MOUHAMED SAMB, SG DU CADRE DE CONCERTATION LIBERALE, MEMBRE DE BOKK GISGIS : «C’est Wade qui a fait éclater le Pds»

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Il était un des défenseurs indéfectibles d’Abdoulaye Wade. Mais, il n’a pas hésité lui demander de retirer son projet de loi qui avait fait sortir les Sénégalais dans la rue. Dans cet entretien, Mouhamed Samb revient sur les péripéties de cette journée et la crise qui mine le Pds. Aussi, il projette l’avenir de son mouvement qui pourrait nouer une alliance avec l’Apr.

Avec le recul, qu’est-ce que vous pensez du 23 juin ?

Cette date m’a marqué. Ce jour-là, J’étais en contact avec les foules. Dès 8h, j’étais à l’Assemblée nationale. En voyant la réaction des foules, j’ai compris que Wade n’était plus aimé par son peuple. Et l’urgence était de créer une alternance générationnelle. C’est pour cela que j’ai lancé, dans une radio locale, l’appel, qui a été repris partout. J’avais dit au président qu’il devait comprendre le peuple qui était désespéré, et qui avait besoin de changement.

Avant le 23 juin, est-ce que vous aviez prévenu à Wade que le projet n’était pas bon ?

Je me suis rendu, en vain, au Palais pour le lui faire savoir. Parce que je n’ai pu le rencontrer. Je voulais être en face de lui pour lui dire que son projet est archaïque. Car, en voulant instaurer le ticket avec les 25 %, Wade voulait faire du forcing. Avec 25%, il allait être élu. Je ne sais pas comment les ministres et tout son entourage ont pu l’accepter.

Ils étaient tous coupables ?

Tout le monde est coupable. Dans la mesure où ils savaient très bien que ce projet n’était pas bon. Je pense que c’est dommage. C’est pourquoi j’avais lancé un avertissement parce que Wade était un père pour moi. Mais, les gens sont allés le brouiller en lui disant que je voulais qu’on le chasse du pouvoir. C’est malhonnête de leur part. Je crois que s’il m’avait écouté, il ne serait pas en train de vivre ce sort aujourd’hui.

Vous aviez demandé à Wade d’en tirer les leçons en allant se reposer parce qu’il était âgé et ne méritait pas ce sort. Avez-vous continué sur cette lancée ?

Effectivement ! Parce que quand j’ai lancé ce cri du cœur, je voyais en lui un père qui s’est battu dans l’opposition pendant 26 ans avec toutes les brimades. Je disais que si Wade veut sortir par la grande porte, il n’avait qu’à créer une génération pour le remplacer. Mais il ne l’a pas fait. Quand on a été battu le 25 mars, Wade devait automatiquement organiser un congrès pour désigner son successeur. Il ne l’a pas fait. Ce qui a amené l’implosion du Pds. Le numéro 2 naturel, c’est Pape Diop. Mais Wade n’a pas voulu de lui, le préférant à Omar Sarr. Qui, même s’il est représentatif à Dagana, n’est pas connu au niveau national. Et c’est regrettable que le Pds puisse s’éclater en deux morceaux. A l’heure où je vous parle, le Sénégalais ont oublié le Sopi. Personnellement, j’ai défendu le président Macky Sall quand tout le monde l’a abandonné. J’étais parti le voir et l’encourager. Je lui ai même dit qu’un jour viendra où Dieu le récompensera pour le tort qu’on lui a fait. Macky Sall peut me témoigner. J’ai combattu Karim Wade. Parce que j’ai constaté le règne de l’arrogance au sein du Pds. Il installait et renvoyer des gens à sa guise.

C’était votre ami ?

Karim Wade ne m’a jamais salué une seule fois, encore moins donné un centime. Parce que tout simplement, nous n’avions pas les mêmes visions.

N’y a-t-il pas aujourd’hui de paradoxe à vous considérer toujours comme Wadiste alors que vous l’avez quitté pour rejoindre Pape Diop à Bokk Gis Gis ?

Non, je suis un Wadiste pur et dur. En étant avec Wade, je gérais son image, je me battais pour lui. Et pendant ses 12 ans, Wade m’a toujours félicité au point de m’appeler l’infatigable. Mais dans le parti, les gens étaient là à se crêper le chignon, à se faire du mal tout le temps. Dès lors, je me dis que je n’appartiens pas à ce clan. Je suis autonome, j’ai un mouvement et je dois dire ce que je pense. Si vous voyez bien, j’ai toujours soutenu que ceux qui seront coupables de malversations, devront être traduits devant les tribunaux. Et j’encourage Macky Sall à traiter ces dossiers de façon très calme, partiale. Je lui ai dit aussi de redorer le blason de notre chère démocratie. Qu’il n’y ait pas de favoritisme. Cheikh Béthio Thioune est dans les liens de la détention parce qu’on l’a accusé. Pendant ce temps, Barthélémy Dias, qui a avoué avoir tué, vaque à ses occupations. Donc, il y a des choses à revoir. J’encourage Macky Sall à bien travailler et à faire attention. Et à ne pas faire de l’enrichissement illicite un alibi parce que ça peut lui être fatal.

Comment voyez-vous la guerre entre Pape Diop et Wade ?

Il n’y a pas de guerre. Pape Diop n’a jamais offensé Abdoulaye Wade parce qu’il n’a jamais dit du mal de lui. C’est Wade qui doit créer les conditions de se faire remplacer dans le parti. Pape Diop était le remplaçant naturel, mais Wade l’a snobé au profit d’autre qui ne peut même pas lui apporter une seule voix. C’est ça le problème. C’est juste un problème d’orientation qui a fait éclater le parti. Et c’est Wade qui en est à l’origine.

Pensez-vous que le Pds et Bokk Gis Gis peuvent se retrouver après les élections ?

Dimanche, ce sont les élections. Et étant convaincu que les Sénégalais ne vont pas donner la majorité à Benno Bokk Yaakaar, je crois que les deux entités vont fusionner. Il y aura forcément un groupe parlementaire qui pourra se créer. Pour faire face aux problèmes internes de Benno Bokk Yaakaar qu’on ne dit pas.

Vous dites avoir soutenu Macky Sall. Etes-vous prêt à le rejoindre s’il t’appelle ?

Je vous confie que depuis le 25 mars, tout l’entourage de Macky m’appelle pour me demander d’aller soutenir le président. Vous savez, un transhumant, c’est celui qui a fait un parti et qui a géré les affaires étatiques. Mais, moi, je suis autonome et mon mouvement va en alliance avec les autres partis. Et à partir du 1er juillet, je prendrai ma décision. Mais, même si j’ai beaucoup de respect et de considération pour Pape Diop, je pense que la coalition Bokk Gis Gis n’a pas encore la grandeur et le respect qu’elle devrait avoir. Parce que Wade nous a tout donnés, nous a beaucoup orientés. J’appelle Pape Diop à mieux respecter notre coalition pour que demain, les choses se fassent mieux.

Qu’est-ce que vous pensez des audits, de l’affaire Ousmane Ngom ?

Je vous dis que j’ai toujours condamné les malversations dans le régime de Wade. Pendant que les Sénégalais sont dans les inondations, souffrent de faim, de la cherté des produits de première nécessité et qu’on parle de milliards de francs détournés, je pense que c’est frustrant. C’est pourquoi je pense que tous ceux qui sont impliqués doivent être traduits devant les tribunaux.

xalima avec Source : La Tribune

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