Mévente de la destination Sénégal – Ces maux qui gangrènent le tourisme

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Depuis plusieurs décennies déjà le tourisme sénégalais a du mal à décoller. Les visiteurs diminuent d’années en années. Les maux sont à chercher dans plusieurs facteurs comme l’insécurité, la cherté des billets d’avions et des hôtels, mais aussi le manque de tours operators. Pour tout ceci, la destination Sénégal a perdu le Nord. Du moins, c’est ce qui ressort des propos recueillis auprès de certains hôteliers même si le plan stratégique de développement durable du tourisme (2014-2018) élaboré par le ministère de tutelle laisse entrevoir une lueur d’espoir pour la relance du secteur.

Le Sénégal n’est plus fréquenté par les touristes malgré une bonne volonté politique des autorités de relancer la destination du pays de la Teranga. De nombreux problèmes sont à l’origine de cette regrettable situation. « La destination du Sénégal n’est plus vendue car il y a beaucoup de problèmes non résolus. Les coûts sont très chers. Imaginez pour 650.000 FCFA le touriste peut avoir une pension complète avec Bar Open en 4 étoiles pendant 15 jours. Ce qui équivaut à peu près à 7 jours de pension au Sénégal », regrette Jean Yanne Blanc, propriétaire d’hôtel rencontré à Saly en 2013. « La cherté des billets est énorme. Pour 149 euros on peut se rendre à Agadir et bénéficier de tout ce qu’un touriste aimerait trouver en vacances. Alors qu’il faut payer plus de 600 euros pour venir au Sénégal ! Pour rallier Paris à Banjul, on paye moins de 350 euros, et pas moins de 750 euros de Paris à Dakar. Faites la différence ! Les taxes aéroportuaires de Léopold Sédar Senghor sont les plus chers d’Afrique de l’Ouest», poursuit Jean Yanne Blanc.

Le manque de sécurité

A son avis, il y a trop de laisser-aller dans le milieu touristique au Sénégal, comme pour dire que la légendaire Teranga de notre pays est mise à rude épreuve. « Le tourisme balnéaire ne marche plus car les touristes ne se sentent plus en sécurité à la plage. Ils sont assaillis par des vendeurs, de jeunes chercheurs d’opportunités qui ne leur donnent pas le répit, le temps de savourer leur retraite balnéaire », souligne-t-il. Sous ce rapport, un autre hôtelier de la place a rappelé que l’Etat avait pourtant mis sur pied une police touristique dont «l’effet escompté n’a pas été atteint ». Georges Console, lui aussi hôtelier, basé à Foundiougne dans la région de Fatick, n’a pas dit le contraire.

La cherté des billets d’avions

Il a soulevé la question épineuse des prix liés à la destination Sénégal. «Ce sont les touristes Français, Belges et francophones qui aiment le plus le Sénégal. Mais, la crise qu’on traverse est évidente que ce qui compte pour les gens qui veulent prendre des vacances est le coût. La première chose qu’ils regardent, c’est le prix. Il y a un blocage parce que l’aérien coûte très cher malgré une volonté d’enlever le plus possible de taxes sur les arrivées aériennes. Il faut vraiment beaucoup d’argent pour relancer le tourisme car, il y a beaucoup de destinations dans le monde qui ne sont pas chers à l’exemple des Antilles, Cuba, les Philippines qui sont des pays qui ne coûtent presque rien du tout », a laissé entendre Georges Console. L’ancien propriétaire du Bou El Mogdad poursuit en ces termes : « Les millions de touristes qui restent en Europe commencent par regarder combien ça coûte. Et nous ne pouvons pas faire des miracles car nous sommes tributaires des prix des avions ».

Le Sénégal, orphelin des Charters

Dans une autre mesure, il a regretté les séries de licenciements dans certaines compagnies aériennes qui influent sur les chiffres d’affaires des hôteliers qui n’ont pas les moyens d’équilibrer. Mieux, il a fustigé le fait que l’Etat du Sénégal, de Senghor à Diouf, n’a pas accepté de recevoir des Charters. Ce qui aurait aidé, selon lui, à diminuer les prix sur les billets d’avions. «Les gens vous disent qu’il n’y a pas d’avions pour le Sénégal. Mais les compagnies aériennes ont des avions si bien même qu’elles sont en train de limoger des milliers d’employés alors que certaines d’entre elles sont assises sur des milliards», dit-il. «Les pays où marche le tourisme sont les pays qui ont les premiers profité des Charters. Or, au Sénégal, c’est le contraire, l’Etat n’a pas voulu des charters», explique-t-il. Pour Georges Console, «quand les charters se sont mis en place dans les autres pays, le tourisme s’y est développé».

Problème d’harmonisation du secteur

Compte tenu de la transversalité du secteur du tourisme dont la responsabilité est partagée par plusieurs départements ministériels, des lourdeurs administratives sont assez souvent relevées, surtout dans le cadre de la délivrance des licences touristiques.
C’est ce que nous apprend le document de plan stratégique de développement durable du tourisme au Sénégal (2014-2018) fourni par la Direction des statistiques du ministère du tourisme et des transports aériens.

«Le tourisme est un secteur transversal dont le développement est intrinsèquement lié à celui d’autres départements ministériels tels que le transport, l’artisanat, l’aménagement du territoire, la culture, la santé, la formation professionnelle, la sécurité, l’environnement, etc. Ces départements partagent de nombreuses responsabilités avec celui du tourisme, ce qui est à l’origine de certaines lourdeurs administratives telles que la délivrance de licences d’exploitation touristique», nous apprend ladite source.
«Ainsi, bon nombre de promoteurs et de propriétaires de réceptifs touristiques déplorent les difficultés d’obtention des autorisations de construire et des certificats de conformité qui doivent être délivrés par le Ministère de l’Urbanisme ».

Pour la création d’un Observatoire du tourisme

Par ailleurs, la même source a relevé la léthargie de l’organe consultatif du tourisme regroupant les professionnels du secteur, les représentants des syndicats d’initiative et les représentants de l’administration. Ce qui a une influence négative sur le dialogue et la concertation entre le secteur public et le secteur privé. Cette situation a poussé les acteurs du secteur du tourisme à envisager la création d’un observatoire pour mieux l’organiser. «Le tourisme est un secteur transversal et intégrateur. Il évolue dans un environnement dynamique et complexe et doit à chaque fois développer des capacités d’adaptation pour rester performant. C’est pourquoi, l’absence d’un Observatoire du Tourisme se fait de plus en plus sentir», nous apprend le document du plan.

L’Etat affiche tout de même encore une bonne volonté politique en mettant en place un bon environnement des affaires. «L’environnement des affaires a été amélioré avec la baisse de la TVA pour l’hôtellerie et la restauration d’hôtel qui est passée de 18 % à 10%. Des avantages substantiels sont également prévus dans l’actuel code des investissements», nous promet le document du plan stratégique de développement durable du tourisme au Sénégal (2014-2018). Malgré tous ces efforts, on constate que le climat des affaires présente encore quelques insuffisances. « L’étude réalisée sur les investissements étrangers directs (IED) dans le tourisme par la CNUCED en juin 2011 souligne que 43% des hôteliers étrangers jugent que la pression fiscale est élevée au Sénégal, contre 19% des nationaux. Les étrangers jugent que la délinquance, l’insécurité, la corruption contribuent à créer un climat délétère pour l’investissement », précise-t-on dans Plan stratégique de développement durable du tourisme au Sénégal (2014-2018).

En bref

Statistiques sur les flux touristiques : La guerre des chiffres
D’après les données qui nous sont fournies par Jean Yanne Blanc, propriétaire d’un hôtel à Saly, il y a eu environ 350.000 touristes qui avaient visité le Sénégal en 1994. En 1996, il y a eu une petite évolution avec 450.000 arrivées. Entre 1998 et 2000, il y a eu une nette amélioration avec plus de 500.000 arrivées. Mais depuis 2000, le nombre de touristes qui arrivent au Sénégal diminue à 450.000. En 2009, 350.000 arrivées de touristes sont enregistrées. Un nombre qui va drastiquement diminuer à 258.000 en 2011. L’année 2012 a vu une chute de la courbe avec moins de 170.000 touristes en visite au Sénégal. D’où la fermeture de certains hôtels qui ont fait faillite.

Données officielles des entrées de 2007 à 2013
Des données fournies par M. Oumar Diop, Chef de la division des statistiques du Ministère du Tourisme et des transports aériens, font état d’une ascendance soutenue de la courbe. En 2007, le Sénégal avait enregistré 874 623 entrées de touristes. En 2008, il y a eu une petite baisse avec 866 700 et 810 000 en 2009. La courbe redevient dynamique en 2010 avec 900 000 entrées et 967 546 entrées en 2011. En 2012, 961 693 touristes avaient foulé le sol du Sénégal. L’année 2013 a vu la courbe atteindre le pic avec 1 062 670 touristes.

Les 10 raisons d’investir dans le tourisme au Sénégal
Selon le document du Plan stratégique de développement durable du tourisme au Sénégal (2014-2018), la SAPCO a listé « dix bonnes raisons pour investir dans le tourisme au Sénégal » : Il y a d’abord la « stabilité » et l’environnement « démocratique » du pays qui est « sain et accueillant ». Avec une amélioration de l’environnement des affaires. Le tourisme est considéré au Sénégal « comme un secteur de croissance ». La « diversité des produits touristiques », le « potentiel de développement important 1.500.000 touristes en 2010 », la « culture d’accueil : Sénégal, pays de la Teranga », le « dispositif d’accompagnement et d’incitation du Code des Investissements », la « proximité avec les marchés émetteurs », et « l’engagement des autorités avec le Support stratégique » sont autant d’éléments et de raisons pour investir au Sénégal dans le secteur du tourisme.

Sudonline.sn

1 COMMENTAIRE

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