Le pèlerin nage en pleine magouille. Après marchandages, une place est obtenue à 1,9 million de francs Cfa

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Pendant que les pèlerins sénégalais bénéficiant de l’encadrement du Commissariat général au pèlerinage déboursent 2 450 000 francs pour se rendre à la Mecque, d’autres non encadrés sont convoyés à moindre prix parce que devant se prendre entièrement en charge. Mais ces derniers feraient plus l’affaire de certains agents du Commissariat. Des accusations rejetées par le commissaire général-adjoint au pèlerinage, Bamar Ndiaye. L’heure est aux derniers réglages pour les derniers pèlerins sénégalais devant se rendre cette année aux Lieux Saints de l’Islam. A l’institut islamique de Dakar, ils se bousculent dans les rangs pour retirer leur passeport. Dans le couloir du premier étage, les bancs disposés le long des murs ne peuvent contenir tous ces hommes et dames désireux d’aller accomplir le cinquième pilier de l’Islam. Ne pouvant supporter la longue attente, cette femme charge sa fille de faire la queue à sa place et de retirer son passeport. Mais devant ses yeux, la loi du plus fort financièrement fait rage avec des services souvent monnayés. «Regardez celui-là, il s’en va déjà, parce qu’il a payé les services de quelqu’un pour qu’il lui retire son passeport», fait remarquer la bonne dame. Mais si certains s’en limitent seulement à donner du gombo pour faciliter la récupération de leur passeport, d’autres par contre casquent juste pour être convoyés.

400 000 FRANCS supplémentaires «DEMANDES» AUX PELERINS NON ENCADRES
Selon des sources sûres, des pèlerins dit non encadrés paieraient pour l’obtention de visa pour la Mecque. En effet, le Sénégal n’arrivant pas à combler le quota de 6 000 pèlerins autorisés par le gouvernement saoudien, des agents du Commissariat général au pèlerinage proposent le gap à d’autres, appelés les non encadrés, renseignent nos sources. Ces fidèles qui se prennent en charge versent, pour les taxes saoudiennes et leur argent de poche qu’ils récupèrent sous forme de chèque, une somme estimée entre 1 et 1,200 million de francs Cfa, selon le commissaire général-adjoint au pèlerinage, Bamar Ndiaye. Mais en plus de cette somme, il y aurait selon une de nos sources, de l’argent supplémentaire demandé pour le compte des convoyeurs qui est estimé à 400 000 francs ou plus.

«LE COMMISSARIAT NE REÇOIT AUCUNE SOMME DE CES NON ENCADRES»
Mais ces accusations sont battues en brèche par Bamar Ndiaye. Joint par téléphone, le commissaire général-adjoint indique que le Commis­sariat ne prend aucun argent du pèlerin. «C’est à la banque que les pèlerins versent leur argent. Par conséquent, le Commissariat ne reçoit aucune somme de ces non encadrés», assure M. Ndiaye. «Ne vous fiez pas à ce qui se dit, vous êtes à la bonne source et je vous dis qu’aucun argent n’est versé au Commissa­riat», insiste-t-il.

UNE RÉALITÉ TOUT AUTRE
On pourrait se fier aux propos du commissaire-adjoint ; mais en faisant un tour à l’Institut islamique, l’on finit par penser que le responsable n’est pas bien au fait de ce qui se trame derrière. Ici, on ne reconnaît pas explicitement ce trafic, mais on ne le nie pas non plus. «Attendez moi un instant, je reviens à vous», répond un jeune homme qu’on pourrait appeler un facilitateur, à la question de votre serviteur, qui s’est fait passer pour un pèlerin, de savoir si on pourrait être convoyé moyennant une certaine somme. Mais l’attente du retour de notre premier interlocuteur semblant longue, votre serviteur se rabat sur un autre facilitateur reconnaissable par son badge. «Allez dans l’autre bureau et demandez après son occupant», lance-t-il en réponse à la même question.
Cette dernière est la personne indiquée pour régler le problème. Dans un premier temps, l’homme avoue son impuissance à régler le cas qui lui est exposé, «parce que les inscriptions sont clôturées». «On aurait pu vous prendre comme un pèlerin non encadré, vu que vous allez vous prendre en charge ; mais là ce n’est plus possible», dit-il. Toutefois, cette impossibilité n’est que théorique d’autant que dans la pratique, l’homme active son réseau. «Attendez, je vais voir comment on pourrait régler ça», invitant votre serviteur à le suivre.

«SI VOUS DONNEZ à MILLIONS, VOUS PARTEZ à LA MECQUE, DES JEUDI»
Après quelques secondes, on se retrouve ensemble dans un autre cadre différent du précédent. Dans cet espace plutôt calme, les rares personnes qui s’y trouvent dévisagent l’intruse qu’est votre serviteur. Le protocole et la démarche un peu trop diplomatiques font douter que des choses qui s’y passent ne sont pas catholiques. Appelé d’un signe de la main, le «chargé de l’opération» sort de sa niche pour prendre contact avec le «nouveau venu». Aussitôt après, il entraîne votre serviteur dans son coin, évoquant la discrétion pour justifier ce tête-à-tête en aparté.
Devant notre demande, la première question de notre interlocuteur a été : «Avez-vous de l’argent ?». Avant de poursuivre : «Le non encadrement est à 1 800 000 francs, mais puisque c’est bouclé, si vous donnez 2 millions, vous partez à la Mecque, dès jeudi», assure l’interlocuteur. Déjà sur la première somme évoquée, il y a un surplus de 600 000 francs en comparaison à la somme avancée par le commissaire au pèlerinage. Après un instant d’échanges, notre interlocuteur convient avec votre serviteur de la somme de 1 900 000 francs. «Si vous amenez cela le plus rapidement possible, on pourra vous aider sinon ce sera trop tard», prévient le monsieur qui a tenu à ce que cela reste secret. «Prenez mon numéro et on traitera directement», ajoute-t-il avant de retourner s’occuper d’autres clients.

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