Mort de Malick Ba-Le film de l’horreur: une balle a percé son œil pour ressortir à la nuque

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Malick Bâ, un jeune homme de 35 ans, maçon de son état, marié, père de trois enfants dont des jumeaux, soutien d’une famille est mort hier, lundi 30 mai à Sangalkam, tué par une balle des forces de sécurité venus maintenir « l’ordre régalien », balle  qui lui a fracassé le crane. Latyr Ndour un de ses voisins de quartier et son fils, El Hadji Ndour ont été eux, blessés par les éclats de grenades, rapportent des témoins. Ali Khoudia Diao, le délégué spécial n’a pas finalement pris ses quartiers hier. Les populations de Sangalkam s’y sont opposées comme elles l’avaient assuré en manifestant bruyamment et violemment.

Reportage. On craignait vendredi dernier après les manifestations contre la prise de service de l’électricité pour hier lundi, on a eu droit à une chaude matinée d’empoignades à Sangalkam. Mais qui de Ali Khoudia Diao, le tout nouveau délégué spécial dont on n’a pas vu l’ombre pourtant dans la commune ou du commandant de la brigade de gendarmerie, auteur dit-on de la « bavure », légitime défense, déclare-t-on cependant du côté des forces de l’ordre, maudit le plus la journée d’hier, lundi 30 mai qui  s’est soldée par la mort d’un jeune homme ?  La victime : Malick Ba, âgé de  35 ans, maçon de son état, marié et père de trois enfants  dont des jumeaux,  est mort sur le coup après avoir  reçu une balle qui lui a percé l’œil pour ressortir à la nuque. Ils l’avaient promis vendredi dernier, ils l’ont fait. Les jeunes de Sangalkam avaient déclaré pour que nul n’en ignore qu’ils n’entendaient point laisser s’installer dans leur village, encore une fois, une délégation spéciale. Ils ont un Président de communauté rurale élu (Pcr) en la personne de Omar Guèye, ils veulent le conserver. Ils ont donc manifesté à nouveau au point qu’un des leurs en est mort, lui qui n’était pas de la manif pourtant et que deux autres ont été blessés sans compter des gendarmes qui auraient reçu des projectiles de pierre et autres cailloux d’une population en colère.

Le jeune homme est l’un des dégâts collatéraux, de leur manifestation. Elle, qui s’oppose à la décision de la tutelle de découper « arbitrairement », déclare-t-elle, sa collectivité locale et qui a fait par conséquent le pari de ne permettre l’installation d’une nouvelle délégation spéciale chez elle. Elle s’est par conséquent attaquée violemment aux  forces de l’ordre pendant toute la matinée d’hier. Au finish, Ali Khoudia Diao, le président de la délégation spéciale qu’on n’aura pas vu hier contrairement à ses promesses du vendredi dernier quand il prenait possession sous forte escorte et avec la couverture du préfet et du sous préfet de Rufisque, des locaux de l’hôtel communautaire où l’on avait délogé auparavant l’occupant « élu », Omar Guèye le Pcr manu militari. Il attend certainement des jours plus calmes pour prendre ses quartiers. Moindre mal. Ce qui l’est moins, est assurément la mort du jeune garçon, Malick Bâ ainsi que les deux autres blessés que sont Latyr Ndour et son fils El Haji Ndour victimes des jets de grenades, évacués à l’hôpital Youssou Mbargane de Rufisque.

La tristesse s’était emparée de tout le village, devenu commune rurale par la force d’un décret. L’émoi a étreint ses populations quand le bruit de la mort du jeune Malick Ba s’est répandu comme une trainée de poudre dans tout Sangalkam. Le jeune maçon, Malick Ba a reçu une balle alors qu’il se rendait à la quincaillerie du coin non loin cependant du théâtre des opérations pour l’achat de matériaux de construction pour son chantier, informent des proches.

Victime innocente des échauffourées qui avaient redémarré hier avec la même violence que vendredi dernier, entre les forces de l’ordre, venus pour l’installation de la délégation spéciale devant diriger désormais la collectivité locale de Sangalkam, et les manifestants qui ne l’entendent pas de cette oreille. Selon un témoin : « vers 8h15, les populations sont allées déloger les élèves du lycée et du collège de Sangalkam. Ensuite, elles ont pris la direction de l’hôtel communautaire et de la préfecture pour empêcher le délégué spécial de prendre fonction. Des heurts entre gendarmes et populations ont dégénérés une demi-heure. Les gendarmes ont usé de lacrymogène pour disperser la foule. Et c’est en ce moment que la situation a commencé à prendre de l’ampleur».

Sangalkam, la communauté rurale du même nom, remportée lors des élections locales par l’opposition, notamment par les partisans de Idrissa Seck, le maire libéral de Thiès, a été créée en 1984 à la faveur de la loi n° 83-48 du 18 février 1983 portant réorganisation administrative de la région du Cap Vert. Depuis sa création, elle a été respectivement dirigée par Seyni Pathé Ly, El hadj Elimane Ndoye et par le désormais ex-Pcr, Oumar Gueye qui avait été porté à la tête du conseil rural au sortir des élections locales municipales et locales du 22 mars 2009 et installé le 9 avril de la même année. Elle couvre une superficie de 195 km2, soit le tiers de celle de la région de Dakar. Limitée à l’ouest par l’océan Atlantique, au Nord par la Communauté Rurale de Diander (département de Thiès) à l’Est par les Communes de Sébikhotane, Diamnadio et Bargny au Sud par la Commune de Rufisque et par la commune d’arrondissement de Keur Massar.

La population de la communauté rurale de Sangalkam est évaluée à quelque 79 657 habitants, selon un recensement de 2008. La Communauté Rurale de Sangalkam qui compte 33 villages est une zone rurale en pleine expansion découpée administrativement pour en tirer deux communes rurales que sont désormais : Sangalkam elle-même et Diakhaye Parcelles-Niacourab et deux autres communautés rurales que sont Bambilor et Niague ? Toujours est-il qu’à côté du maraichage hors saison, de l’agriculture et de l’élevage, elle présente aussi des potentialités touristiques et culturelles grâce à la localisation du lac rose dans son territoire. D’importants travaux de génies civils sont également en train d’être réalisés dans la zone. Travaux liés certainement à l’autoroute à péage Dakar-Thiès. Des lotissements et des chantiers y voient aussi le jour, qui, à termes devraient changer complètement le visage de la localité.

La collectivité locale a été en tout cas découpée d’autorité par la tutelle, le ministère de la Décentralisation qui en a fait récemment de même pour plusieurs autres localités dans le pays sans que l’on sache bien, assurent bon nombres d’observateurs et l’opposition qui se voit privée dans plusieurs des cas de localités qu’elle avait conquise le 22 mars 2009 dernier, les véritables motivations d’un tel acte sinon politiciennes, moins de deux ans après des élections locales, qui avaient redessiné la cartographie locale du pays. Les populations de Sangalkam disent, elles, ne pas accepter le forfait et s’en prennent ainsi aux forces de l’ordre qui cherchent à leur imposer la décision du pouvoir central.  La nouvelle commune rurale était donc  hier, lundi 30 mai  en état de siège. Une escouade de gendarmes venus en renfort avait pris position face aux populations. C’était le sauve qui peut .Chacun cherchait un abri pour ne pas recevoir un caillou sur la tête ou une grenade lacrymogène, si ce n’était pas une balle réelle.  Malick Bâ a lui perdu la vie, tandis que Latyr Ndour et son fils El Hadji Ndour blessés ainsi que quelques gendarmes, ont été évacués.

Selon toujours notre témoin qui a préféré garder l’anonymat, « vers les coups de 9 h 45 mn, j’ai entendu trois  coups de feu ».  Et d’ajouter : « c’est en ce moment qu’on a aperçu Malick Ba, gisant dans une marre de sang agonisant. Quelques jeunes rappliquent pour constater l’irréparable ». Malick Ba a rendu l’âme. Son  ami Thierno Ba a  témoigné «  il était venu prés de la pharmacie, c’est en ce moment que le commandant Sarr lui a tiré une balle. Son crane est grandement ouverte après avoir reçu le coup. Nous demandons que justice soit rendu » .Un autre jeune dans la foule très irrité a avancé : « nous avons vu le commandant armait son pistolet et tirait sur Malick .C’est lâche de tirer sur une personne. Nous n’avons peur de rien .Il n y aura pas de délégation spéciale .Quitte que vous nous tuez tous ! ».

Une femme en pleur s’indigne de la situation « Le commandant !le commandant ! Il nous a tué un fils .Thiey commandant ?».
Il faut noter que c’est vers les coups de 12h 15 que les enquêteurs se sont pointés, devancés un peu par les sapeurs pompiers qui ne voulaient pas évacuer le corps sans le constat. Le travail des enquêteurs a été perturbé par les populations très choquées.

A 13h 30, la dépouille de Malick Ba a été finalement acheminée dans une structure sanitaire. Comme si cela ne suffisait pas les forces de l’ordre ont chargé les populations avec des gaz lacrymogènes afin de les disperser. Les jeunes ont riposté encore avec des jets de pierres .C’est la course poursuite dans les rues du village .Finalement deux jeunes sont interpelés avant d’être gardés à vue dans la brigade de gendarmerie. Ils seront même trois personnes, a-t-on appris par la suite. Pendant ce temps, la famille de Malick Bâ pleure son mort qui était seul son soutien. Il laisse une veuve éplorée et une maman inconsolable ainsi que des jeunes orphelins qui n’aurait point compris pourquoi leur papa était mort si subitement.

Réactions

Oumar Guèye  Pcr de Sangalkam

« Je suis peiné par la nouvelle »

Le désormais ex-Pcr de Sangalkam, Oumar  Guèye s’est dit  très choqué  en constatant  le décès du jeune Malick Ba. Il s’est insurgé  contre la bavure. « J’étais à mon lieu de travail, on m’a informé qu’un jeune est tué par balle, j ai accouru .Trop c’est trop !.Je suis peiné et attristé pour ce qui s’est arrivé à Malick  Ba qui est l’homonyme de mon père. Je vais me prononcer. Je suis en train d’analyser la situation comme vous. », a-t-il lancé hâtivement. Notons qu’une délégation de son mouvement, Rewmi avec à sa tête l’ancien ministre Pape Diouf et Omar Sarr et plusieurs responsables de ce mouvement de Idrissa Seck est venue lui rendre visite et lui apporter le soutien militant de leur leader.

Lemou Ba maman de la victime

« Que l’on me rende mon fils ! Je suis peinée pour la 2ème fois par la mort de mon fils »
La maman de la victime très choquée  et surprise par la mort de son fils,  a cependant accepté de nous parler. Revenant sur le film d’horreur, elle raconte : « J’étais au marché syndicat de Pikine ou je vends des fruits .On m’a appelé pour me dire d’abords que y a des problèmes dans ma maison  J’ai tressailli .J ai même senti que ca n’allait pas .Quand je suis descendue du car avec la foule, je suis tombée en syncope .On m’a réveillé chez moi .Malick Ba, mon fils n’a rien fait. Il était parti acheter du matériel pour le chantier qu’il construit, et on l’a tué comme ça .C’est injuste .Je veux que justice soit rendue à mon fils ». Son neveu abonde dans le même, le corps enduit de sable issu des moments de transe vocifère « si la justice n est pas faite nous allons le faire nous même .Nous n’écartons pas de tuer le commandant » menace son neveu.

Une délégation de Rewmi : « trop c’est trop »

Une délégation de Rewmi conduite par Pape Diouf et Oumar Sarr est venue présenter ses condoléances à la famille éplorée. Omar Sarr a profité de l’occasion pour s’insurger contre les pratiques barbares dont font objet les populations de la part de libéraux au pouvoir. « Il faut que ces pratiques barbares cessent dans ce pays » a soutenu Oumar Sarr. La délégation est composée de Pape Diouf ;de Youssou Diagne ,Samba Bathily ,Waly Fall entre autres .

Ibrahima Sall du Model

« C’est la population qui revendique un pays de droit et non les politique’

« La mort d’homme dans la collectivité locale de Sangalkham par les forces de l’ordre, traduit encore une fois de plus le caractère violent du régime en place.  Le gouvernement Sénégalais s’est attaqué à des individus qui défendaient le choix à savoir le résultat des urnes. Aujourd’hui, on peut dire qu’Abdoulaye Wade et son régime, ont franchi le Rubicon. S’attaquer à des jeunes dont le tort est de défendre leur droit est un scandale.  C’est wade qui disait qu’il ne marcherait pas sur des cadavres mais on constate que pour le cas de Sakalgam, il l’a fait juste pour installer une délégation spéciale au détriment des résultats des urnes. »

Abdoulaye Bathily  porte parole de Benno Siggil Senegal

« Nous avons en face de nous un régime violent »

« Nous avons en face de nous un régime violent. Plusieurs personnes sont mortes sous le règne d’Abdoulaye Wade. Ce qui s’est passé à Sankalgam traduit une confiscation de la volonté populaire par le pouvoir. Vouloir annuler le résultat des suffrages pour une délégation spéciale, est une chose anormale. Ce n’est plus une affaire de l’opposition les nombreux soulèvements dans ce pays. Les populations sont conscientes de la situation actuelle du pays. L’Etat est en train de faire une usurpation de fonction, les droits des habitants sont saisis par le gouvernement. Nous condamnons cette recrudescence de la violence entre le peuple et les forces de l’ordre.»

ENCADRE

Les collectivités locales qui poussent comme des champignons

Le Sénégal compte après 2000, qui a vu les libéraux accéder aux commandes, 14 régions, cinq villes, 46 communes d’arrondissement, 108 communes, 370 communautés rurales. Soit 543 collectivités locales avant les élections locales de mars 2009. Depuis cette année, plusieurs autres collectivités locales, notamment avec le récent découpage administratif qui a déjà  sa victime en la personne de Malick Bâ à Sangalkam, morcelée en quatre, sont venues s’ajouter à la liste.  A noter qu’en 2000, les socialistes avaient eux légué à leurs vainqueurs, 373 collectivités locales. Ces derniers se sont empressés assurément à les « rentabiliser ».  Rien qu’avant les élections locales de 2009, ils en ont  créé plus d’une centaine portant le chiffre à 543 collectivités locales. Plusieurs spécialistes de la décentralisation s’interrogent cependant sur la vitalité de ces collectivités locales qui semblent pousser comme des champignons et qui ne disposent pas de ressources nécessaires pour leur existence.
Ils craignent que les questions électoralistes n’entraînent des situations de parcellisation du pays qui seraient préjudiciables à sa cohésion globale.

M. F

sudonline.sn

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