Moussa Ngom, Une Voix Dans L’eternite… par Habib Demba Fall

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« C’était hier »… Les mots sont le témoignage des vivants à un mort. Le passage de la vie à la mort est le fil ténu du destin. Impitoyable l’horloge avance. Le temps est indomptable. « C’était hier »… Omar Pène, ou tout simplement « Omaro » (référence sublime à son interpellation dans le tube intemporel « Bass », la version de 1985), rappelle les derniers mots échangé avec Moussa Ngom samedi au Just 4 U. « C’était hier »… Encore. Pour Moussa Ngom, c’est déjà demain, parce que, dans l’infini temps, ce sera toujours aujourd’hui.
L’art vainc la fatalité de la mort, parce qu’il enjambe les frontières physiques, surplombe les barrières psychologiques et s’installe dans l’ère des anges incorruptibles pour l’avoir et le pouvoir. Ils auront choisi, pour l’éternité, la puissance de l’humanisme. La vie devient un combat où le gain absolu est la dignité humaine et non la vanité. Voilà le sens de « Artist dou daanou… », expression de la conviction. La foi habite son inspiration, lui qui reconnaît que Dieu est le Seigneur et que l’homme n’est qu’un battant soumis au destin et à la célébration de sa volonté (Yalla bour la, nitki mbeur la). La vie est une arène dans laquelle le combat affranchir l’homme du vice, comme dans la perspective voltairienne. Mais il ne faut surtout pas se tromper de combat !
L’or ne suffit pas lustrer les chemins du bonheur. Dans une autre chanson, il magnifie le génie noir mis entre parenthèses par des siècles de traite puis de colonisation. Entre le mépris culturel et la fatalité du sous-développement, les boulets retardent le décollage. La mal-gouvernance est encore une vive interpellation à travers l’allégorie du roi qui décrète la captivité pour quiconque passerait la nuit au village. Abus de pouvoir de la part d’un tyran à l’égo déchaîné. La gestion vertueuse, il connaît également à travers le goût pour le luxe de Modou, le boutiquier bon vivant. Un des maîtres du micro, subjugué par « Lamp Fall » (un des minarets de la Grande Mosquée de Touba), refuse d’être le chantre de quelque autre créature que le fondateur du Mouridisme, Cheikh Ahmadou Bamba (« Souma naré wayane, Cheikh Bamba lamay wayane… »).
Voilà, Moussa Ngom a cultivé son jardin, jusqu’au bout. Au seuil de la mort, il aura tenu son rang, en prélude à la soirée de son pote Omar Pène, malgré l’état de santé précaire. Le temps n’aura pas vaincu la flamme de l’artiste qui éclaire les chemins de la créativité. Il sera immortel dans les cœurs…
HDF

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